Que nos membres végétariens – ou petits mangeurs de viande – nous pardonnent mais l’agriculture wallonne repose en grande partie sur l’élevage viandeux et bon nombre d’entre nous apprécient à leur juste valeur les produits de qualité qu’il nous donne. Malheureusement, l’avenir semble sombre pour nos colis de viande…
97% des wallons mangent occasionnellement ou régulièrement de la viande ! L’approvisionnement direct auprès des producteurs représente plus de 10% des achats totaux des ménages et est en constante progression. Le consommateur veut du lien, du local, du bio, de la qualité, des élevages à taille humaine dans le respect de l’animal… Et demain ? Une menace plane pour nos éleveurs : la disparition des abattoirs locaux ! La Wallonie comptait soixante abattoirs en 1985. Aujourd’hui, il en reste une trentaine…
Quel avenir pour le circuit court ?
Certains abattoirs se spécialisent dans certaines espèces, d’autres n’acceptent plus les petits lots d’animaux. La moitié seulement sont certifiés bio. Abattre ses bêtes s’apparente, pour nos éleveurs, au parcours du combattant ! Si rien n’est fait pour enrayer la dynamique actuelle, il ne subsistera plus en Wallonie, d’ici une ou deux dizaines d’années, que deux ou trois abattoirs. Mais de quels abattoirs parle-t-on ? De structures géantes, couplées à des industries de transformation de la viande. Des structures puissantes grâce au monopole dont elles jouiront. Des structures qui seront plus que jamais confrontées à la concurrence internationale étant donné la mondialisation galopante que nous vivons.
Comment subsisteront nos petits éleveurs en circuit court, nos colis de viande fermiers, si les abattoirs leur ferment leurs portes ? Demain… Des élevages immenses tournés vers l’industrie ? Des camions chargés de bêtes parcourant des centaines de kilomètres dans toute la Wallonie ? Une viande en barquettes disponible uniquement dans les supermarchés ? Quel choix aura encore le consommateur ?
Nature & Progrès monte aux créneaux !
Il est encore temps de tout changer. Ensemble, éleveurs et consommateurs, recherchons des solutions pour aller vers l’agriculture que nous voulons. Notre projet « Echangeons sur notre agriculture » a l’ambition de faire changer la dynamique actuelle en réfléchissant à une multiplication des possibilités d’abattage de proximité : à la ferme, dans des structures mobiles ou dans une multiplicité de petits abattoirs locaux…
Vous avez été nombreux, le 13 juin dernier, à venir écouter nos éleveurs et transformateurs lors de la journée d’information sur la transformation artisanale bio. Ils nous ont fait part de leurs difficultés et ont lancé un appel à l’aide. « Les abattoirs, ce n’est pas très sexy, mais il faut s’y intéresser ! » Nature & Progrès a organisé des visites d’abattoirs et d’éleveurs en juillet et en août afin de mieux comprendre la fragilité des structures existantes et de développer des solutions d’abattage de proximité pour nos éleveurs.
Mais nous ne sommes pas seuls ! Via le Collège des producteurs, les éleveurs wallons ont soulevé le problème de l’abattage dans toutes les filières : bovine, porcine, ovine, caprine, avicole, cunicole et même en aquaculture ! Un groupe de travail a été mis en place, en juillet, par les services opérationnels du Collège des producteurs, avec le Service Public de Wallonie, Diversiferm, Biowallonie, le CER Groupe, Wagralim et d’autres structures encore, et nous y participons.
Nature & Progrès soutiendra cette initiative et continuera son travail de recherche et de négociations avec le secteur agricole et les politiques. Consomm’acteurs, les problématiques agricoles nous concernent tous !