De quoi le jardin est-il le nom ? (1)

“Le plus précieux, le plus beau, le plus utile et le plus équilibrant”

L’attrait pour le jardinage aujourd’hui n’est pas anodin. S’il concerne souvent une volonté de se réapproprier une alimentation biologique et locale, il ne se réduit pas à cette dimension utilitaire. Le jardin nourrit, mais encore : il rassemble, fait rêver, épanouit, guérit, mobilise. On le voit en ville comme à la campagne. Il est l’ami de l’économe et du poète, du militant et du solitaire, du survivaliste, du pédagogue et du designer. C’est tout cela que cette rubrique se propose d’explorer.
Premier volet : le jardin philosophe.
Longtemps, j’ai cru que le jardinage ne me concernait pas. C’était l’affaire de mon père, de mes grands-parents. Je les avais bien aidés un peu, enfant, puis adolescent, à bêcher et à semer. Mais rien qu’un peu. Je trouvais ça beau, le potager, mais beau comme un paysage de vacances, autrement dit ça m’arrangeait bien de ne pas y mettre trop souvent les pieds. “Les bons légumes du jardin”…, j’étais vaguement influencé par cette douce propagande familiale, mais pas outre-mesure : s’il fallait choisir entre une salade d’endives crues et une pizza surgelée, entre un navet croquant et un Twix… Bon. Ne me forcez pas aux aveux. Je sais ce qu’il serait de bon goût d’affirmer entre ces pages, mais je vous dois d’être honnête.