Passée l’émotion de la rencontre initiale, de nombreuses questions se pressent au pied d’un arbre ancien : mais quel âge peut-il bien avoir ? Avant même de tenter de l’évaluer, il convient de le contempler et d’avoir à l’esprit les épreuves – innombrables – qu’a dû surmonter ce vétéran pour parvenir, vivant, jusqu’à nous…
Récapitulons… Nous avons vu que dater l’âge d’un arbre ancien n’est simple que dans le seul cas des arbres commémoratifs : en raison même d’instructions diffusées par le pouvoir en place – plantation des Arbres Napoléon, Arbres Bonaparte, Hêtres de l’Aiglon – ou de leur rôle symbolique – arbres du Centenaire de l’Indépendance – , la date de leur plantation a été consignée dans les registres ou coulée dans la pierre ou le bronze d’un édicule explicatif… Mais rares sont les arbres commémoratifs antérieurs au début du XIXe siècle. Deux exceptions en Wallonie, remarquables, font intervenir le conifère indigène le plus longévif d’Europe : l’If de la Décapitation à Braine-le-Château fut planté le jour même de l’exécution du comte de Hornes, décapité sur la Grand-Place de Bruxelles avec le comte d’Egmont le 5 juin 1568.
Plus ancien encore serait l’If de Valduc, enraciné sur le site d’une ancienne abbaye à Hamme-Mille : les Britanniques, dont le territoire abrite de nombreux exemplaires plusieurs fois centenaires sinon même millénaires, ont en effet mis au point une échelle de datation sur base de la circonférence comparée des ifs commémoratifs. Grâce à cette échelle, on peut attribuer à l’If de Valduc entre sept cent cinquante et huit cents ans, ce qui donne à penser qu’il aurait été planté lors de la création primitive du couvent de cisterciennes fondé en… 1232 !