Cet article est paru dans la revue Valériane n°173
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Propos recueillis par Joaquim Lesne,
chargé de projets chez Nature & Progrès
Qu’est-ce qui motive des jeunes, qui n’étaient pas encore nés au lancement du salon, à s’engager dans la quarantième édition de Festi’Valériane ? Rencontre de trois personnalités inspirantes et entrepreneuses.
Qui êtes-vous ?
Ilona Struyken : Je réalise un bachelier de conseiller en développement durable à la Haute école provinciale de Namur et suis stagiaire chez Nature & Progrès.
Lucie Rulot : Je suis une passionnée de nature et d’environnement car j’ai grandi dans une réserve naturelle à Petit-Modave. J’ai fait le même bachelier qu’Ilona, puis un master en politique économique et sociale à l’Université de Mons, en me spécialisant en économie circulaire. Je connais Festi’Valériane car mon papa y était exposant pendant vingt ans en tant que tourneur sur bois (Pierre Rulot).
Anouk Danel : J’ai grandi à Bruxelles et suis sensible à la cohabitation dans des espaces restreints. Je suis bioingénieure spécialisée dans la gestion des forêts et des espaces naturels. J’apprécie, chez Nature & Progrès, les actions positives, en lien direct avec les savoir-faire et les territoires, pour trouver des manières d’habiter l’espace tout en prenant soin du vivant.
Que faites-vous pour le festival ?
IS : Je réalise le programme pour les publics scolaires et familiaux. J’apprécie que Festi’Valériane se prépare en co-construction pour enrichir et donner de l’ampleur à l’événement.
LR : J’aide bénévolement au défilé de mode durable car je suis moi-même artisane dans le domaine. Je fais de l’upcycling – appelé aussi surcyclage – : je recrée ou répare des vêtements et tissus déclassés notamment en raison des trous de mite, d’où mon nom de créateur Studio Mite.
AD : Je participe au Comité Festi’Valériane pour aider l’équipe à garder un regard transversal sur le festival.
Quel sens revêt votre engagement chez Nature & Progrès ?
IS : J’ai souffert d’éco-anxiété pendant cinq ans. Cela se manifestait par des crises d’angoisse, des pensées négatives, une baisse d’activité physique, de l’isolement, des perturbations alimentaires, de la dissonance cognitive. Je m’en suis sortie en passant à l’action, en quittant les flux d’information numérique pour réorganiser mon habitation dans le courant du minimalisme ou nettoyer mon quartier (clean walking). Il y avait un côté thérapeutique répondant à ma recherche de sens, et cela continue aujourd’hui à travers mes missions chez Nature & Progrès.
AD : Je partageais ces questions à l’université, où malgré l’urgence transmise, l’action paraissait trop loin des auditoires. En découvrant le monde du travail, j’ai aussi fait face aux freins au changement. A tous ces moments, Festi’Valériane m’a aidée à sortir des blocages institutionnels pour découvrir une palette de possibles, d’acteurs et de projets qui apportent des réponses concrètes. Ça donne de la joie et de l’oxygène.
LR : J’ai vécu la même chose. Les articles sur l’environnement sont souvent fatalistes et globaux, alors qu’avec la revue Valériane et Nature & Progrès, on est mobilisés à notre échelle pour avoir un impact positif et local. C’est important de s’entourer de personnes qui partagent des valeurs similaires. Pendant mon master, je me sentais seule sur des valeurs écologiques, alors j’ai créé le Koté Durable, un kot à projet pour l’environnement.
Lucie : « Je trouve du sens à donner de mon temps pour des projets en-dehors d’une relation d’échange monétaire. »
AD : Je trouve beau ce projet reliant des acteurs qui agissent à des niveaux et dans des domaines très divers, avec différentes visions de la société, de l’agriculture et des ressources naturelles. Nature & Progrès fédère ces acteurs pour chercher des solutions ensemble. On retrouve du plaisir à agir pour et dans l’environnement, que ce soit dans l’habitat, la nourriture, etc. Nature & Progrès agit autant sur le terrain avec les producteurs et les jardiniers, qu’au niveau des propositions politiques : l’action positive renforce le travail de plaidoyer en contexte de résistance au changement.
Il existe les Festivals Nourrir, Maintenant, Demain… Qu’est-ce qu’un jeune va trouver d’unique à Festi’Valériane ?
AD : Festi’Valériane est né à un moment où il n’y avait pas tout ça, et continue de jouer ce rôle d’éclaireur malgré l’instabilité et l’inconfort que cela peut représenter. Il faut accepter d’être à contre-courant, se dire que quand on est assis dans la rivière, on n’est pas immobile. La résistance prend de multiples formes.
IS : Par exemple, les ados et les jeunes cherchent leur identité, notamment vestimentaire. Le défilé va montrer une voie alternative à la fast-fashion. Nous voulons aussi ouvrir une friperie éphémère apportant du divertissement.
Ilona : « La force de Festi’Valériane est son côté intergénérationnel, c’est une proposition pour tous les âges. »
LR : Un jeune en questionnement, qui veut sortir de la culture du fast (vie rapide et superficielle), va entrer à Festi’Valériane dans un univers avec quantité d’artisans, de producteurs, d’acteurs mobilisés ensemble sur ce qui a du sens et qui en aura toujours. Contrairement à d’autres événements où les exposants sont des bonus, ici, ils sont au cœur du changement.
AD : C’est l’idée d’une communauté ouverte et fédérée par des valeurs écologiques et sociales.
Anouk : « Marielle Macé dit qu’il faut construire des cabanes, non pour tourner le dos au monde, mais pour le vivre autrement. Pour moi, Festi’Valériane est une cabane ensoleillée dans un monde des possibles. »
Le troc du mot « festi’ » contre « salon » est une belle évolution : on a besoin de faire fête, de célébrer tout ce que cette communauté vit depuis 40 ans, avec le défilé, la poésie, la musique. Ce sera comme un voyage, une immersion dans un village à la rencontre de tous ses acteurs de changement.
Festi’Valériane est gratuit jusqu’à 26 ans. Qu’on se le dise !
Infos : https://www.valeriane.be/
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