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28 novembre 2023

Communiqué de presse

Nous ne voulons pas manger des OGM contre notre gré.
La Commission européenne doit revoir sa copie

Ce mercredi 29 novembre, à 15h, devant le Parlement Européen, des représentants d’associations d’agriculteurs et de la société civile se réuniront à la place du Luxembourg pour dire stop à la déréglementation des nouveaux OGM telle que l’Europe l’envisage aujourd’hui. Cette action « Sauvons nos poireaux », aura lieu à quelques jours du prochain conseil des Ministres de l’Agriculture (11-12 décembre) qui aura à se prononcer sur le texte, et alors que tous les dominos de la durabilité s’écroulent les uns après les autres. Nous refusons d’avoir des OGM demain dans notre environnement, notre alimentation etc. et les agriculteurs veulent continuer à produire librement sans ces nouvelles techniques génomiques.

Cette manifestation des organisations de la société civile s’inscrit dans une mobilisation plus large, comprenant également le monde académique et scientifique. Le 19 novembre dernier, 70 universitaires européens de grande renommée ont appelé les ministres de l’agriculture et de l’environnement ainsi que les députés européens à rejeter la proposition de la Commission européenne de déréglementer une partie substantielle de la nouvelle directive sur les organismes génétiquement modifiés, tant elle est truffée de lacunes et d’erreurs scientifiques. [1]

La proposition sur la table des négociations répond aux intérêts à court terme des industries agrochimiques, plutôt qu’aux droits de ses citoyens à un environnement sain ou au droit des agriculteurs aux semences. Les scientifiques décrient entre autres, le fait que:

  • exclure la quasi-totalité des nouveaux OGM de toute évaluation des risques, contrôle, étiquetage et traçabilité au motif qu’ils ne sont pas différents des plantes conventionnelles ne se justifie pas sur le plan scientifique et qu’il n’y a aucune raison d’exclure les nouveaux OGM des tests de sécurité obligatoires en vertu de la législation actuelle.
  • la stratégie de la Commission de vouloir déréguler les NGT pour rester compétitif, constitue un « nivellement par le bas » où même les préoccupations minimales en matière de santé, d’environnement sont bafouées dans une logique d’hyper-libéralisation.
  • les promesses de l’industrie que les NGT répondront aux objectifs de sécurité alimentaires, de résilience au changement climatique, à une diminution d’utilisation des pesticides ne reposent pas sur des arguments scientifiques tangibles ; sans compter les risques en terme de concentration de l’industrie alimentaire et de dépendance des agriculteurs et autres acteurs de l’alimentation à ces producteurs OGM.

Si le Conseil et le Parlement européen adoptent la proposition actuelle, la quasi-totalité des nouveaux OGM actuellement dans le pipeline recevraient le feu vert pour être cultivés et vendus aux consommateurs sans aucune évaluation des risques pour la santé ou l’environnement. Il n’y aurait pas non plus d’étiquetage, de traçabilité, d’évaluation de l’impact des brevets ou de possibilité pour les États membres de refuser qu’ils soient imposés à leur population et à leur territoire. Demain, les agriculteurs se retrouveront prisonnier de ces semences OGM et nos assiettes garnies d’OGM à notre insu.

«  Après le report sine die de la réforme de la réglementation sur les produits chimiques (REACH), une loi sur la restauration de la nature amoindrie à force d’être négociée, l’annonce de la ré-approbation pour une décennie du glyphosate malgré l’absence de majorité qualifiée au Conseil et encore plus récemment le rejet du règlement SUR ; il y a de quoi s’inquiéter sur le projet européen de dérégulation des NGTLe Green Deal (le Pacte vert) qui aurait dû être le pilier de la construction européenne au cours de cette législature, comme l’avait promis en 2019 la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, n’aura été qu’un trompe l’oeil» commente Virginie Pissoort, responsable de Plaidoyer chez Nature & Progrès

Or, aujourd’hui en vertu du principe de précaution, face à l’incertitude et aux risques de ces nouveaux OGM pour la santé, l’environnement, notre alimentation et l’avenir des agriculteurs ; comme le souligne la lettre des universitaires, la proposition de la Commission doit être rejetée par les décideurs européens.

Au niveau belge, les compétences sont partagées, et les positions loin d’être unanimes dans la lasagne constitutionnelle que nous connaissons. Un prochain DGE devrait permettre d’aboutir à une position belge, ou à défaut de consensus, à l’abstention.

« Adopter une position prudente face aux OGM, ce n’est pas être anti-progrès, c’est mettre le progrès au cœur d’un projet global de société, dans l’intérêt général. » rappelle Virginie Pissoort !

 

[1]  https://www.natpro.be/lettre-ouverte-graves-preoccupations-concernant-la-proposition-de-la-commission-de-lue-sur-les-ngt/