Nul n’a le droit de l’ignorer : l’utilisation des plantes médicinales comporte des dangers qu’il faut savoir évaluer. De plus en plus de personnes, méfiantes envers les médicaments « chimiques », se tournent vers les végétaux pour se soigner. Souvent avec succès, parfois non sans problème…
Alors que les principes actifs isolés, souvent synthétisés, présentent une action rapide mais souvent suivie d’effets secondaires désagréables ou dangereux, les plantes agissent par la combinaison d’une multitude de principes actifs, un « totum » aux résultats plus lents à se manifester mais généralement dépourvus de suites indésirables.
Automédication et législation
Des suites indésirables, il en existe pourtant, comme l’a rappelé, en l’an 2000, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) en envoyant à tous les médecins de l’Hexagone une circulaire rappelant les interactions possibles entre le millepertuis (Hypericum perforatum) et la pilule ou les trithérapies contre le SIDA. On peut juste se demander pourquoi ces personnes qui prennent soin de notre santé ne le font pas pour les nouvelles molécules synthétiques mises chaque jour sur le marché… Peur de la nature, perçue comme dangereuse car mal connue ? Souci de préserver les parts de marché des lobbies pharmaceutiques ? On peut se poser la question. Il n’empêche que c’est exact : mal employées, les plantes peuvent causer des problèmes. Et l’automédication est devenue tellement courante aujourd’hui, faute d’encadrement par des phytothérapeutes confirmés, que des accidents arrivent – qui sont autant d’occasion pour les autorités de resserrer les écrous de la législation déjà très restrictive sur l’emploi des plantes en médecine.
Réjouissons-nous cependant : depuis 2008, cent quarante-huit plantes sont en vente libre en France – contre tout de même trois cent soixante en Belgique et deux cents en Italie -, alors qu’il n’y en avait que trente-quatre jusque là. Mais la loi proposée pour réhabiliter la profession d’herboriste, pour aussi sympathique qu’elle soit, les donnera en pâture à ces nouveaux professionnels, qui seront par ailleurs soumis à la lourde tutelle de l’ANSM. On peut évoquer, sans crainte de trop se tromper, Charybde et Scylla… La situation n’est donc, pour le moins, pas claire. On pourrait espérer qu’elle évolue comme au Japon, où la médecine traditionnelle Kampo, qui utilise principalement des remèdes à base de plantes, est officiellement reconnue, enseignée à l’université, pratiquée par de nombreux médecins en complément des traitements occidentaux et remboursée par la sécurité sociale. Oui, c’est possible !