L’origine de nos épeautres
Où en sommes-nous ? Ah oui, nous avions parlé de la domestication des céréales et de la co-évolution entre les plantes et les humains. Puis, avant un énorme bond dans le temps qui nous emmena jusqu’aux Gallo-Romains, nous avions franchi le Bosphore et remonté le Danube en compagnie des premiers pasteurs sédentaires de nos régions. Mais quelle céréale cultivaient-ils alors ? Et notre épeautre à nous, quand et où apparut-il ?
Difficile, bien sûr, de mettre tout le monde d’accord ! Reprenons depuis le début. Disons, il y a cinq cent mille ans environ. Pas de date exacte évidemment mais l’ébauche sommaire d’un décor et les lignes de force du drame qui se noue… Les acteurs de notre pièce sont alors de simples herbes, des graminées sauvages, en très grand nombre. Différentes variétés prospèrent, depuis les terres situées en bordure du Jourdain – la limite actuelle entre Israël, la Jordanie et la Cisjordanie – dont le climat est méditerranéen, jusqu’à l’ouest de l’Iran, en passant, plus au nord, par le sud de la Turquie actuelle, la Syrie et l’Irak traversés par le Tigre et l’Euphrate, le tout formant ce qu’il fut convenu d’appeler le « croissant fertile ». Ces terres nourrissaient l’humanité depuis des temps immémoriaux. Parmi toutes ces herbes dont nous parlons, deux blés y seront domestiqués : l’engrain et l’amidonnier.