De nombreux citoyens se montrent sensibles à l’impact négatif de leur consommation de produits électroniques sur les populations du Sud de la planète. Ces personnes, conscientes qu’un changement doit aussi venir des pays du Nord, montrent l’envie et le besoin de poser des gestes au quotidien afin de rendre le monde plus juste. Des solutions existent, parmi lesquelles la possibilité d’acquérir un smartphone équitable. L’initiative la plus connue nous vient des Pays-Bas et s’appelle le Fairphone. Mais cette entreprise propose-t-elle réellement un produit 100% propre ? Quel est l’impact véritable d’un tel achat ? Tentative de réponse.
Près de trente minerais composent nos téléphones portables, c’est dire l’importance de ces éléments dans la fabrication de ces bijoux de technologie présents quotidiennement à nos côtés. Or leur extraction se fait bien souvent dans des conditions désastreuses pour la sécurité des populations. En République Démocratique du Congo (RDC), des groupes armés illégaux n’hésitent pas à taxer les creuseurs artisanaux pour financer des exactions qui ont déjà causés plus de cinq millions de morts en près de vingt ans de conflits à l’Est de ce pays d’Afrique centrale (1). Viols, mutilations et déplacements forcés sont le lot des Congolais qui en viennent à regretter d’avoir la « chance » de posséder un sous-sol riche en minerais, parmi lesquels le tantale, l’étain, l’or et le tungstène. Ces « minerais du sang » font l’objet de nombreuses campagnes de sensibilisation de la part de la société civile internationale qui visent à rendre le marché plus transparent. C’est, entre autre, grâce à cette pression que l’Union européenne étudie actuellement un projet de règlement visant à demander aux entreprises européennes de s’approvisionner de manière responsable lorsque ces minerais sont issus de zones de conflits et de tensions (2).
Mais il n’y a pas que l’extraction qui pose problème. Les conditions de travail des ouvriers asiatiques, qui assemblent les composants électroniques, sont également régulièrement épinglées (3) : bas salaires, horaires à rallonge, exposition à des produits toxiques et absence de syndicats sont autant de raisons de douter sérieusement du caractère « propre » de nos téléphones portables.