Le moulin Lafosse

Le retour des moulins à pierre (5)
Le moulin Lafosse : un lieu de transformation qui rayonne et qui recrée du lien social

La première preuve d’existence d’un moulin à Lafosse, sur l’actuelle commune de Manhay, remonte… à 1314, grâce à un recensement des installations de l’Empire ! C’était un moulin banal qui appartenait alors à la seigneurie de Durbuy. Les ouvriers étaient souvent payés « en nature », en saumons par exemple qui étaient alors nombreux dans les cours d’eau ardennais. Aujourd’hui, le moulin revit grâce à l’association Aisnagué. Rencontre avec Olivier Meessen, cheville ouvrière de cette aventure…

Au village de Lafosse autrefois, les hommes détournèrent une partie du cours de l’Aisne, pas très loin en aval du moulin d’Odeigne. Le bief amont serpente paisiblement, presque horizontalement, sur deux cent cinquante mètres vers le moulin. Dans la chute d’eau de quatre mètres ainsi créée furent installées la roue du moulin à farine et, bien plus tard au milieu du XIXe siècle, celle de la scierie. L’eau est ensuite rendue à la rivière, via le bief aval d’une longueur de cent cinquante mètres.

Le meunier Joseph Hubert, né au village voisin de Lamormenil en 1867, a particulièrement marqué le lieu. Après s’être formé à l’ébénisterie, au dessin et à la photographie, à Liège et à Bruxelles, il projeta de partir en Amérique. Fort heureusement, il rata le bateau… qui sombra pendant la traversée ! Peut-être y vit-il une invitation à retourner sur sa terre natale car il s’installa alors au moulin de Lafosse, acquis par ses parents en 1904 et dont il hérita en 1925. La même année, le moulin est détruit par un violent incendie et, pour le reconstruire, Joseph Hubert s’inspire des techniques des premiers « buildings ». Il conçoit un bâtiment fait d’une ossature de poutres d’acier et de béton coffré. « Ainsi, il ne brûlera plus », proclame-t-il !

Moulin à farine, scierie de bois et centrale électrique pour les villages voisins de Lafosse, Lamormenil, Freyneux et Oster, le moulin tourna a plein régime jusque la fin de la Seconde Guerre mondiale. Puis Joseph Hubert décède et les enfants – dont Jean Hubert, le dernier meunier – poursuivent l’activité qui baisse progressivement au profit des meuneries industrielles. Le moulin s’assoupit dans les années cinquante et est revendu fin des années septante. La scierie est démontée par le nouveau propriétaire dans les années qui suivent…