Les ambassadeurs de l’éco-construction troisième partie

En 2013, Nature & Progrès met en place un réseau d’ambassadeurs de l’éco-construction entre la Belgique et la France. Le but ? Rassembler des personnes porteuses de mêmes valeurs, faire connaitre les matériaux locaux, et sensibiliser de nouveaux citoyens à ces modes de constructions locaux. Aujourd’hui, le pari est réussi. Plus d’une vingtaine d’ambassadeurs motivés et engagés forment se réseau. En voici un nouveau…

Quentin Goulard, bâtit une maison passive dans la Sibérie des Ardennes,
à Sévigny-la-foret

En décembre 2002, il fait un froid de canard. Jeune diplômé de l’institut supérieur d’architecture (ISAI) de Mons, Quentin Goulard effectue son stage chez un vieil architecte wallon, Friedrich Köpler.
« Il avait fait un malaise, raconte posément Quentin. Alors, sur son lit d’hôpital, il m’a demandé d’aller arroser ses plantes. Quand je suis entré dans sa maison, j’ai été saisi par la chaleur des lieux. Il devait faire 25°C ! J’ai voulu comprendre ce qui se passait et, en vérifiant les radiateurs, je me suis rendu compte… qu’ils étaient éteints ! »
C’est une révélation. Quentin apprend ce jour-là qu’il vient de franchir le seuil d’une maison passive…
« Sur la façade arrière, quinze mètres carrés de vitrage étaient orientés plein sud, à un demi-degré près. Il avait déjà utilisé tous les principes du bioclimatisme. Cette journée a conditionné ma carrière et ma vie. »
Douze années ont passé et c’est devant sa propre maison passive que Quentin prend la pose. Aujourd’hui, l’hiver est toujours glacial. Mais l’intérieur n’a jamais été aussi chaleureux. Les enfants gambadent, pieds nus sur le plancher en sapin blanc issu des forêts ardennaises. Le tapis de jeu est à proximité de la large baie vitrée, plein sud, qui prolonge la pièce dans la campagne environnante. L’image est presque irréelle.
« Le vitrage a été posé sans châssis », précise Quentin qui a travaillé avec d’autres professionnels pour mettre au point ce système. Nous sommes sur le plateau de Rocroi, surnommé la Sibérie des Ardennes. Le village se situe à trois kilomètres de l’entrée de la future voie rapide A304 qui sera mise en fonctionnement dans quelques années. La maison occupe la frontière de la campagne et du centre du village, à proximité de toutes commodités.
Elle a une histoire pour les habitants du village : c’est un ancien café, un lieu de rencontres. Des thés dansants y étaient organisés tous les dimanches. C’est une bâtisse typique du plateau de Rocroi, avec des colombages et torchis. Un peu plus loin, une apicultrice amateur du village installera un rucher.
« Vu qu’on veut planter un verger à proximité, ça tombe bien, sourit Quentin. Et puis, on aura du bon miel… »