En 1947, en présentant la laitue ‘La Préférée’, la maison Vilmorin expose une généalogie compliquée où il est question de deux lignées qui ne sont vraiment distinctes que par quelques détails et par la couleur de la graine… Pour mieux comprendre l’histoire de cette laitue, nous poursuivons la remontée vers le nord de l’Europe, via la ville de Perpignan, d’une croquante Espagnole dont nous avons fait la connaissance dans Valériane n°130…
En 1856, Vilmorin-Andrieux n’accorde encore que deux lignes à la ‘Perpignane’, dans un paragraphe réunissant les « laitues diverses » : « Perpignane, 1833. Variété intermédiaire entre les laitues de Versailles et blonde d’été (1) ». En 1883, il cite la variété ‘Perpignaner Dauerkopf’ lorsqu’il aborde la description de la laitue ‘Impériale’ qu’il considère comme étant très proche. En 1904, toujours à propos de l’‘Impériale’, il parle de « la Laitue Caladoise et la variété allemande dite Perpignaner Dauerkopf (dont on a fait L. de Perpignan), nous ont toujours paru se rapprocher énormément, toutes deux, de la L. impériale (2). » Selon Vilmorin, la laitue ‘de Perpignan’ serait donc une introduction en provenance d’Allemagne ! Bien plus tard, on la fera américaine : « laitue du Trocadéro à graine blanche (ou Lorthois) d’origine américaine, ‘Big Boston’ (3). »
Vers 1879, F. de la Brugère est le premier à préciser la couleur de la graine pour les deux variétés : la ‘Perpignane verte’ à graine blanche et la ‘Perpignane mouchetée’ à graine noire (4). En 1891, un article d’E.-A. Carrière, consacré à la laitue ‘Lorthois’, permet de découvrir que pour Henry de Vilmorin : « la qualification Trocadéro, elle est parisienne, cette Laitue ayant été remarquée dans les concours de légumes tenus à l’exposition internationale de 1889 (5). » L’explication ne vaut rien, en ce qui concerne la date, puisqu’en 1885, l’édition anglaise du catalogue Vilmorin-Andrieux décrit déjà la « ‘Trocadéro Cabbage’ Lettuce » (6).