Veviba : la filière viande en charpie !

Un vrai coup de tonnerre ! Début mars, l’entreprise de découpe et de transformation de viande Veviba – qui exploite l’abattoir de Bastogne – se voit retirer son agrément avec effet immédiat ! Des perquisitions menées par un juge d’instruction, doublées d’un contrôle particulièrement rigoureux de l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire (AFSCA), ont mis au jour de nombreuses irrégularités administratives, sanitaires, sociales…
Reprenons le fil de l’histoire, ainsi que nos médias nous l’ont racontée. On nous parle soudain, mi-mars, de produits « potentiellement dangereux », de viande avariée, de ré-étiquetages massifs… Le Ministre fédéral de l’Agriculture se fâche tout vert au Parlement ; à ses côtés, le patron de l’AFSCA se fait tout petit mais ne perd pas son calme. La presse unanime prédit qu’il se fera virer mais « pas tout de suite », ajoute-t-elle avec prudence… Le Ministre veut un audit de l’Institution fédérale qui contrôle la chaîne alimentaire et promet du changement. La passe d’armes est mémorable également du côté du Parlement wallon : l’opposition, vent debout, fustige le « système » en place tandis que la majorité, indignée, crie au populisme. La Justice, quant à elle, avance avec sérénité, nous dit-on, car il y a bien une instruction ouverte, depuis deux ans, concernant la société Veviba de Bastogne – et une autre société flamande, apprendra-t-on plus tard -, suite à une plainte venue… du Kosovo ! On déplorerait une kyrielle d’étiquetages lamentables pour une bidoche congelée si vieille qu’on aurait pu la prendre pour de la viande… de mammouth !
Quoi d’autre ? Difficile à dire. Mais très vite la vox populi gronde, des récits accablants sont rapportés et la grande distribution – Delhaize et Colruyt – suspend ses contrats. La Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA) demande timidement à monsieur Diederik Verbist – le locataire de l’abattoir de Bastogne – qu’il veuille bien « faire un pas de côté ». Les éleveurs attendent patiemment qu’on s’occupe enfin de leurs bêtes ; les perdants dont personne ne dira rien, ce sera eux, une fois de plus… Le citoyen, lui, s’interroge : une telle affaire aurait-elle pu éclater sans la proximité d’importantes échéances électorales ? La vague d’émotion ainsi suscitée fait-elle vraiment nos affaires, à nous autres consommateurs ?