Du Moyen-Âge à Nassonia et Chiny : à qui appartient la forêt ? Les communs – 5e partie

La forêt est un sujet qui tient à coeur. Spontanément, on la considère comme espace collectif, partagé, en un mot, commun. Elle appartient pourtant toujours à un propriétaire, qu’il soit public ou privé. En Wallonie, un peu plus de la moitié de la forêt est privée. Le reste est communal, provincial ou régional, et donc soumis au régime forestier, géré par la D.N.F. À partir de quelques cas très actuels ou de références historiques, cet article explore les questions, les débats et les conflits de droits de propriété et d’usage qui font de la forêt un formidable laboratoire des communs…
En décembre 2016, quelques députés régionaux déposent un avant-projet de décret qui suscite un tollé auprès des associations et des citoyens. Cet avant-projet envisageait notamment d’ouvrir la possibilité, pour les pouvoirs publics, de vendre des forêts domaniales sans passer par l’aval du Parlement Wallon, ainsi que celle de vendre anticipativement du bois via des droits sur des coupes futures. Quinze associations, parmi lesquelles Inter-Environnement Wallonie (IEW), Les Scouts, Greenpeace, Natagora et le WWF, expriment alors leur indignation.
Depuis, le ministre Collin a temporisé et annoncé vouloir rester dans le cadre du code forestier actuel. Natagora et IEW ont été auditionnés au Parlement Wallon en mars dernier. Ils ont mis en avant l’argument de la gestion durable et de la biodiversité : « L’adoption des textes conduira à un appauvrissement biologique des forêts. Les forêts domaniales sont les plus riches en biodiversité, elles lui réservent une place bien plus importante qu’en forêts privées. Cette richesse naturelle est aussi mieux surveillée, moins soumise à l’appétit de densité excessive de gibier. Elles génèrent par ailleurs des revenus soutenus grâce à vente de bois de qualité. Il s’agit donc des modèles de gestion durable de la forêt promue par la Région wallonne, le code forestier, la circulaire Pro Silva ou la certification PEFC. » Par ailleurs, les associations ont également souligné les risques de dissuasion pour le public. « La privatisation des forêts domaniales limitera également l’accès au public. Adieu les balades du dimanche, les petits raccourcis champêtres entre hameaux, les aires de pique-nique en sous-bois, la cueillette des champignons et des baies sauvages. Bonjour les barrières, les potelets et les panneaux dissuadant la circulation en forêt. » (1)