Le jardin, c’est le paradis !
L’attrait pour le jardinage, aujourd’hui, n’est pas anodin. S’il concerne souvent une volonté de se réapproprier une alimentation biologique et locale, il ne se réduit pas à cette dimension utilitaire. Le jardin nourrit, mais encore : il rassemble, fait rêver, épanouit, guérit, mobilise. On le voit en ville comme à la campagne. Il est l’ami de l’économe et du poète, du militant et du solitaire, du survivaliste, du pédagogue et du designer. C’est tout cela que cette rubrique se propose d’explorer.
Troisième volet : le jardin dans la culture et dans les arts… et l’art des jardins !
Impossible de passer à côté : le jardin est partout dans notre culture. Dans les textes littéraires, sur les toiles des peintres, au cinéma, dans les récits mythologiques et religieux. En premier lieu, on pense bien sûr au jardin d’Eden, qui abrite l’arbre de vie, l’arbre de la connaissance du bien et du mal auquel goûteront Adam et Ève. Cela leur vaudra d’être chassés de ce paradis originel, condamnés à cultiver la terre pour en tirer leur nourriture « à force de peine ».
On connaît la suite. Naîtront Caïn et Abel, le laboureur et le berger. L’histoire tourne mal, le premier tue le second, et ainsi de suite jusqu’au déluge. Nous n’allons bien sûr pas ici nous lancer dans l’exégèse de ces récits inépuisables. Mais reconnaissons que leur portée n’est pas seulement religieuse. Elle est symbolique, au sens large. À ce titre, donner un aperçu du jardin dans notre histoire culturelle est indispensable, car cela fournit du sens. Sans mots, sans récits, sans culture, sans agriculture, les êtres humains ne seraient pas ce qu’ils sont devenus.
Or il semble que le thème du jardin soit un motif important de nos grands récits et de notre histoire culturelle. Sans s’alourdir sur l’étymologie, qui n’a pas vocation à tout expliquer, pensons néanmoins à la racine commune des deux significations actuelles du mot « culture », que Cicéron a été le premier à appliquer en-dehors de l’activité agricole : « Un champ, si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’humain sans enseignement. » Le jardin est donc inséparable des civilisations humaines agricoles et sédentaires.