La digue d’Ostende, vous connaissez ? Et les dunes de Wenduine ? Ces deux sites ont été récemment aménagés avec de l’Azobé, une essence tropicale, marqué du sceau du FSC. Le « Forest Steward Council » a été créé en 1993 par une poignée de pionniers issus d’organisations non-gouvernementales, mais aussi de mouvements sociaux, de propriétaires forestiers et d’acteurs de la filière bois. Tous ont décidé, ensemble, dans la foulée du Sommet de la Terre à Rio, de tenter de promouvoir une meilleure gestion des forêts. Leur objectif : faire en sorte que l’exploitation de la ressource forestière ne soit plus synonyme de massacre, d’éviction ou de paupérisation de ses habitants : les Hommes, bien sûr, mais aussi les animaux, les arbres, les plantes…
Quel bilan tirer aujourd’hui ? Chaque année, près de treize millions d’hectares de forêts continuent de disparaître de la surface de la terre, principalement dans les régions tropicales. Mais des pratiques alternatives ont vu le jour ; elles ne cessent de se multiplier et de faire des émules. Près de cinq millions d’hectares sont d’ores et déjà certifiés dans l’énorme bassin forestier du Congo. Chez Nature & Progrès, nous préconisons de préférer le bois FSC au bois non labellisé chaque fois que c’est possible. Tout n’y est pas parfait, comme nous vous invitons à le découvrir dans ce numéro de Valériane et dans les suivant. Mais les efforts sont réels et, sous le regard acéré de diverses ONG parties prenantes ou extérieures au FSC international, des milliers d’acteurs tendent à améliorer leurs pratiques sous la bannière du label et à mieux concilier les activités humaines avec l’exploitation de la ressource ligneuse.
En Belgique comme ailleurs, les consommateurs ont une responsabilité importante dans l’orientation prise par les marchés. Actives dans le secteur du bois ou du papier, six cents entreprises belges sont déjà certifiées FSC et 6 % du bois vendu dans le pays porte ce label (15 % si l’on tient compte des autres labels) (1). C’est bien, mais c’est encore très peu au regard de nos voisins. Ainsi, en Grande-Bretagne, grâce aux commandes publiques, 83 % du marché du bois est actuellement labellisé « durable » au sens large et, aux Pays-Bas, 33 %. L’objectif du gouvernement fédéral, chez nous, est d’atteindre 35 % de bois labellisé durable à l’horizon 2018. Il y a du pain sur la planche…
Dans ce numéro de Valériane, nous vous proposons un reportage sur les lieux-mêmes de l’exploitation certifiée FSC, au cœur des forêts denses humides du Cameroun. Dans le numéro 94, nous donnerons la parole à Jean-Louis Doucet, responsable du Laboratoire de Foresterie des régions tropicales et subtropicales de Gembloux Agro-bio Tech (ULg), l’un des plus fins connaisseurs de l’écosystème forestier d’Afrique centrale. Dans Valériane n°95, enfin, nous verrons comment les forêts communautaires permettent aux populations locales africaines de bénéficier des revenus de l’exploitation forestière.