La chèvrerie de la Croix de la Grise

La chèvrerie de la Croix de la Grise est une ferme familiale depuis… Deux cent cinquante ans !

S’étendant sur vingt-trois hectares, essentiellement de prairies, la chèvrerie de la Croix de la Grise a toujours été une ferme d’élevage. Vincent Delobel, l’actuel locataire des lieux, nous précise que ses parents avaient… quarante-cinq vaches laitières, des Holstein, pour un quota de production de deux cent cinquante mille litres de lait. La ferme fonctionna en agriculture conventionnelle jusqu’en 1997, moments qu’ils ont choisirent pour passer en bio, pour des questions de sols tout d’abord. En conventionnel, les Delobel produisaient uniquement du ray-grass et du maïs : maïs en continu sur les parcelles labourables et, sur les autres, du ray-grass sur lequel ils épandaient du lisier – issu d’un couloir de raclage dans logettes de l’étable – et de l’azote minéral. Ils ébousaient, après chaque passage, et passaient à la faucheuse de refus. Le système était donc assez intensif ; il y avait également des chevaux du temps du grand-père et le stock de rumex est donc très important dans les sols. Le rumex est une grande plante qui produit des graines très coriaces qui peuvent survivre jusqu’à quatre-vingts ans dans le sol sans perdre leur capacité à germer ; il faut donc absolument éviter sa réimplantation et sa germination. L’éliminer complètement leur paraissait cependant hors de portée.

Le passage en bio

En 1997, les Delobel font donc le choix de la bio et beaucoup de choses changent au niveau cultures. Ils sont passés à trente-cinq vaches laitières, ont labouré les prairies et ressemé un mélange Sencier, avec différents trèfles et graminées dans les prairies permanentes et les prairies temporaires. La rotation sur les parcelles cultivables est la suivante : prairie temporaire trois années de suite, mélange de céréales d’hiver fourragères deux années de suite. Un mélange fourrager est semé sur les prairies permanentes envahies par le rumex : plantain, chicorée fourragère et colza fourrager. Afin d’anticiper le rumex, Vincent Delobel sème une espèce qui prend le relais de la fonction du rumex : de la chicorée fourragère qui a une bonne racine-pivot et qui décompacte bien le sol.