Panel citoyen

« As-tu besoin de ton voisin ? »

Démocratie participative : le « panel citoyen » a fait entendre sa voix 📣

« As-tu besoin de ton voisin ? »

Nature & Progrès a initié en mars 2022 un vaste projet participatif sur les questions de l’entraide, du réseautage et du « consommer local », des échanges de savoirs et de savoir-faire, de la redynamisation du « capital social », etc. En effet, il n’est plus possible, aujourd’hui, de passer sous silence la voix des citoyens, de tous les citoyens… La participation de toutes et tous est la condition indispensable de l’émergence des meilleures décisions possibles pour l’ensemble de nos concitoyens.

Un panel citoyen de près de 30 personnes a ainsi échangé sur ces questions afin de formuler des recommandations à adresser au monde politique ! Sur base du thème « As-tu besoin de ton voisin ? », les participants se sont demandé pourquoi, pour quoi et comment recréer du lien social entre voisins, localement.

Panel citoyen

Comptes-rendus du premier panel citoyen

Près de 30 personnes se sont retrouvées les 12 et 19 mars 2022. Découvrez les comptes-rendus de ces deux journées de travail et d’échange. Si la démarche vous intéresse, sachez que le mouvement ainsi lancé va se poursuivre avec la création d’un comité de pilotage. Contactez-nous pour plus d’informations (info@natpro.be).

Journée 1 : 12 mars 2022

Nature & Progrès a sélectionné un panel citoyen le plus représentatif possible de notre population afin de débattre autour de ce thème. Vingt-six d’entre elles étaient finalement présentes au moment d’entamer les débats. Ces vingt-six personnes furent donc réparties en deux groupes de travail.

Groupe 1 – animé par Daniel Cauchy

Durant la matinée, des questions très larges sont discutées qui permettent de mettre aux jours des tensions et de les dépasser. Exemple : qu’est-ce qu’un voisin ? Celui qui vit juste à côté, avec qui il faut « faire avec », qu’on ne choisit pas et qui n’e partage peut-être pas nos valeurs ? Ou, au contraire, celui ou celle avec qui j’ai quelque chose en commun, même s’il ou elle habite à 15 quinze kilomètres de chez moi ? Et, au fond, la mésange qui passe est-elle ma voisine ?
Dès le début de l’après-midi, quelques grandes lignes de préoccupations se dégagent sur lesquelles le groupe marque un consensus. Elles sont écrites au tableau :

Communication
Besoins collectifs concrets
Microcellules – taille ?
Lieux facteurs de liens
Besoins d’organisation
Réseau ressources – cartographie
Gestion du groupe
Territoire, limites
Diversité des offres

De là découlent une série de propositions, ici livrées telles qu’elles sont formulées pour trahir le moins possible l’idée de base de ceux qui les ont conçues :

Personne n°1
1. Offre de formation à des outils de décision collective et d’organisation de groupes.
2. Travail bénévole dans des activités locales et récurrentes qui concernent l’intérêt général : élagage, propreté, etc. Ce travail est l’occasion de rencontres diverses.
3. Soutien aux jardins collectifs, aides à la mise en route de ces jardins.

Personne n°2
1. Recours à la géographie subjective et création d’une carte subjective, d’une carte mentale qui rassemble tout ce que chacun connaît de son village / de son quartier. Un tel travail peut, par exemple, être réalisé par une administration communale, lors d’un banquet. Elle traduit une expérience commune, en fonction de la perception que chaque individu en a. Les représentations différentes permettent alors les échanges entre personnes.

Personne n°3
1. Mettre en place l’endroit physique, local et matériel où se rencontrer, le lieu-phare qui permet de s’ancrer dans une petite entité, le lieu de partage où des demandes pourront être formulées, par exemple, à Nature & Progrès. Ce sera aussi l’occasion pour l’association de dire qu’elle a offert un parrainage : installation de ruchers, etc.
L’étape suivante sera l’humanisation du village / du quartier, depuis ce lieu de rencontre physique. Chacun peut également réaliser de tels échanges à partir de sa propre maison.

Personne n°4
1. Création de maisons des associations dans chaque commune. Les associations s’y rencontrent et se connaissent mieux ; c’est un élargissement important tout en permettant à chacun de conserver son identité. Toutes sortes de pratiques, de liens et de réponses à des besoins divers peuvent y être intégrés.
2. Installation de boîtes à semences où chacun peut déposer et prendre des semences. Ceci permet d’accroître le nombre et les variétés limités des semences dans les potagers. Facilite aussi la vie communautaire.
3. Réalisation de plans de plantations par quartiers et par villages pour pallier, par exemple, les parcelles où il n’y a plus rien dans les lotissements des années septante qui prévoyaient le maintien de hautes tiges. On peut imaginer aussi de refaire un plan complet par entité.
4. Multiplication des composts communautaires, des expériences partagées avec des savoir-faire et des pratiques que tout le monde n’a pas.

Personne n°5
1. Demander d’abord l’avis des voisins et proposer des activités et des formations, en fonction de leurs besoins, en relation avec Nature & Progrès : composts, gestion des déchets, de tontes de pelouses… Cela va jusqu’aux « api-jardins » et au glanage, même si c’est pas bio…

Personne n°6
1. Formations en gestion de groupes et apprentissage des outils méthodologiques qui nous font défaut.
2. Appui et accompagnement de projets à petites échelles. Il s’agit de micro-projets que Nature & Progrès pourrait appuyer pour aider à les reformuler et à mieux les mettre en route, en étant gagnant autant que participant. De quels projets il s’agit ? On interroge d’abord les voisins pour savoir de quoi il s’agit et comment on les met en route. On pratique une méthodologie ascendante.

Personne n°7
1. L’urgence vitale est la création de lieux et d’événements facteurs de liens. Le climat va changer notre manière de vivre. Réaliser des projets ensemble, c’est préparer les gens à cette nouvelle manière de vivre. Projet d’apéro-débat avec comme thème : « améliorer notre vivre ensemble » avec tout le reste du vivant auquel s’étend le besoin de créer du lien. Ce projet sera testé avec différentes personnes, avant une invitation générale à tout le monde. Puis un comité de quartier de l’écoquartier – différent du syndic – prendra l’organisation de l’apéro en charge.

Personne n°8
1. Mise en place d’une cellule soutenant la mise en place de marchés locaux.
2. Critique de la création d’une « Maison villageoise » subventionnée, à Bousval, qui sera gérée par une association publique, puis louée à des associations ou des particuliers. Or il faudrait ouvrir cette maison plus globalement pour qu’elle porte bien son nom. Il faut donc vivifier, investir et teinter de lien des projets locaux portés par les pouvoirs publics. D’où la nécessité de réseaux et de contacts avec des associations pour dynamiser la création de liens. Est-ce forcément le public qui doit gérer pareil projet ?

Personne n°9
1. Une fois identifiés les besoins collectifs concrets, comment attirer les porteurs de projets ? Nature & Progrès pourrait s’investir davantage dans la gestion de communs – semences, potagers, composts, etc. – dans un esprit de bienveillance et d’échanges. Il n’est pas nécessaire d’avoir le plus gros potiron mais un potiron sain, goûteux, fait naturellement, etc. Comment favoriser un tel partage entre membres ?

Personne n°10
1. Favoriser, d’une manière très générale, le réseautage entre membres. Par les réseaux sociaux ? Par le prêt d’objets, idées nouvelles, services, outils, échanges de savoir, micro-projets, etc. Il faut quelque chose de très réactif, une véritable mise en lien, de la cartographie… En temps réel ?
« Non, t’es pas tout(e) seul(e) et tu participes socialement à une « pollinisation » des idées… »
Cela peut-il passer par la dynamisation du fichier des membres (avec leur accord) de notre association afin que chacun puisse faire valoir très localement ses compétences et permettre à des projets collaboratifs locaux d’émerger spontanément en rassemblant des acteurs proches géographiquement ? Attention ! Patate chaude ?

Personne n°11
1. Echanges de graines, de plants et de savoir-faire. « Bonnes nouvelles » dans la revue…

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Groupe 1 – animé par Delphes Dubray

Objectif : voir comment nous pourrions recréer du lien social entre gens proches. La discussion du matin porte sur les grands principes que nous souhaitons mettre en avant, les valeurs que nous voulons mettre en commun.
Après-midi, on parlera concret. Qu’est-ce qui reste possible à faire, que pouvons-nous faire concrètement, dans nos situations telles que décrites le matin ? Il nous reste à faire émerger quelques propositions…

1. Essayer de raisonner, fonctionner en réseau. Que Nature & Progrès tienne à jour un cahier avec les initiatives de chacun pour les échanges, que les gens soient en relation par thématiques. Chez vous, comment cela fonctionne-t-il, quel est le positif et le négatif que vous en retirez ? Et comment visibiliser le tout. On souhaite que les locales recensent les activités, les acteurs de leur région, de leur quartier…

2. Créer une plateforme d’échange de savoirs, d’expériences et de compétences. Recensement des personnes contacts (rcr²) et des expériences et es témoignages sur « comment rencontrer son voisin » (Habitat et participation). Créer un espace public commun devant chez soi avec des boîtes à livres à diffuser. Favoriser les échanges de pratiques et de savoirs. Recenser les compétences des membres. Faire un listing : « je peux apporter mes connaissances dans tel, tel ou tel domaine. »

3. Informer et former les élèves de secondaire, les faire participer via les communes, les maisons de jeunes et les mouvements de jeunesse. Les élèves ont envie qu’on les prenne pour des adultes et qu’ils soient vraiment des acteurs. Enjeu : identifier les compétences de chacun. Les possibilités de subside peuvent aussi être présentes sur le site de Nature & Progrès (ex : yes we plant). Il faut toucher dans les écoles dans le cadre de l’éducation environnementale, il faut sensibiliser et former les professeurs pour qu’ils créent un projet participatif avec leurs élèves dans leurs quartiers.

4. La communication de départ est essentielle ! Il faut impliquer les citoyens.

5. Nature & Progrès doit former les gens à être à l’écoute de leurs voisins, peut-être via des partenariats. En disant, par exemple, comment aborder les agriculteurs conventionnels qui sont toujours sur la défensive lorsqu’on veut leur faire changer de pratiques. Il faut pourtant communiquer avec eux…

6. Organiser des rencontres de villages, de quartiers : sur le lieu, pas sur la thématique. La ressource de Nature & Progrès, c’est de venir avec un animateur pour faire émerger les avis, les besoins de gens.

7. On ne communique pas assez sur le « pourquoi » ? Le faire émerger est pourtant le propre de l’éducation permanente où Nature & Progrès est très actif.

8. Favoriser l’expérience concrète : rallyes nourriture et balades gourmande. Autour de l’assiette, ça fonctionne toujours !

9. Développer la participation aux SEL (service d’échanges locaux), via les journaux communaux…

10. S’adresser aux publics précarisés…

11. Développer un label « jardin solidaire », sans produit phyto, etc. Dresser la carte interactive des jardins de particuliers qui vont dans ce sens, dans un esprit de maillage écologique.

12. Inciter les citoyens à créer des boîtes à livres, à dons, des composts collectifs qui seront autant de prétextes pour créer du lien et des lieux de discussion…

13. Nature & Progrès doit mettre en place des outils pour aller à la rencontre de son voisinage, et mettre ces outils à la disposition des citoyens et éviter les conflits. Piste : demander de l’aide comme ça l’autre se sent valorisé (plutôt que de se plaindre ensuite qu’il n’a rien voulu faire).

14. En termes de mobilité, développer des cosy wheels, des voitures partagées. Nature & Progrès doit faire connaître tous les mécanismes de partage de biens et de mutualisation des outils.

15. Il faut développer les fours à pains communautaires, allumés une fois par semaine pour que les gens cuisent leurs pains. Il faut aussi les mettre en relation avec les fournisseurs de céréales.

16. D’une manière générale, il faut valoriser l’entraide et tout ce qui se fait spontanément, en mettant en avant les initiatives locales de solidarité, dans la revue Valériane et sur nos réseaux sociaux. Il faut stimuler les témoignages positifs. Kiss and ride de Nature & Progrès.

17. Il faut que Nature & Progrès soit une structure d’accompagnement pour fédérer les gens afin qu’ils montent des projets à l’échelle de quartiers. Nature & Progrès doit pouvoir apporter une aide méthodologique à toute demande d’un groupe local.

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Programme (légèrement modifié) de la 2e journée

Accueil et café dès 9h ; le public arrive quand il le souhaite.
10h-10h30 : plénière : présentation des pistes dégagées lors de la première journée
10h30-12h30 : sous-groupe : discussions en groupe et sélection de 4 recommandations (par groupe)
12h30-13h45 : pause de midi – les deux secrétaires se voient pour mettre en commun les 2×4 recommandations
13h45-15h30 : sous-groupes : discussions et classement des 8 recommandations
15h30-15h45 : pause-café + les secrétaires se voient pour classer les recommandations (+1 membre du groupe qui le souhaite, dans un esprit de transparence totale)
15h45-16h30 : plénière : synthèse et présentation du classement des recommandations + conclusion (par Nature & Progrès) + rappel de la constitution du comité de suivi permanent.
16h30 : verre de l’amitié

 

Journée 2 : 19 mars 2022

Nature & Progrès a sélectionné un panel citoyen le plus représentatif possible de notre population afin de débattre autour du thème « As-tu besoin de ton voisin ? ». Sur trente personnes, sélectionnées pour composer le panel, vingt-six d’entre elles étaient finalement présentes au moment d’entamer les débats de la première journée. Elles ne seront toutefois plus que dix-sept à exprimer leurs votes au terme de la seconde journée.

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Le matin, en séance plénière, les idées émises lors de la première journée sont réparties dans quatre domaines. Le but est ensuite, en articulant les idées émises, de permettre ensuite à des propositions concrètes d’émerger. Ces quatre domaines sont :
1- réseautage
2- formation
3- accompagnement
4- organisation des échanges
Chaque participant se place ensuite devant le thème où il a le plus envie de s’investir. Deux groupes de travail sont ainsi composés : thématiques 1 et 2 / thématiques 3 et 4.

Dans chaque groupe, après un moment de remise en mémoire, un reclassement des idées s’opère en quatre paquets devant correspondre à autant de propositions concrètes. Après affinage et clarification, chaque paquet, chaque thème fait l’objet d’une discussion, par groupes de à deux ou trois personnes, afin de formuler un projet.

En début d’après-midi, la totalité du groupe discute ensemble de chacun des quatre projets qui seront proposés en séance plénière, dans un esprit de bonification, afin de parvenir à des propositions concrètes.

Mise en commun

Dix propositions sont finalement proposées à la notation des participants au panel citoyen, deux d’entre elles ayant finalement été splittées. Les voici telles qu’elles sont formulées par leurs concepteurs. Chaque votant dispose de cinq voix qu’il répartit comme il le souhaite. On trouvera, entre parenthèses, le nombre de voix finalement récoltées par chaque projet. Les quatre propositions en lettres grasses sont celles qui sont finalement retenues.

1- Créer un réseau interne des membres de Nature & Progrès où les acteurs peuvent se retrouver en fonction de leur localisation et de leurs compétences. Se connaître entre soi. Bottin, site Internet, carte interactive, les locales prennent le relais. (15)

2- Réseautage externe avec d’autres associations et échange de formations entre associations. (2)

3- Identifier les acteurs en lien avec les publics précarisés et créer des partenariats de diffusion de l’information avec les différentes instances.
Ajouter un onglet : « retour d’expérience et suivi des événements » sur le site de Nature & Progrès et créer un groupe alimenté par les participants. (3)

4- Proposer de répondre davantage aux demandes de formation concrètes sur les thématiques de Nature & Progrès et sur les dynamiques de groupes. (0)

5- Créer un mallette pédagogique contenant un projet à long terme à destination du public jeune 12-18 ans (avec suivi par les jeunes). (17)

6- Créer un système de parrainage entre les agriculteurs signataires de la Charte de Nature & Progrès et les conventionnels en transition. (2)

7- Fournir un outil méthodologique pour identifier les besoins des particuliers / voisins dans une optique d’un projet commun. (6)

8- créer une carte interactive des jardins de particuliers dans un esprit d’échange de savoirs. (9)

9- Comment susciter l’intérêt des habitants sur la problématique du « vivre ensemble » ? Méthodologie d’approche d’une population (prise de contact). Création d’une mallette pédagogique permettant de débattre sur le « vivre ensemble ». (15)

10- Démarrage, soutien et suivi d’initiatives locales. Nature & Progrès propose des bonnes pratiques, son expertise et son label afin d’être une courroie de transmission entre les porteurs d’initiatives locales et les autorités.
3 piliers : Méthodologie, soutien et ressources, communication
3 étapes : aide au démarrage, concrétisation, suivi et pérennisation
Exemples d’initiatives locales : compost communautaire, réalisation de plans de plantation, boîtes à livres et à semences, jardins potagers (partagés), vergers collectifs, fours à pains, achats groupés, glanage, balades gourmandes, etc.
(18)

Les quatre propositions retenues seront exposées au Conseil d’administration de Nature & Progrès qui statuera sur la suite à leur donner.

 

La presse en parle

La dH, 11/03/22

Nature & Progrès lance un Panel citoyen sur le « local » à Namur : ce 12 mars à Namur