Mes récoltes, de vraies richesses ?
L’attrait pour le jardinage, aujourd’hui, n’est pas anodin. S’il concerne souvent une volonté de se réapproprier une alimentation biologique et locale, il ne se réduit pas à cette dimension utilitaire. Le jardin nourrit mais encore : il rassemble, fait rêver, épanouit, guérit, mobilise. On le voit, en ville comme à la campagne. Il est l’ami de l’économe et du poète, du militant et du solitaire, du survivaliste, du pédagogue et du designer. C’est tout cela que cette rubrique se propose d’explorer.
Deuxième volet : quelle est la valeur d’un potager ?
“Vous n’êtes pas obligés, vous autres, de passer par l’argent”, écrit Jean Giono, en 1938, dans sa Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix. Et il poursuit, détaillant son idée : “Vous pouvez, du jour au lendemain, sans efforts, être libres et autonomes. Sans aucun argent, votre table peut être toujours abondamment chargée des meilleures nourritures. Il vous est impossible de mourir de faim. Il s’agit de savoir si vous considérez toujours qu’être riche c’est avoir beaucoup de ces petits morceaux de papier sur lesquels on imprime des chiffres ; et si vous continuez à dire qu’il est pauvre celui qui, sans argent, a une cave pleine de bon vin, un grenier plein de blé, une resserre pleine de légumes, une étable pleine de moutons, une basse-cour pleine de poules, un clapier plein de lapins, le monde autour de lui et le temps libre dans ses deux mains (1).”