Les communs – 4e partie : Quand des agriculteurs fabriquent eux-mêmes leurs outils
Se réapproprier. Verbe pronominal et transitif, reprendre le contrôle de quelque chose, rendre à nouveau « propre », à soi. Verbe qui fait battre le coeur de l’association Nature & Progrès. Entre autres. À côté de la réappropriation de son alimentation, de son habitat, de la biodiversité, pourquoi ne pas se réapproprier également les outils et les machines ? C’est ce que propose l’Atelier Paysan au monde agricole. Une sorte de « Farm Repair Café » mais pas seulement pour réparer : surtout pour concevoir et fabriquer. Condition de cette réappropriation ? On vous le donne en mille : fonctionner en accès libre, en « commun ».
François de Gaultier est ingénieur agronome et professeur à la Haute École de la Province de Namur (HEPN), à Ciney. En 2014, après cinq ans passés chez Nature & Progrès, il a initié la première formation d’enseignement supérieur en agriculture biologique en Wallonie, sous forme d’année de spécialisation. Fin avril 2017, il participe aux rencontres annuelles de l’Atelier Paysan, une société coopérative française. Nous l’avons interviewé quarante-huit heures après son retour, pour apprendre de vive voix tout ce que cette coopérative a d’audace, de magie, de pertinence à nous offrir dans notre réflexion sur les communs.
Valériane : En quoi consistaient ces rencontres ?
François : C’était un moment d’échanges, de travail et de « célébration » pour toutes les personnes touchées par cette société coopérative, dans une ferme en bio du côté de Valence. Ces rencontres, à tonalité festive, sont l’occasion de faire le point, de faire le bilan, de célébrer l’année écoulée. L’ambiance est à la détente et aux concerts en soirée. On y campe, il y a un chapiteau, deux librairies. La journée est consacrée à des ateliers techniques de fabrication, à des échanges et à des conférences. L’essentiel des participants sont des agriculteurs ou des futurs agriculteurs, qui ont participé à des ateliers de l’Atelier Paysan lors des années précédentes.