Nous sommes en train de changer d’ère. D’une ampleur difficilement mesurable, le basculement en cours est tel qu’on parle d’une nouvelle époque géologique : l’anthropocène. Pourtant, tout semble suivre son petit bonhomme de chemin, la pluie et le beau temps, métro boulot dodo, rien de neuf sous le soleil en apparence. Cette rubrique est consacrée à explorer, sous divers angles, la question suivante : pourquoi les gens ne changent-ils pas ? Troisième chapitre : les démarches individuelles et volontaires. Mises ensemble, peuvent-elles, par contagion, modifier les sociétés en profondeur ?
« Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ». La phrase est attribuée à Gandhi et fait florès sur les réseaux sociaux, sur les appuis de fenêtre et en exergue des bouquins. Elle alimente quelques autres citations du même acabit et sert de socle philosophique à un mouvement de pensée et d’action qu’on peut regrouper, grosso modo, sous les vocables de simplicité volontaire ou de sobriété heureuse. L’esprit de ce mouvement, plus que jamais, est incarné par Pierre Rabhi et la légende du colibri qu’il a popularisée :
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! » Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. » (1)