Des monnaies locales pour nous réapproprier nos sous…

Un dossier entier consacré aux monnaies locales et complémentaires ? Quoi de plus normal, au fond, pour Nature & Progrès ? Quel que soit le bout par où vous preniez la chose, amis lecteurs, vous n’aurez aucun mal à vous en convaincre… Si l’on entend se réapproprier son alimentation et son habitat, quoi de plus évident que de chercher avant tout à se réapproprier ses sous. Car s’ils vous paraissent encore neutres et « sans odeur » alors, chers amis, reniflez-les un peu mieux ! Et à nous qui voulons penser local, il semblera assez logique d’observer des initiatives qui convergent avec les nôtres, même si c’est d’autres petites vulgarités du quotidien qu’elles nous invitent à se réapproprier. Nous savons cela : qui vole un œuf, vole un bœuf… Local, disions-nous ? Les monnaies locales n’ont-elle pas pour fonction première de relocaliser l’activité économique et l’emploi ? Ou à tout le moins, pour commencer, d’éveiller les consciences à ces impératifs ? Relocaliser, ce thème serait-il à ce point étranger à notre association ?
Une crise, dites-vous ? Mais quelle crise ? Depuis la parution de « La décroissance heureuse« , nous n’avons eu de cesse de vous parler résilience. Combien de fois n’avons-nous pas montré dans ces pages que Nature & Progrès défend des valeurs et des pratiques à l’exact opposé de celles qui ont conduit l’Europe à la crise économique, écologique et sociale que nous traversons ? Tiens donc ! Soutiendriez-vous à vos amis grecs que la monnaie n’a aucun rôle à jouer là-dedans ? Mieux encore : l’état de l’agroalimentaire mondial dont nous dénonçons le moindre couac – dioxine ou viande de cheval – ne serait-il pas davantage imputable au modèle économique globalisé qu’aux évolutions techniques ou aux choix douteux des agriculteurs ? A quoi pourrait rimer de remettre à flot le modèle agricole au sein d’un modèle économique et monétaire qui prend l’eau de toute part ?
Mais alors ? Ce serait bien de décroissance dont nous parlons ? Haro sur ce mot si mal choisi, cette thématique si mal aimée de notre belle association… Reste que nous cherchons un autre modèle de société ! Et, en pratique, ça donne quoi ? Des initiatives collectives exaltantes et généreuses telles que jardins partagés, covoiturage, ceintures alimentaires, repair-cafés, chantiers participatifs, donneries, villes en transition, monnaies locales… Quoi ? Votre revue Valériane ne s’était pas encore intéressée aux monnaies locales ? Mazette ! Il était grand temps…
Pour une meilleure compréhension, nous avons choisi de centrer notre présentation des monnaies locales et complémentaires sur une seule d’entre elles : l’épi lorrain avec laquelle les visiteurs de notre salon Aubépine, à Arlon, ont déjà eu tout le loisir de se familiariser…