Le vélo pour la lutte, la lutte pour le vélo



Deux roues, un cadre, un guidon… Et des pédales, bien sûr ! Rien de plus simple qu’une bécane, rien de plus efficace pour peu que l’essence vienne à être chère. Alors, le vélo va-t-il à nouveau changer nos vies, va-t-il révolutionner nos transports dans et autour de nos cités ?
Non ! C’est plus que cela, bien plus que cela. Le vélo est un symbole : il est la mobilité « énergie douce » face à l’arrogance froide des voitures, il est la convivialité rieuse face à la grise indifférence des usagers du TEC, de la STIB et de la SNCB, il est la simplicité volontaire face au « travailler plus pour gagner plus », il est d’une certaine lenteur dans un monde toujours « en flux tendu »… Du coup, le vélo un peu rouillé, posé contre un poteau parmi les hautes herbes, tuteur occasionnel pour le liseron et les mauvaises herbes qui aiment grimper, cela vous aurait bien un subtil je-ne-sais-quoi d’anarchie douce, de mutine spontanéité, d’immortelle insouciance de la jeunesse… Comme une grosse envie de s’en foutre mais de résister quand même…
Alors, le vélo maintenant, cela sert aussi à lutter, mais doucement, à travers les campagnes, comme un missionnaire qui éveille les consciences les unes après les autres. Le vélo qui passe partout re-colonise la ville promise à l’automobile. Comme la nature qui toujours reprend ses droits, il reprend sans s’énerver la place qui lui est due. Naturellement. Mais attention, les forces impavides de la récupération par le fric ont déjà compris votre petit jeu : elles vous guignent et vous aguichent avec des engins qui rutilent, ont la couleur du vélo, l’odeur du vélo et le goût du vélo… Mais leur seul but est de vous vendre un peu plus de chewing gum, de dentifrice et d’eaux de toilette. Ami du cycle, sois vigilant, même tes pédales et ta sonnette, ils vont te les faire payer…