L’aubergine, la belle frileuse !

L’aubergine – Solanum melongena – trouve, sous nos latitudes, ses conditions extrêmes de culture. Et encore vaut-il mieux, pour s’assurer une récolte honorable, cultiver la plante sous abri froid. Cependant, les étés, de plus en plus chauds, permettent souvent de récolter d’excellents fruits. Voici quelques conseils si l’aventure vous tente…

Le genre Solanum, auquel appartient l’aubergine compte pas loin de quinze cents espèces dont une vingtaine, dans le monde, ont été domestiquées par l’Homme. Celui-ci, étant donné son origine tropicale, n’a pu en acclimater que très peu dans les régions plus septentrionales. Il s’agit de la pomme de terre, de la tomate, du poivron, de l’aubergine ou encore du tabac… Quelques solénacées offrent également des feuilles comestibles et, dans les régions qui bordent, l’Océan Indien, les feuilles de S. nigrum sont cuites à l’étouffée et la plante offre une des « brèdes » parmi les plus populaires, appelée « brède morelle ». Originaire de la région indo-birmane, où les premières cultures remontent à plus de deux mille huit cents ans, l’aubergine arrive tard en Italie où des témoignages de consommation n’apparaissent qu’au XVe siècle. Sa diffusion comme plante alimentaire est compromise par sa ressemblance avec sa cousine, la mandragore, et on lui attribue, entre autres, le nom de Mala insana, l’herbe qui rend fou ! Pourtant, dès le Moyen Âge, l’aubergine avait été propagée par les moines dans toute l’Europe. Les nombreux manuscrits de l’école de Salerne l’attestent, ainsi que les Tacuinum Sanitatis,, recopiés dès le XIIe siècle, qui sont des traités de botanique et de médecine arabes. On connaît particulièrement celui d’Ibn Butlân, dont le titre arabe était Taqwîm as-sihha. L’aubergine était reprise dans ces traités comme plante médicinale. L’adoption, comme plante alimentaire dans tout le sud méditerranéen, s’effectuera principalement du XVIe au XVIIIe siècle.
L’aubergine est annuelle en culture et forme un petit arbuste buissonnant à tiges dressées et ramifiées. Il en résulte une fragilité à l’éclatement des fourches sous le poids des fruits et il peut être utile de tuteurer. La hauteur de la plante varie entre septante centimètres et un mètre. Les distances de plantation varieront donc entre soixante et quatre-vingt centimètres en tous sens, selon la vigueur des plants.