Retour à la vinification naturelle

Un siècle exactement après que des viticulteurs du Languedoc – Roussillon eurent donné leur vie pour leur vin, il nous a semblé utile que rappeler qu’il existe des produits de la nature qu’on ne peut pas truquer, des symboles culturels qu’on ne peut pas brader…
Qui sait encore aujourd’hui qu’on déplora six morts lors d’une manifestation monstre qui entendait dénoncer ceux qui trichaient avec le vin ? Elle eut lieu à Narbonne, le 19 juin 1907, et l’arrestation du maire de la ville, Ernest Ferreoul, provoqua des mouvements de foule ; la troupe tira… Un siècle plus tard, on ignore à quel point ces événements secouèrent la République française. Le très habile Président Clemenceau sut toutefois étouffer la révolte en discréditant, aux yeux des viticulteurs du Midi, le leader Marcelin Albert à qui il avait donné, suite à son emprisonnement, l’argent nécessaire pour son retour au pays…
Que reste-t-il, un siècle plus tard, des acquis d’alors ? Aujourd’hui, l’Europe n’envisage, pour seule réponse à l’arrivée massive des vins dits du « Nouveau Monde », qu’une industrialisation croissante des procédés de viticulture et de vinification. Mais l’amateur de bonnes bouteilles veut-il vraiment du vin – limonade qu’on lui prépare ? Quant au consommateur bio, veut-il vraiment accorder sa préférence à des vins qui ne diffèrent en rien, sur le plan de la vinification, de ce qui se fait de pire dans le conventionnel ? Poser la question, c’est sans doute y répondre…
D’importants combats, d’importantes remises en question s’annoncent donc, sans quoi la douce griserie que procure encore ce doux breuvage auquel nous tenons tant risque bien de se transformer en abominables maux de tête…

Pour plus d’informations encore, le lecteur pourra se reporter au dossier sur « Les vins biologiques », paru dans Valériane n°31.