« Do it yourself » (DIY), c’est-à-dire « Faites-le vous-même ». Plus qu’un slogan, il s’agit d’une véritable tendance qui s’applique à tous les domaines : bricolage, couture, jardinage, construction, logiciels, poterie… Les derniers siècles ont pourtant consacré un mouvement inverse : la consommation de biens industriels. Mais en changeant les processus de production, il semble qu’on ait changé aussi les biens produits, les hommes qui les utilisent et la société tout entière. (Re)faire par soi-même, alors, c’est peut-être une vraie révolution. Analysons, dans cet article, le cas des semences.
Parmi ces activités « tendance », le jardinage s’érige en chef de file. On ne compte plus les articles, livres, émissions chantant le grand retour du potager. Et, bien souvent, celui-ci est présenté comme un hobby, une passion. A présenter les choses sous cet angle, ne manque-t-on pas d’apercevoir que quelque chose de plus profond est peut-être en train de se passer entre les citoyens et leur alimentation ? Un indice : les jardiniers sont de plus en plus nombreux à vouloir (re)commencer à faire eux-mêmes leurs semences. Qui aurait pu prévoir une telle évolution ? Nous allons tenter de percevoir comment cette activité pratique – faire ses semences – peut être au cœur d’un réel engagement commun, et à quel moment, sous quelles formes, la passion individuelle, en rencontrant l’inquiétude collective, peut se muer en véritable processus de « résistance ».