Odyssée pour notre santé : étape du 30 septembre à Gembloux

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Ce mardi 30 septembre, l’Odyssée pour notre santé faisait étape à Gembloux. Les mutuelles de santé françaises sont à l’origine de ce projet, et d’autres acteurs, comme Nature & Progrès, les ont rapidement rejoint. L’objectif est de faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides.

Après une balade à vélo et en fanfare de Namur à Gembloux, le rendez-vous de la soirée chez Agricotiers a réuni près de 150 personnes ! Des animations et stands d’information (Nature & Progrès, la Mutualité Chrétienne, association de soutien aux victimes des pesticides…) accueillaient les participant.e.s.

Faits et témoignages en introduction

Pour introduire la table-ronde, plusieurs prises de parole. Pia Monville, coordinatrice d’Agricovert, a insisté sur l’importance de soutenir celles et ceux qui produisent en prenant soin du vivant. Elle a insisté sur la dimension de responsabilité et l’existence de solutions, et conclut en appelant au courage et à la conscience de croire encore et toujours dans un monde meilleur.

Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, a salué les pionniers qu’étaient Nature & Progrès. En effet, c’est en réaction au livre « Printemps silencieux » de Rachel Carson, publié en 1962 pour alerter sur la dangerosité des pesticides, que Nature & Progrès (France) s’est créé, deux ans plus tard. Il a rappelé l’objectif : que la terre soit habitable pour une vie digne et heureuse. Martin Rieussec-Fournier a également appelé à la solidarité pour « La fabrique à sucre » à Cambrais, une initiative qui vise à créer une filière de sucre avec des betteraves bios, et qui rencontre actuellement des difficultés de financement. Rendez-vous le 6 octobre au « Serment de Cambrais » pour soutenir nos voisin.e.s !

Nous avons ensuite écouté le témoignage de Gisèle qui illustre les liens entre l’utilisation de pesticides et la maladie de Parkinson. Ce rapport de cause à effet est formellement reconnu en France, puisque Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs.

Agnès Chapelle, représentante de la Mutualité Chrétienne, a conclu l’introduction en rappelant de nombreux éléments factuels, comme la mauvaise qualité de l’eau en Wallonie ou les résultats des biomonitorings wallons réalisés par l’ISSeP (99% des urines des enfants montrent des traces d’au moins un insecticide). Pour les mutualités de santé, l’intérêt de l’alimentation bio pour la santé est indéniable : il est donc essentiel de travailler sur son accessibilité.

Table-ronde

La table ronde qui a suivi devait réunir Anne-Catherine Dalcq, Ministre wallonne de l’Agriculture, et Yves Coppieters, Ministre wallon de la Santé de l’Environnement. Malheureusement, les Ministres ont été retenu.e.s par le conclave budgétaire. Leurs représentants respectifs ont pris le relais. Virginie Pissoort, experte pesticides chez Nature & Progrès, introduisait les prises de parole , animées par Yves Raisière, rédacteur en chef de Tchak!, sur base de questions récoltées lors d’une consultation citoyenne.

Virginie Pissoort a rappelé un ensemble de faits et d’engagements marquants : les chiffres du bio et l’écart avec les objectifs annoncés (12% de surfaces agricoles utiles en 2024 alors qu’on en voulait 30% en 2030 en Wallonie), les objectifs du PWRP, le soutien insuffisamment ciblé à l’agriculture biologique, la lasagne législatives wallonnes et européennes qui résulte finalement en une non protection efficiente des citoyens.

Comme en réponse à l’introduction, les représentant.e.s des Ministres ont insisté à plusieurs reprises sur l’importance de casser le mythe du « bio trop cher ». Une perspective que rejoint totalement Nature & Progrès.Le représentant du Ministre de l’Environnement a rappelé qu’avec la crise médiatique des PFAS, c’était la première fois qu’il y avait une telle preuve de l’ampleur de l’impact potentiel des pesticides. Il a également insisté sur la capacité du bio à « faire de la masse », comme on l’a vu dans le stand Tomorrow Food à la Foire de Libramont (ou encore dans notre film Intensif, à voir et à revoir). Il soulignait par ailleurs la nécessité de cibler les actions : plutôt que d’interdire tout épandage de pesticides dans un rayon de 3 km, il vaut mieux prendre des mesures utiles aux bons endroits.

Sur la centaine de questions reçues pour préparer la table-ronde, toutes n’ont pas pu être abordées. On peut regretter que la question proposée par Hugues De Bolster reste sans réponse : « Est-ce qu’on n’est pas dans un Hiroshima silencieux ? Et est-ce que la réaction des hommes et des femmes politiques n’est pas de mettre la tête dans le sable, exactement comme on a fait pour l’amiante ? »   

La suite ?

Les Etats généraux de la protection des Cultures, une initiative de la Ministre Anne-Catherine Dalcq, devraient commencer le 31 octobre prochain. Nature & Progrès continuera évidemment à suivre ces discussions de très près.

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Les prochains rendez-vous de l’Odyssée pour notre santé : Surice-Philippeville dans une ferme Nature & Progrès (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10) ! Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

Lutte contre les pesticides : du 27 septembre au 3 octobre, à Bruxelles et partout Wallonie une Odyssée à vélo pour notre santé.

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18 septembre 2025

Communiqué de presse

Initiée par des mutuelles de santé, auxquelles se sont joints d’autres acteurs de la société, « l’Odyssée pour notre santé » vise à faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides. Sous la forme d’une caravane de cyclistes avec des agriculteurs victimes ; elle prendra le départ à Bruxelles et parcourra toute la Wallonie du 27 septembre au 3 octobre prochain. Son objectif : conscientiser sur les menaces des pesticides sur la santé et faire bouger les lignes pour une agriculture saine et robuste.

Un nouveau cap agricole s’impose : une agriculture affranchie des pesticides, pour notre santé et celle des écosystèmes. Cette volonté  s’inspire des victoires obtenues sur le danger que représentait – et représente toujours – l’exposition à l’amiante. Malgré les études scientifiques et les méta-analyses[1] démontrant les liens entre « exposition aux polluants chimiques, dont les pesticides et maladies » et « alimentation biologique et bienfaits pour la santé », les pesticides continuent d’être autorisés et utilisés massivement par les agriculteurs.rices en Europe, comme l’a été l’amiante, pendant des décennies. 

Pour Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, à l’origine de ce mouvement, il est urgent d’agir «Il a fallu un siècle pour faire interdire l’amiante, alors que la dangerosité était connue depuis 1906 et que des innocents en mourraient. L’amiante cause toujours plus de 90 000 morts par an en Europe. On ne peut pas accepter qu’il en soit de même avec les pesticides, qui rendent les gens de plus en plus malades, et de plus en plus jeunes. De surcroît, notre système de santé publique ne tiendra pas le coup.» 

Cette Odyssée à travers l’Europe s’étendra sur trois années. Elle commence par Bruxelles, siège des institutions européennes où se décident les fondements des normes en matière de pesticides et l’avenir de la Politique agricole commune. La caravane de cyclistes, bien visible grâce à des carottes géantes, sillonnera, une semaine durant, les routes de Wallonie pour rejoindre les différentes étapes du tour : Braives (28/09), Liège (29/09), Namur-Gembloux (30/09), Surice-Philippeville (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10).

A chaque étape, différentes activités sont organisées par les acteurs locaux, avec comme ambition de sensibiliser les populations aux dangers des  pesticides et de faire connaître les bénéfices de l’agriculture biologique pour la santé. 

Au programme (variable selon les étapes) : goûter et spectacle de clowns, fanfare, témoignages de victimes de pesticides, buffets et tables partagées bio évidemment, mais aussi des tables rondes et conférences avec des agriculteurs, des spécialistes et des responsables politiques[2].

Pour les mutualités belges particulièrement impliquées dans cette Odyssée, comme Solidaris et la Mutualité chrétienne, la prise en compte de ce lien « santé-pesticides » en vue d’un changement systémique de modèle agricole et alimentaire robuste, durable et sain s’impose. 

« À la Mutualité chrétienne, nous défendons une agriculture qui protège les citoyens, les agriculteurs et notre environnement. C’est tout le sens de notre engagement dans l’odyssée pour notre santé. Réduire l’usage des pesticides, c’est prévenir les maladies, préserver la biodiversité et garantir à chacun un accès équitable à une alimentation saine.» déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC. 

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

[1] Voyez entre autres, l’INRAE, et l’INSERM.

[2] Entre autres, la ministre AC. Dalcq et le Ministre Y. Coppieters en débat à Gembloux le 30 septembre, la  députée Céline Tellier en table ronde à Surice le 01 octobre,…

Les pesticides PFAS bientôt interdits ? En Belgique, les ambitions diffèrent selon les niveaux de pouvoir.

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17 septembre 2025

Communiqué de presse

Ce 16 septembre, des auditions étaient organisées à la commission Climat de la Chambre des représentants sur une proposition de loi d’interdiction pure et simple de mise sur le marché des pesticides PFAS en Belgique.[1] En Wallonie, les partis de la majorité avancent avec une timide motion d’interdiction d’utilisation des pesticides PFAS qui ne concernerait que les particuliers et pas les utilisateurs professionnels. La société civile réitère sa demande de stopper en amont toute pollution des eaux et de notre alimentation aux pesticides PFAS.

Les pesticides PFAS ont pénétré nos campagnes depuis le début du XXIᵉ siècle. Reconnus pour leurs propriétés hydrophobes et lipophobes (répulsives aux graisses), ils bénéficient d’une stabilité renforcée, gravissant les échelons dans l’arsenal des intrants chimiques à disposition du monde agricole. Rien qu’en 2022, les ventes avaient augmenté de 20% en Belgique, avec une croissance maintenue en 2023.[2]

Vu leur formule chimique similaire, ces herbicides, fongicides et insecticides PFAS se transformeraient tous en TFA (acide trifluoroacétique), un PFAS à chaine courte extrêmement mobile et persistant qui contamine la qualité chimique nos ressources en eaux dans des proportions inquiétantes [3] et de façon quasi irréversible. Quant aux effets de ces pesticides PFAS et de leur métabolite commun, le TFA, sur la santé, ils restent mal connus, car trop peu investigués jusqu’à présent. Cependant, les études existantes suggèrent des risques similaires à ceux des PFAS à chaîne longue, notamment d’être reprotoxique pour l’être humain (lésions hépatiques, malformations, …). [4]

Au niveau fédéral – compétent en matière de mise sur le marché des produits – Une proposition de loi visant à interdire la mise sur le marché de ces pesticides PFAS en Belgique avait été déposée sous l’ancienne législature. L’actuelle Commission Climat du Parlement fédéral l’a ressortie des tiroirs pour la mettre en discussion. En vue d’éclairer les parlementaires sur les tenants et aboutissant des pesticides PFAS, elle a sollicité l’avis de différentes institutions et organisations : syndicats agricoles, services publics, acteurs de la société civile, chercheurs … Les auditions de ce 16 septembre[5] et avis écrits ont permis de rendre compte de l’ambition de la proposition de loi sur la table, de l’ampleur des enjeux, de certains blocages aussi. Cette proposition vise tous les produits phytopharmaceutiques PFAS (biocides et pesticides), tous les composants (substance active et co-formulant) et tous les utilisateurs, professionnels ou particuliers. À la suite de ces auditions, la proposition sera à l’ordre du jour des débats de la Commission Climat le 23 septembre prochain.

 

 

Dans le même temps, au niveau régional – compétent en matière d’utilisation des produits pesticides pour protéger l’environnement et la santé – en Wallonie, à la faveur d’un cycle d’auditions sur les pesticides organisé au Parlement cet été, les partis de la majorité (MR-Engagés) annoncent une motion pour interdire l’utilisation des pesticides PFAS mais qui ne concernerait que les particuliers et pas les agriculteurs. Un projet d’arrêté, en cours d’élaboration au niveau du cabinet de l’environnement, disposerait de la même limitation, ce qui est largement insuffisant par rapport à la hauteur des enjeux. [6]

« L’utilisation des pesticides PFAS en dehors des professionnels de l’agriculture est tout à fait anecdotique.  On parle de 4 substances actives, dont trois sont à peine commercialisées en Belgique, et la quatrième, particulièrement utilisées par les agriculteurs. En 2025, avec tout ce qu’on connait des risques des pesticides PFAS pour l’environnement et la santé, se limiter à interdire l’utilisation des pesticides PFAS pour les seuls particuliers, tout en laissant les agriculteurs libres de continuer à les utiliser, c’est créer l’illusion d’agir, tout en faisant du sur place. » s’insurge Virginie Pissoort, Responsable Plaidoyer chez Nature et Progrès.

[1] https://www.lachambre.be/flwb/pdf/56/0079/56K0079001.pdf

[2] Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation. – Nature & Progrès

[3] Monitoring TFA – 2eme rapport – Avril 2025_V2.pdf

[4] German agencies classify TFA as toxic substance | Umweltbundesamt

[5] https://media.lachambre.be/archives?dateFrom=2025-09-16&dateTo=2025-09-16

[6] Le Parlement de Wallonie, à 2h38’.

Pesticides : le Parlement Wallon donne la parole aux experts

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24 juin 2025

Communiqué de presse

Ce 24 juin marque le début d’un marathon d’auditions au Parlement de Wallonie sur la question des pesticides. Cette initiative fait suite aux déclarations de la ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, en avril dernier. Ses propos, jugés comme minimisant les risques liés aux pesticides, ont suscité de vives réactions, notamment dans la communauté scientifique.[1] En réponse, les commissions parlementaires ont décidé d’organiser une série d’auditions. En tout, une vingtaine d’experts et de parties prenantes seront entendus entre ce 24 juin et le 10 juillet.

L’organisation de ces auditions n’a pas été sans incident, et à juste titre. Initialement proposées en Commission Santé et Environnement, leur élargissement à une commission conjointe avec les parlementaires de la Commission Agriculture s’est rapidement imposé comme une évidence. Chaque groupe politique a pu suggérer des intervenants. Au vu des agendas chargés et de la multiplicité des experts, il a été décidé d’entendre certains experts en commission conjointe, d’autres en commission santé et environnement.

Concrètement, certains intervenants – principalement les experts sur les dimensions environnementale et de santé publique des pesticides ne seront écoutés et entendus « que » par les parlementaires de la commission Santé-Environnement, alors que les autres – dont les représentants des syndicats agricoles, et certaines institutions – seront eux écoutés en Commission conjointe.

Un cloisonnement que regrettent les membres de l’opposition et de la société civile, vu la transversalité de la problématique et la prégnance du problème, il est fondamental que les parlementaires de la Commission Agriculture s’imprègnent des impacts des pesticides pour la santé, l’environnement et la société en général. Dans un courrier aux présidents de partis du 6 juin, nous écrivions :

« Nous sommes convaincus que pour réussir à atteindre l’objectif de réduction de 50% des pesticides en Wallonie, la vision en silo qui a majoritairement prévalu sur ces enjeux par le passé doit faire place à une véritable démarche de regards croisés et d’approche globale. » [2]

Ce matin, les parlementaires de l’opposition sont revenus sur l’incohérence de disjoindre ces auditions et ont insisté pour que les rapports d’audition soient conjoints.

Il est toutefois à souligner que la ministre de l’Agriculture Anne-Catherine Dalcq était présente dès le début des auditions, en Commission Santé et Environnement, pour écouter, aux côtés du ministre Yves Coppieters, tous les experts : la cellule Environnement de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), Bruno Schiffers docteur en agronomie, Grégoire Wieërs de l’unité d’enseignement « One health » de l’université de Namur, et un représentant de la cellule CPES du SPW – ARNE.

Aux exposés détaillés et fouillés des 4 intervenants qui ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques et les dangers qu’il est impossible de résumer iciont succédé des salves de questions et échanges jusqu’en début d’après-midi, démontrant l’intérêt pour toutes les présentations développées, complémentaires les unes des autres. En termes de conclusion des présentations, on notera des nuances. Là où la SSMG et le professeur Schiffers se rencontrent fermes sur la nécessité d’agir à la source, et de stopper la contamination dès à présent ; les deux intervenants suivants étaient moins pressants, soulignant la nécessité des monitorings, biomonitorings, des collecte de données, d’analyse’évaluations des pratiques, etc. 

« Ce premier cycle d’auditions a donné un éclairage clair et détaillé sur les effets déjà là, observés et documentés des pesticides pour la santé et l’environnement. On ne peut qu’espérer que, les parlementaires et les deux ministres présents, mieux informés des risques réels des pesticides prendront leur responsabilité en matière d’utilisation des pesticides, à l’avenir. » conclut Virginie Pissoort de Nature et Progrès, après avoir assisté à cette matinée d’auditions.

Prochaines auditions : 25 juin, 7, 8 et 10 juillet. Toutes sont et seront disponibles en ligne sur le site du Parlement.[3] Et, après ? la balle sera dans le camp de nos responsables politiques qui n’auront plus aucune excuse pour ne pas agir. Les citoyens ont l’occasion de rejoindre l’appel des professionnel.le.s de la santé et scientifiques en faisant entendre leur voix via notre appel[4].

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot

[2] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/06/250606_AuditionsPW_Demande-de-commission-conjointe.pdf

[3] Le Parlement de Wallonie

[4] https://www.natpro.be/actus/pesticides/citoyen%c2%b7nes-rejoignez-les-profesionnel-le-s-de-la-sante-et-scientifiques-et-faites-entendre-votre-voix/

Citoyen·nes, rejoignez les professionnel.le.s de la santé et scientifiques et faites entendre votre voix !

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Nous aurons l’occasion de la porter lors des auditions parlementaires prévues ces 24/06 et 8/07, pour que les citoyen.nes et en particulier, les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, soient protégés des pesticides.

Rejoignez-nous et signez notre appel ci-dessous !

Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

Nous, société civile, rejoignons l’appel lancé par les professionnel·les de la santé et les scientifiques pour interpeller la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq, ainsi que le gouvernement, afin de protéger celles et ceux qui sont en première ligne face aux pesticides : les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, et in fine, nous toutes et tous.

Ce n’est pas un débat technique réservé aux spécialistes ou aux lobbies. Ce qui est en jeu, c’est notre droit fondamental à vivre dans un environnement sain.

Nous rejoignons l’appel des professionnels de la santé sur les points suivants[1] :

Tout d’abord, assimiler un pesticide à « une molécule trouvée dans la nature que l’on a modifiée un peu pour mieux cibler son action », comme l’affirme la ministre, est au mieux l’indice d’une sérieuse méconnaissance de ces produits (car la majorité des pesticides sont à ce jour des molécules de synthèse), au pire, l’indice de la volonté de nier la dangerosité pourtant avérée de certaines de ces molécules. Dans les deux cas, cela est hautement problématique, et incompatible avec le devoir d’exemplarité d’une ministre de l’Agriculture.

Mais encore, il est inexact de dire que « tous les paramètres de santé sont contrôlés par des toxicologues ». En effet, le système actuel comporte de nombreuses lacunes, notamment au niveau des essais qui se basent sur des modèles simplifiés ne pouvant rendre compte de la complexité des systèmes naturels. La preuve en est, qu’après quelques années d’utilisation en conditions réelles, des effets indésirables sont observés sur la santé et/ou sur l’environnement, aboutissant à un retrait des autorisations délivrées (l’exemple du retrait récent du Flufénacet est démonstratif). Ces interdictions ou retraits n’empêchant d’ailleurs pas leurs effets néfastes de perdurer. Il en va ainsi de dizaines de pesticides ou de leurs produits de dégradation, toxiques et rémanents dans l’environnement, comme le DDT et autres organochlorés interdits depuis des années voire des décennies, que l’on retrouve sous forme de résidus dans nos aliments, nos eaux souterraines et finalement comme contaminants dans notre sang. Demain ce sera le cas des dérivés des pesticides PFAS.

La ministre semble ignorer les tenants et aboutissants de la procédure d’autorisation des produits phytopharmaceutiques (les « pesticides »), ce qui est inquiétant.

(…) la partie la plus problématique de l’enjeu des pesticides concerne notre santé, celui-ci devrait – c’est le bon sens même – être discuté avec scientifiques et médecins, mais il semble que la ministre préfère en discuter avec les entreprises phytopharmaceutiques et les producteurs de semences tout en continuant d’ignorer, comme ses prédécesseurs, les effets délétères massifs des pesticides sur la santé et la biodiversité.

Pourtant les données scientifiques ne cessent de s’accumuler et de renforcer le faisceau de preuves. Paradoxalement, les résultats des études commanditées par la Région Wallonne elle-même ces dernières années restent ignorés, les experts scientifiques inaudibles et les recommandations émises non suivies d’effet. Pour preuve l’AGW sur l’emploi des pesticides qui n’a pas été révisé suite aux études menées par l’ISSeP, le CRA-W et l’ULiège.

Nous sommes toutes et tous contaminés par les pesticides, y compris pendant des périodes de vie de haute vulnérabilité à leur toxicité. Femmes enceintes, bébés, enfants, adolescents. Personne n’y échappe. Les études de biomonitoring montrent que dans notre pays, les pesticides sont d’ailleurs parmi les polluants les plus retrouvés chez les enfants.

En Belgique, plus de 5.000 tonnes de substances actives pesticides sont épandues chaque année. Une grande part des substances autorisées en Belgique sont cancérigènes, toxiques pour la reproduction, toxiques pour les organes, irritantes pour la peau. De nombreuses substances actives ont des effets de perturbation endocrinienne. Une trentaine sont des PFAS. Sans oublier toutes les autres substances ajoutées à la molécule active, les co-formulants, dont plusieurs sont des biocides (métaux lourds, arsenic, hydrocarbures…).

L’impact des pesticides sur le déclin de la biodiversité et sur la santé humaine est considérable. Ce ne sont pas des opinions. Ce sont des faits scientifiques.

Nous ne pouvons accepter que la santé soit la variable d’ajustement des systèmes alimentaires industriels. Nous ne pouvons accepter que la santé soit la grande oubliée des discussions et des décisions prises en matière d’agriculture. Aujourd’hui, les externalités négatives du complexe agro-industriel sont assumées par la société, par nous toutes et tous. Les coûts en termes d’impact sur la santé sont colossaux. L’épidémie de maladies chroniques (cancers, maladies neurodégénératives…), outre toutes les souffrances qu’elle occasionne, ne fait qu’appauvrir la collectivité. Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

 

Nous ajoutons :

L’évaluation des risques qui précède la mise sur le marché des pesticides n’est pas complètement maitrisée par les toxicologues et elle est tout à fait INSUFFISANTE :

  • l’étude de la toxicité à long terme n’est pas requise
  • les effets cumulatifs ne sont pas évalués
  • les co-formulants passent sous le radar
  • l’effet sur les bébés est mesurée en fixant son poids de référence à 9kg l’adolescent à 60 kg
  • les études épidémiologiques sont sous estimées ; seules les bonnes pratiques de laboratoire produites par l’industrie sont prises en compte et elles sont souvent illisibles pour les évaluateurs …
  • les métabolites – produits de dégradation des substances actives des pesticides – ne sont pris en compte que s’ils ont été jugés pertinents
  • la perturbation endocrinienne doit être évaluée depuis 2018 mais des dizaines de pesticides qui sont à l’étude sur ce critère continuent à être provisoirement autorisés en attendant les résultats de ces études …

Dans ces conditions, il est impossible d’affirmer qu’un pesticide autorisé est sans risque.

Il suffit d’un détour par la France pour comprendre la gravité du problème : certaines maladies comme certains cancers ou la maladie de Parkinson sont désormais reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs exposés aux pesticides.

Les pesticides ne sont pas une fatalité.

Les alternatives aux pesticides existent ; nos agriculteurs bio le prouvent tous les jours, depuis des décennies parfois! Chez Nature & Progrès, nous le démontrons à travers différentes actions et outils : venez à la rencontre de notre réseau de producteurs bio et locaux, à la découverte de la campagne Vers une Wallonie Sans Pesticides qui documente sur et avec les acteurs de terrain les pratiques alternatives aux pesticides culture par culture, regarder notre film-documentaire intensif ces agriculteurs alliés de la terre qui suit 3 parcours bio inspirant le temps d’une saison en grandes cultures bio, etc.

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus rester silencieux. Alors que des auditions auront lieu les 24 juin et 8 juillet, nous voulons que la voix des citoyen·nes compte, aux côtés de celle des médecins, des chercheurs, des soignants.

Il faut du courage et de l’accompagnement des acteurs pour changer nos modèles de production, mais c’est nécessaire pour notre santé et celle de la terre !

 

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot

Le Ministre Frank Vandenbroucke est appelé à ne pas transiger sur ses responsabilités en matière de pesticides !

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21 mai 2025

Communiqué de presse

Des organisations dont des mutuelles de santé et de la  société civile comme Nature & Progrès, demandent au ministre de la santé Franck Vandenbroucke de faire entendre sa voix dans les décisions sur l’autorisation des pesticides, comme il en a la prérogative. Il s’agit d’un rôle qu’il a jusqu’ici abandonné.

Les pesticides ont un impact majeur sur la santé des citoyens et des agriculteurs. Des études scientifiques le confirment tous les jours, le doute n’est plus permis.  L’exposition provient principalement de l’alimentation, mais également des dérives de pesticides auprès des riverains, de la pollution de nos eaux, etc … Des liens ont été établis entre l’exposition aux pesticides et différents cancers (particulièrement lymphome non hodgkinien, myélome multiple, mélanome cutané, cancer des ovaires, du sein et de la prostate), les maladies respiratoires, les troubles neurodégénératifs (maladie de Parkinson), les troubles du développement et de la cognition, les troubles cardiovasculaires, l’infertilité et les malformations congénitales, l’intoxication aiguë, les troubles immunitaires ou les dommages causés au microbiome.

L’arrêté royal du 28 février 1994 relatif au stockage, à la mise sur le marché et à l’utilisation des pesticides à usage agricole prévoit que le ministre de la Santé dispose d’un droit de codécision en matière de pesticides. [1] Il s’agit précisément de veiller à ce que la réglementation européenne – qui place la protection de la santé humaine et de l’environnement au cœur de ses priorités, y compris dans le cadre de la production alimentaire – soit appliquée de manière cohérente et responsable. Ce droit de codécision a fait l’objet d’une transaction lors de la précédente législature, à la suite d’un protocole d’accord conclu entre les ministres de la Santé et de l’Agriculture.[2] Or, ces deux ministres sont toujours en fonction avec les mêmes attributions : la société civile s’oppose à ce qu’un tel protocole soit à nouveau signé par les ministres.

Aussi, la société civile belge, inquiète, se mobilise pour que le ministre Frank Vandenbroucke assume enfin pleinement et entièrement ses responsabilités en la matière au cours de cette législature et qu’il protège sa population.

Un précédent courrier d’organisations environnementales et de protection de la nature du 6 février 2025 est à ce jour resté sans réponse officielle. Une déclaration est publiée ce 21 mai 2025.[3]

 “ La question des pesticides dépasse de loin les pratiques agricoles et la protection des cultures. Les preuves scientifiques de leur toxicité pour notre santé, et celle des agriculteurs eux-mêmes, abondent. Ce n’est pas pour rien que depuis 1994, il est prévu que le ministre de la Santé dispose d’un pouvoir de co-décision en matière d’autorisation de mise sur le marché de ces produits. Cette compétence a été abandonnée lors de la précédente législature mais le ministre Vandenbroucke doit prendre ses responsabilités et exercer son pouvoir de co-décision en la matière. De surcroît, c’est tout à fait en phase avec la vision “One health” si chère à la Belgique.” note Virginie Pissoort de Nature & Progrès

[1] Arrêté royal du 28 février 1994 relatif à la conservation, à la mise sur le marché et à l’utilisation des pesticides à usage agricole, article 8.

[2] Protocole entre le ministre des Affaires Sociales et de la Santé Publique et le Ministre des Classes Moyennes, des Indépendants, des PME et de l’Agriculture du 20 octobre 2020

[3]  https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/05/Les-organisations-de-sante-et-environnementales-demandent-au-ministre-Vandenbroucke-de-faire-entendre-sa-voix-dans-les-decisions-sur-les-pesticides.pdf

Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation.

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20 mars 2025

Communiqué de presse

La semaine pour « les Alternatives aux Pesticides », du 20 au 30 mars, nous rappelle pourtant que les pesticides ne sont pas une fatalité.

Pour les 31 substances actives PFAS commercialisées en Belgique, les années 2022 et 2023 affichent une augmentation globale des ventes de plus de 20 % par rapport à 2021.[1] Malgré un consensus sur l’objectif de réduction de l’usage des pesticides chimiques et l’existence d’alternatives, particulièrement mises en avant à l’occasion de la Semaine pour « les Alternatives aux pesticides » du 20 au 30 mars, l’usage de pesticides PFAS, persistants pour notre environnement et risqués pour notre santé, continue de se répandre.

Initiée en France en 2006, la Semaine pour les Alternatives aux Pesticides a lieu chaque année du 20 au 30 mars.[2]. Ces dates sont symboliques, car elles correspondent aux dix premiers jours du printemps, marquant le retour des oiseaux et du beau temps, mais aussi celui des épandages dans les champs. En Belgique aussi, cette période est une occasion de montrer et de démontrer que les pesticides ne sont pas une fatalité et qu’il est possible de s’en passer. Nature & Progrès et ses membres – agriculteurs et agricultrices, consommateurs et consommatrices – l’ont bien compris et s’emploient depuis des décennies à prouver la réalité et la faisabilité d’une agriculture sans pesticides de synthèse, notamment à travers : le projet « Vers une Wallonie sans pesticides »[3], le film « intensif, ces agriculteurs, alliés de la terre »[4], le podcast « Les éclaireurs invisibles »[5], etc.

Mais les freins à l’essor de ces alternatives sont nombreux et, in fine, davantage politiques ou réglementaires que véritablement techniques ou agronomiques. Parmi les principaux obstacles figure l’autorisation et la commercialisation des produits phytopharmaceutiques (PPP). Parmi ces PPP, les pesticides PFAS ont pénétré le marché depuis le début du XXIᵉ siècle. Présentant des propriétés hydrophobes (hydrofuges) et lipophobes (répulsives aux graisses), ces herbicides, insecticides et fongicides bénéficient d’une stabilité renforcée, ce qui leur a permis de gravir les échelons dans l’arsenal des intrants chimiques à disposition du monde agricole.

Alors que, dans notre première étude exploratoire sur les pesticides PFAS en 2023, intitulée « Récolte toxique »[6], nous relevions une augmentation de 20 % des ventes de pesticides PFAS en une dizaine d’années, avec plus de 220 tonnes de substances actives vendues en 2021, les chiffres récemment révélés par l’administration pour les années 2022 et 2023 font état de plus de 270 tonnes en 2022. Cela représente une hausse de plus de 22 % en une seule année, tendance qui s’est maintenue en 2023.

« Depuis 15 ans, la Belgique met en place des plans de réduction de l’utilisation des pesticides (NAPAN, PWRP, etc.)[7]. Malgré cela, les ventes des produits les plus persistants dans l’environnement continuent d’augmenter. C’est aberrant ! La Belgique doit faire preuve de plus d’ambition et placer en priorité la protection de la santé et de l’environnement !»  souligne Virginie Pissoort, responsable plaidoyer chez Nature & Progrès.

La grande majorité des pesticides PFAS (c’est-à-dire les pesticides contenant au moins un atome de carbone entièrement fluoré), et probablement tous, se décomposeraient en TFA (acide trifluoroacétique). Les taux de contamination de notre environnement par le TFA, en particulier ceux de nos eaux, ne cessent d’augmenter. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’à ce jour, il n’existe aucune certitude quant à son élimination.[8] Au mieux, le TFA présent dans l’eau pourrait être neutralisé par osmose inverse, un procédé extrêmement coûteux, rendant sa généralisation peu envisageable.

Quant aux effets des pesticides PFAS et de leur métabolite commun, le TFA, sur la santé[9], ils restent mal connus et ont fait l’objet de trop peu d’investigations jusqu’à présent. Cependant, les études existantes suggèrent des risques similaires à ceux des PFAS à chaîne longue, notamment des perturbations endocriniennes, une reprotoxicité, des lésions hépatiques ou encore des maladies thyroïdiennes. D’ailleurs, les pesticides PFAS les plus commercialisés sont classés parmi les Candidats à la Substitution, une catégorie regroupant des pesticides reconnus pour leur haute toxicité.

Nature & Progrès ne peut que dénoncer la hausse continue de l’utilisation des pesticides PFAS. Il est donc urgent de stopper en amont leur vente et leur utilisation, et de mettre enfin les alternatives aux pesticides de synthèse au premier plan.

« La plupart des agriculteurs sont pris dans un entonnoir, un système de dépendance aux intrants chimiques en amont et de circuits de commercialisation qui leur échappent en aval. Les pouvoirs publics doivent encourager les pratiques agricoles sans produits chimiques, développer les filières, garantir un marché et mettre les agriculteurs en confiance afin qu’ils puissent s’affranchir des pesticides. Il en va de notre santé, de la leur, et de notre environnement aussi. » conclut Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer pour Nature & Progrès

[1] Données de vente | Phytoweb

[2] Semaine pour les alternatives aux pesticides – Du 20 au 30 mars 2025

[3] Wallonie sans pesticides – Nature & Progrès

[4] Intensifs, ces agriculteurs alliés de la terre : un documentaire à voir en exclusivité sur Auvio – Auvio

[5] Podcast – Nature & Progrès

[6] recolte-toxique-pfas-etude.pdf

[7] NAPAN, Nationale Actie Plan Action National Nationaal Actie Plan d’Action National (NAPAN) | Phytoweb, PWRP, Programme wallon de réduction des pesticides, Programme Wallon de Réduction des Pesticides | Région Wallonne

[8] Nature & Progrès réagit aux nouvelles informations sur la présence du TFA dans l’eau potable en Wallonie – Nature & Progrès

[9] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/01/3.-SSMG-Impacts_PesticidesPFAS_Sante.pdf

L’Europe vote enfin l’interdiction d’un pesticide PFAS : le Flufenacet sur la touche. Un pas dans la bonne direction.

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13 mars 2025

Communiqué de presse

Ces 11 et 12 mars, les Etats membres de l’Union européenne se sont réunis et ont voté l’interdiction du Flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004 en Belgique et en Europe qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA) et qui a récemment été reconnu comme « perturbateur endocrinien ». Les Etats membres ont pris leur responsabilité en décidant l’interdiction de cette substance. L’interdiction du flutolanil, également sur la table, n’a malheureusement pas recueilli la même majorité.

Parce que c’est un perturbateur endocrinien reconnu comme tel par l’EFSA depuis l’été 2024, et qu’il se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA) dans des proportions inquiétantes pour la préservation de nos ressources en eau, l’herbicide flufénacet vient d’être interdit en Europe. Ce vote des Etats membres[1] , attendu déjà en décembre 2024, mais postposé pour des raisons de formalité administrative, est une décision dont on peut se réjouir.

« C’est une belle victoire pour la protection de la santé et de l’environnement, nos ressources en eau en particulier.  Nous savons que la Belgique a soutenu cette interdiction et nous nous en félicitons même s’il eut été difficilement admissible d’en décider autrement. Le caractère de « perturbateur endocrinien est ce qu’on appelle un critère cut-off, qui ne laisse aucune latitude ou marge d’appréciation. C’est un signal aussi et nous l’espérons un premier domino qui tombe … » déclare Virginie Pissoort, responsable plaidoyer chez Nature & Progrès.

Il est reconnu que les PFAS à chaîne longue sont des perturbateurs endocriniens.  . Leur toxicité est, au mieux, modérée.[2] Aucune étude ne permettait de croire que les PFAS à chaîne courte (-CF3), qui constituent les 33 autres substances actives pesticides PFAS encore approuvées en Europe, y échappent. L’étude du caractère de « perturbation endocrinienne » des pesticides n’est à proprement parler obligatoire dans le cadre de la réglementation européenne sur les produits phytopharmaceutiques, que depuis 2018. Plusieurs substances actives sont à ce jour à l’étude et cela peut prendre des années. Pour le flufenacet, il est aujourd’hui avéré que c’est un perturbateur endocrinien. Demain très probablement également de nouvelles analyses aboutiront aux mêmes conclusions pour les autres pesticides PFAS pulvérisés sur nos champs et nos aliments.

Par ailleurs, la dégradation des pesticides PFAS en acide trifluoroacétique est une autre raison de mettre fin à ces substances. Les taux de contamination des eaux sont extrêmement préoccupants. Les rapports de PAN Europe et de ses membres, dont Nature et Progrès en 2024, l’ont révélé.[3]

Le fultolanil, un fongicide, largement utilisé en pommes de terre était également sur la table des Etats membres à cette réunion, précisément pour sa dégradation reconnue en acide trifluoroacétique. Malheureusement, l’interdiction proposée par la Commission n’a pas reçu l’adhésion des Etats Membres. La position de la Belgique sur ce dossier ne nous a pas été révélée.

D’ores et déjà, la sortie du flufénacet n’est pas sans importance pour l’agriculture et les agriculteurs. En Belgique, pas moins de 78.000 kilos de flufénacet étaient encore été commercialisé en 2023 (dernière donnée connue) et ce chiffre représente une hausse de 20% en une dizaine d’années. En France, Bayer aurait déjà annoncé de nouveaux herbicides, à base entre autres de dilfufenican, un autre herbicide PFAS.[4] Ceci n’est pas la solution, et démontre bien que l’approche substance par substance dans le cadre de la réglementation sur les pesticides est insatisfaisante à protéger notre santé et notre environnement.

« Face à la créativité et les innovations de l’industrie, Nature & Progrès préconise une interdiction généralisée de tous les pesticides PFAS, parce qu’ils sont toxiques pour notre environnement et plus que probablement pour notre santé, ces substances doivent être interdites dans les meilleurs délais. En juillet dernier, une proposition de loi interdisant la mise sur les marché et l’exportation des pesticides PFAS avait été déposée à la Chambre.[5] Nous ne pouvons que soutenir cette proposition, aujourd’hui dans les tiroirs. »

L’agriculture belge doit se tourner vers des solutions alternatives qui protègent réellement et durablement l’environnement, la santé et les agriculteurs. L’agriculture sans polluants chimiques doit devenir une priorité dans le cadre de toutes les politiques publiques concernées. Les alternatives aux pesticides chimiques de synthèse existent, nos agriculteurs bio le prouvent tous les jours.[6]

 

[1] cdf19932-5774-4925-a901-4d1134bf6f07_en

[2] Mokra, K. (2021), Endocrine disruptor potential of short-and longchain perfluoroalkyl substances (PFASs). A synthesis of current knowledge with proposal of molecular mechanism. International Journal of Molecular Sciences, 22(4), 2148.

[3] PFAS – Nature & Progrès

[4] Un nouvel herbicide céréales pour l’automne 2026

[5] La Chambre des représentants de Belgique

[6] https://www.natpro.be/wallonie-sans-pesticides/

Pesticides à Bruxelles : des organisations se mobilisent aux côtés de la Région Bruxelles Capitale

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17 décembre 2024

Communiqué de presse

Pour protéger la santé et l’environnement des Bruxellois·es, Nature et Progrès, PAN-Europe, We Are Nature Brussels et la Société royale apicole de Bruxelles et environs (SRABE) ont décidé de se mettre aux côtés de la Région de Bruxelles-Capitale, attaquée par Belplant pour avoir adopté un arrêté visant à mieux encadrer l’utilisation des pesticides.

Suite à l’Ordonnance du 20 juin 2013, les pesticides chimiques étaient déjà interdits dans la Région de Bruxelles-Capitale (RBC) dans certaines zones fréquentées par le grand public (espaces publics, crèches, écoles, maisons de repos, zones Natura 2000, etc.). Le 6 juin dernier, le gouvernement de la RBC a adopté, en troisième lecture, un arrêté plus ambitieux qui étend l’interdiction de principe à tout le territoire de la RBC, y compris aux jardins et parcs privés ainsi qu’aux surfaces agricoles consacrées à la production végétale, étant entendu qu’une période transitoire de six ans est octroyée pour ces dernières.

L’association Belplant, qui représente Bayer, Syngenta et d’autres producteurs de pesticides, a intenté un recours en annulation contre cet arrêté devant le Conseil d’État. Pour la RBC et les quatre organisations qui se sont portées parties intervenantes volontaires dans un recours déposé ce lundi 16 décembre, ce recours est non fondé et contraire au droit européen.

 » Il existe une directive sur l’utilisation durable des pesticides, la Directive SUD. Celle-ci impose des obligations   concrètes, dans le chef des Etats membres pour protéger l’environnement et les citoyens de la contamination des  pesticides, dont les risques ne sont plus à démontrer. La RBC a adopté un arrêté ambitieux visant à implémenter cette Directive sur le territoire hétérogène et spécifique que constitue la RBC. Mais force est de constater que cela dérange l’industrie. » précise Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature et Progrès et auteure du recours.

La spécificité de la région bruxelloise, densément peuplée mais également composée de superficies agricoles et de nombreux espaces verts est une réalité qui n’a pas échappé à l’association « We Are Nature. Bruxelles », également partie intervenante dans cette procédure. 

 » L’usage répété des pesticides mortifie les sols, qui deviennent imperméables aux eaux de pluie, augmentant ainsi le risque d’inondation à Bruxelles. Les pesticides empêchent également les sols de jouer leur rôle de puits de carbone et de régulateurs de la température dans une ville déjà saturée par la bétonisation. Les terrains non construits doivent absolument être maintenus comme tels et rester des sols vivants. Ils sont nécessaires pour la biodiversité, pour notre santé, et pour nous adapter aux effets du changement climatique » soutient Jean Baptiste Godinot, président de l’association « We Are Nature Brussels.

Les obligations en matière de restriction de l’utilisation des pesticides et de réduction des risques liés aux pesticides, imposées par la Directive SUD ne sont que très faiblement mises en œuvre par les Etats membres. Nonobstant les plans de réduction des pesticides, leur commercialisation ne diminue pas réellement et des pesticides dangereux et toxiques sont encore présents sur le marché. La RBC dont la route vers le « Zéro pesticide » avait été amorcée en 2013 fait figure d’exemple dans la Directive SUD. 

Pour Martin Dermine, directeur de PAN Europe:  « L’utilisation de pesticides génère des nuages de produits chimiques qui voyagent parfois sur de longues distances. Les Bruxellois peuvent s’enorgueillir que leur région soit la première au sein de l’Union européenne à respecter une directive vieille de 15 ans, en prévenant sa population de l’exposition aux pesticides et en protégeant son environnement ». 

La RBC a déjà déposé son mémoire en réponse à la requête en annulation de Belplant, mais pour les organisations intervenantes, l’intérêt de l’acte attaqué est tel qu’elles demandent au Conseil d’État d’être parties prenantes à la cause, aux côtés de la RBC.

Pour Christine Baetens, administratrice de la Société Royale Apicole de Bruxelles et Environs (SRABE),   » il a été clairement démontré que les pesticides sont extrêmement toxiques pour les abeilles et les autres pollinisateurs. Ils modifient leur comportement et affectent leur capacité de reproduction. Or, les abeille sont les véritables chevilles ouvrières de l’agriculture, grâce à leur rôle de pollinisateur. Une initiative comme celle de la RBC de restreindre l’utilisation des pesticides les plus toxiques est une nécessité. « 

Il appartiendra au Conseil d’État de se prononcer sur l’intérêt des quatre associations à intervenir dans ce contentieux et de juger de la recevabilité de leur requête.

Pour le reste, la procédure en annulation suivra son cours habituel : échanges d’écrits, avis de l’Auditeur, audience, etc. Un arrêt du Conseil d’État sur le bien-fondé de la requête en annulation n’est pas attendu avant l’été 2026. D’ici là, les pesticides autres que ceux à faible risque seront interdits, sauf dérogation, et une période de transition spécifique sera prévue pour les agriculteurs, que la RBC entend accompagner dans cette transition.

Un tournant dans l’histoire des pesticides PFAS : flufénacet, flutolanil ; aujourd’hui autorisés, demain interdits ?

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3 décembre 2024

Communiqué de presse

Ces 4 et 5 décembre, les Etats membres de l’Union européenne décideront du sort du flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004, qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA). Classé récemment comme « perturbateur endocrinien » et présentant un risque élevé de contamination des eaux à l’acide trifluoroacétique (TFA), la Commission européenne (CE) prend ses responsabilités et propose le non-renouvellement de cet herbicide dont les ventes ont atteint 63 000 kilos rien qu’en 2021 en Belgique. Cette dernière a indiqué qu’elle suivra la CE. Le flutolanil, fongicide utilisé notamment pour les pommes de terre et également émetteur de TFA, devrait connaitre la même destinée.

La pollution des eaux de surface et des eaux potables, y compris les eaux minérales, par le TFA est dénoncée par PAN Europe et ses membres, dont Nature et Progrès, depuis plusieurs mois.[1] En Wallonie, les analyses de la Société wallonne des eaux (SWDE) faisant suite à ces rapports montrent des concentrations moyennes de TFA allant de 500 à 1 500 nanogrammes/litre. En Flandre, les niveaux sont encore plus préoccupants : selon les données récentes de la VRT, certaines eaux potables atteignent jusqu’à 9 000 nanogrammes/litre. [2]

Le TFA, un métabolite extrêmement persistant des PFAS, serait principalement issu des pesticides PFAS dans les zones rurales, selon plusieurs études scientifiques[3] et l’Agence allemande pour l’environnement (UBA). Actuellement, 37 substances actives PFAS sont autorisées en Europe, dont le flufénacet et le flutolanil sur l’avenir desquels les Etats membres devront se prononcer demain. Toutes ces substances se décomposeraient en ce métabolite dénommé TFA. À ce jour, seule l’osmose inverse permet de neutraliser le TFA. Alors que les sociétés de distribution d’eau potable risquent de devoir faire face à des investissements exorbitants, in fine à la charge du contribuable, pour maintenir les taux de TFA en dessous des seuils acceptables ; les entreprises d’eau minérale, elles, ne disposent d’aucune alternative pour faire baisser le niveau de TFA dans leur eau.

Or, elles ne sont pas épargnées. A ce titre, la concentration impressionnante de TFA dans les eaux de Villers, révélée aujourd’hui par PAN-Europe, [4] à proximité de zones agricoles a de quoi interpeller. Les agriculteurs et les producteurs d’eau minérale subissent finalement les conséquences de l’industrie à la source de ces polluants. Les autorités qui  ont, jusqu’ici, autorisé la dissémination, en négligeant entre autres, de se soucier de ce métabolite ont la responsabilité de légiférer urgemment.  

Mais cela pourrait évoluer. D’éminents scientifiques tirent la sonnette d’alarme sur la menace de l’accumulation irréversible de TFA dans l’environnement. Ils soulignent la nécessité de « mesures contraignantes » pour réduire les émissions de TFA [5]. Récemment, l’Allemagne, pour donner suite à une étude produite par Bayer révélant le caractère reprotoxique du TFA, a demandé de classifier le TFA comme Reprotoxique de catégorie 1B, conformément au Règlement EC n°1273/2008 [6], faisant du TFA un « métabolite pertinent », écrit la CE dans sa proposition de non-renouvellement du flufénacet. Une telle classification pourrait être lourde de répercussion pour l’avenir de tous les pesticides PFAS.

Pour Salomé Roynel, responsable politique chez PAN Europe : « L’interdiction proposée par la CE d’interdire les deux pesticides PFAS que sont le flufénacet et le flutolanil est légalement requise.» PAN appelle tous les États membres à « suivre la loi et la science, en donnant la priorité à la protection de la santé humaine et de l’environnement et à adopter rapidement ces interdictions. »

De source sûre, la Belgique a confirmé qu’elle soutiendrait la position de la CE sur le non-renouvellement du flufénacet[7], dont le caractère de « perturbateur endocrinien » et « les risques de contamination des eaux souterraines au TFA sont élevés ». Il devrait en être de même du flutolanil, même si, dans ce cas, c’est l’absence d’étude finalisée sur les risques pour le consommateur liés à la présence de TFA dans les cultures agricoles qui est invoquée à la source de la proposition de non-renouvellement. [8]

Pour Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer : « Dès lors que la CE propose un non-renouvellement de la substance, nous n’en attendions pas moins de la part de la Belgique. La Commission semble enfin prendre le TFA en main, ce qui constitue une étape majeure dans la bataille contre les pesticides PFAS. Mais même si le flufénacet était interdit demain, après avoir été autorisé pendant 20 ans, ce revirement démontre bien que les règles d’autorisation des pesticides ne sont pas fiables. Ce n’est pas parce qu’un pesticide est aujourd’hui légalement mis sur le marché qu’on peut en conclure qu’il n’est pas nocif ou toxique. »

Toutes les analyses de résidus de pesticides, qu’elles soient effectuées dans l’air, [9] dans les chambres à coucher [10]  ou sur les personnes elles-mêmes[11] révèlent la présence de pesticides autrefois autorisés et maintenant interdits : ainsi, l’imidaclopride, le malathion ou l’atrazine, continuent de contaminer nos environnements, même après leur interdiction. 

« Il est temps que la Belgique mette toute son énergie à encourager des modes de production agricole qui se passent de polluants chimiques et qui cochent toutes les cases des défis de notre société : santé publique, biodiversité, eau, environnement, lutte contre les changements climatiques, emploi en milieu rural, etc. », conclut Julie Van Damme, secrétaire générale de Nature et Progrès.

Une agriculture sans polluants chimiques doit devenir une priorité pour protéger notre santé et celle de la Terre.

[1] PFAS – Nature & Progrès

[2] Kleinste soort PFAS duikt op in Vlaams drinkwater: « Lozingen door industrie en pesticiden moeten teruggedrongen worden » | VRT NWS: nieuws

[3] Pesticides can be a substantial source of trifluoroacetate (TFA) to water resources

[4] PAN Europe

[5]  The Global Threat from the Irreversible Accumulation of Trifluoroacetic Acid (TFA), Hans Peter Arp et al, Octobre 30, 2024

[7] EU Commission proposal to ban Flufenacet

[8] Review report on Flutolanil

[9] EXPOPESTEN – ISSeP

[10] Onderzoek in slaapkamers vindt cocktail van 21 pesticiden, Tytgat ziet “geen risico’s voor gezondheid” | VILT vzw

[11] BMH-Wal – ISSeP

Nature & Progrès réagit aux nouvelles informations sur la présence du TFA dans l’eau potable en Wallonie

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17 octobre 2024

Communiqué de presse

Nature & Progrès exprime sa profonde préoccupation face aux chiffres révélés[1] et à la communication sur la présence généralisée d’acide trifluoroacétique (TFA) dans l’eau potable en Wallonie, un métabolite des pesticides PFAS. La détection de cette molécule persistante dans des concentrations importantes des eaux de distribution confirme les données de notre étude exploratoire « TFA, un polluant éternel dans l’eau que nous buvons »[2]. Elle soulève de graves questions quant à la sécurité de notre eau et la gestion des « polluants éternels » comme les PFAS.

Le TFA, un sous-produit des pesticides PFAS et des gaz fluorés, est particulièrement problématique en raison de sa persistance extrême et de sa capacité à se déplacer facilement dans l’environnement. La première source de ce TFA en région rurale, comme à Philippeville où les plus hautes concentrations ont été trouvées, proviendrait des pesticides PFAS. Vingt-huit substances actives sont à l’origine de cette pollution et se retrouvent dans plus de 200 produits commercialisés en Belgique : herbicides, fongicides, insecticides, tout y passe. Bien que la toxicité du TFA soit encore mal connue, certaines études révèlent déjà des effets potentiels sur le foie et le système immunitaire, similaires à ceux observés avec d’autres PFAS à chaîne longue. Contrairement à ce que certains chiffres officiels pourraient laisser croire, la probabilité que le TFA soit toxique pour les mammifères ne doit pas être sous-estimée : l’Allemagne a d’ailleurs demandé à l’échelle européenne de classer le TFA comme reprotoxique, à la suite d’une étude communiquée par Bayer révélant des malformations sur les fœtus de lapins exposés au TFA.

L’été dernier, suite aux études publiées par Nature et Progrès et PAN Europe sur la présence de TFA dans les eaux, la région wallonne avait mandaté la SWDE pour réaliser un monitoring exhaustif sur la présence de TFA dans l’eau potable. Les résultats révélés par le ministre wallon de l’Environnement, Yves Coppieters, indiquent des concentrations atteignant jusqu’à 3100 ng/L à Philippeville, bien au-delà de la valeur guide de 2200 ng/L proposée par le conseil scientifique indépendant, sur la base de l’institut néerlandais pour la santé publique et l’environnement, RIVM. Bien que cette valeur ne remette pas immédiatement en cause la potabilité de l’eau, elle souligne la nécessité d’un suivi rigoureux, mais surtout de mesures correctives urgentes, pour stopper la pollution en amont.

« Ces niveaux de TFA dans l’eau sont d’autant plus inquiétants que l’utilisation des polluants à l’origine du TFA est en augmentation, comme l’a révélé notre étude « Récolte toxique[3] ». C’est particulièrement le cas des pesticides PFAS dont les ventes ont augmenté ces dernières années, pour atteindre 220 tonnes en 2021. Les niveaux actuels de pollution de nos eaux au TFA sont donc appelés à encore augmenter à l’avenir, si rien n’est entrepris pour faire cesser les sources de contamination. ». Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer, Nature & Progrès.

Face à la difficulté de traiter le TFA par les méthodes classiques comme les filtres à charbon actif, seule l’osmose inverse permet à ce jour de stocker ce polluant, une solution qui reste coûteuse et difficilement généralisable. Nous refusons que les coûts de cette dépollution soient répercutés sur les consommateurs. Conformément au principe du « pollueur-payeur », les industries responsables de la mise sur le marché de ces substances doivent prendre leurs responsabilités et contribuer au financement des mesures correctives.

Au vu de l’ampleur de la contamination, nous demandons une action immédiate des autorités publiques. Conformément à la Déclaration de politique régionale (DPR), où le ministre Yves Coppieters se veut ambitieux en termes de lutte contre les PFAS, nous l’enjoignons, au titre de ses compétences et du respect du principe de précaution, à interdire le plus rapidement possible l’utilisation de tous les pesticides PFAS, générateurs de TFA (flufénacet, diflufénican, fluopicolide, etc.) ainsi que les gaz fluorés. Au niveau fédéral, nous demandons une révision et une interdiction de toutes les autorisations de ces produits. La santé de nos concitoyens et la préservation de nos ressources en eau en dépendent.

En parallèle, nous appelons à un accompagnement des agriculteurs pour les aider à se détourner de ces produits dangereux et à adopter des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.

[1]http://environnement.wallonie.be/cgi/dgrne/plateforme_dgrne/news/visiteur/displaynews.cfm?idnews=695&langue=FR

[2] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2024/07/tfa-juillet-2024-v4.pdf

[3] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2024/03/recolte-toxique-pfas-etude.pdf

TFA, le polluant éternel dans l’eau que nous buvons.

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10 juillet 2024

Communiqué de presse

En mai 2024, Nature & Progrès, PAN Europe et d’autres organisations européennes, avaient sorti un rapport visant à alerter les autorités publiques sur une pollution chimique, jusqu’ici largement invisibilisée malgré sa présence généralisée : celle du TFA «TFA dans l’eau. Révélations exclusives sur une pollution ignorée». Ce 10 juillet, un nouveau rapport parait sur la présence du TFA dans l’eau que nous buvons. Les résultats de notre enquête ne sont pas rassurants. Nous demandons une interdiction rapide des sources de pollution, particulièrement les pesticides PFAS et les gaz fluorés.

Le TFA (l’acide trifluoroacétique) est un des principaux produits de dégradation des pesticides PFAS[1] et des gaz fluorés.[2] PFAS à chaine ultra courte, il n’en reste pas moins (par sa structure d’atome de carbone entièrement fluoré) extrêmement persistant dans l’environnement et très mobile. Négligé par les autorités publiques européennes, ses effets sur la santé publique sont encore largement méconnus. Cependant, les rares études toxicologiques laissent apparaitre des risques sanitaires comparables aux autres PFAS de structure similaire, comme le PFOA (malformation des fœtus -reprotoxicité et problèmes hépatiques), à des concentrations toutefois bien plus importantes[3].

Selon Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer pour l’ASBL Nature & Progrès, « Ce polluant émergent n’est pas nouveau, il a simplement été ignoré, tant dans le cadre de la réglementation européenne sur les pesticides chimiques de synthèse, alors qu’il s’agit d’un métabolite de pesticides, qui aurait dû être classé comme « pertinent » et à ce titre plafonné à 100 nanogrammes/L, que dans le cadre de la réglementation européenne sur l’eau. Résultat des courses, aujourd’hui, aucune limite claire et contraignante sur la présence du TFA dans nos eaux, n’existe à l’échelle européenne ».

Dans le cadre de la révision de la directive sur les eaux destinées à la consommation humaine, une limite réglementaire de 500 nanogrammes pour le « Total PFAS »[4] est proposée à partir de janvier 2026[5]. Ce plafond a été repris dans les trois régions, en Belgique. Mais, les résultats d’analyse des 55 échantillons d’eau potable, dont 36 échantillons d’eau du robinet, montrent que ce plafond « Total PFAS » est dépassé pour près de la moitié des eaux du robinet par le seul TFA.  On a observé une contamination des eaux potable au TFA allant jusqu’à 4100 nanogrammes/L, avec une moyenne de 740 ng/ L.

En Belgique, les deux seuls échantillons d’eau potable réalisés par nos soins dans le cadre de cette étude ont révélé des teneurs de 1100 et 320 ng/L. Ces résultats sont à mettre en perspective par rapport à d’autres sources d’information. Ainsi, à Bruxelles, selon la société Vivaqua, les analyses afficheraient des taux de 500 à 1500 ng/L, selon les points de captage et les dates. Les analyses chez nos voisins des Pays Bas pointent des valeurs entre 1200 et 1600 ng/L selon le rapport officiel néerlandais de 2022 sur la qualité de l’eau. En région wallonne, la SWDE a été chargée le 6 juin 2024 de coordonner un monitoring du TFA dans les eaux destinées à la consommation humaine de l’ensemble du territoire wallon.  Les résultats officiels sont attendus à la rentrée.

Par ailleurs, comme le montre notre rapport, un basculement vers la consommation d’eau en bouteille ne permet pas de s’assurer de l’absence de toute contamination. En effet, l’analyse des 19 eaux en bouteille révèle une contamination de 63% des eaux minérales et de source, même si la contamination moyenne affiche 278 ng/L.

Selon l’éminent institut des Pays Bas, le RIVM, qui s’est penché sur le TFA, une valeur maximale de 2200 ng/ L dans l’eau potable, pour le seul TFA, serait acceptable. A ce jour, dès lors les niveaux de contamination observés seraient, dans l’ensemble, encore contenus dans les marges de sécurité. Mais qu’en sera-t-il demain, sachant que les ventes de pesticides PFAS augmentent[6]?

Nous appelons à une réponse politique et globale rapide, pour garantir que nos eaux restent saines pour l’avenir. Cela implique au premier rang, l’arrêt en amont des sources de pollution au TFA de nos eaux, soit l’interdiction des pesticides PFAS et des gaz fluorés.

« Parmi les mesures sollicitées, dont un arrêt planifié et rapide des sources de contamination, nous demandons également une orientation des politiques publiques pour que les agriculteurs puissent se détourner du recours à ces pesticides PFAS. Également, conformément au principe du pollueur payeur, nous demandons que les distributeurs d’eau, et donc in fine donc, les consommateurs ne supportent pas la charge de la pollution et que les industries qui ont mis ces produits polluants sur le marché assument leur part de responsabilité. »

[1] Les pesticides qui contiennent des substances alkyls per- et polyfluorées (PFAS)

[2] Selon l’agence allemande (UBA), les pesticides chimiques seraient la principale source de pollution de l’eau en zone rurale. Viennent ensuite les gaz fluorés (que l’on retrouve dans l’eau de pluie), les stations d’épuration d’eau et la contamination industrielle, Trifluoracetat (TFA): Grundlagen für eine effektive Minimierung schaffen – Räumliche Analyse der Eintragspfade in den Wasserkreislauf | Umweltbundesamt

[3] Registration Dossier – ECHA (europa.eu)

[4] Le paramètre intitulé « PFAS (total) »,  vise à intégrer l’ensemble des PFAS mesurables dans l’eau.

[5] Directive – 2020/2184 – EN – EUR-Lex (europa.eu)

[6] Les ventes de pesticides PFAS, dont le top 3 en Belgique sont le flufenacet, le fluazinam, et le diflufenican, sont en augmentation sur la période de 2011-2021 de 20%. Rien que pour le flufenacet, 63 tonnes ont été vendues en 2021.  recolte-toxique-pfas-etude.pdf (natpro.be)

 

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Nature & Progrès engage une nouvelle action en justice contre les décisions d’autorisation de pesticides qui ne respectent pas la réglementation européenne

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5 juin 2024

Communiqué de presse

Nature & Progrès, PAN Europe et Bond Beter Leefmilieu attaquent la Belgique en justice pour des autorisations illégales de pesticides. Alors que l’UE a mis en place un cadre rigoureux à l’autorisation des pesticides, et en l’occurrence de l’abamectine, la Belgique autorise les pesticides à base de cette substance active bien au-delà du cadre réglementaire. Une illégalité qui fait écho au manque d’engagement de cette législature en termes de réduction des pesticides, malgré la déclaration de gouvernement de 2020.

Ce mardi 4 juin, l’ASBL et les deux ONG ont lancé un recours en annulation devant le Conseil d’État contre l’État belge pour avoir réautorisé trois pesticides hautement toxiques contenant de l’abamectine (les insecticides Acaramik[1], Safran[2] et Vargas[3]), en violation des règles de droit européen. L’objectif premier de la réglementation européenne qui encadre l’autorisation des pesticides est de protéger la santé des citoyens et l’environnement. Vu les risques de l’abamectine, l’UE a posé comme condition que les utilisations d’abamectine soient limitées à des systèmes complètement hermétiques. Au lieu de cela, la Belgique vient d’autoriser des utilisations en plein air et dans les tunnels jusqu’en 2039, au mépris de l’environnement et de la santé des citoyens.

Martin Dermine, directeur exécutif de PAN Europe, a déclaré : « L’abamectine est hautement toxique pour l’environnement et sa génotoxicité pour l’homme est sérieusement mise en doute par différentes études académiques. La Commission européenne a limité son utilisation à des systèmes qui empêchent tout rejet de la substance dans l’environnement, comme des serres. »

 

Cette condition, la Belgique en son ministre de l’Agriculture l’avait approuvée, en janvier 2023, lors du vote au niveau européen. Ils l’avaient aussi reconnue dans une communication externe en juin 2023. Mais à l’heure d’autoriser les produits, ils ont fait sauter les conditions restrictives d’espace fermé, indispensables pour protéger l’environnement, et particulièrement les eaux qui bordent les champs.

Virginie Pissoort, chargée de campagnes à Nature et Progrès Belgique, a déclaré : « Alors que la législation européenne définit clairement une serre comme un système fermé, la Belgique a créé sa propre directive en la matière [4], sous le terme « culture sous protection », se contentant de parois et d’un toit, comme un tunnel de plain-pied, laissant ainsi s’infiltrer les matières et l’énergie par les fenêtres, les entrées ou le sol. Cette option prise par la Belgique de « culture sous protection » est en contradiction avec les exigences européennes. »

Par ailleurs, elle déguise ces trois autorisations sous le vocable de « prolongation » qu’elle octroie pour 15 ans, sans aucune certitude que le travail d’évaluation des risques qu’elle est tenue de mener, condition nécessaire pour renouveler un pesticide pour 15 ans, ait été réalisé et finalisé.

Pour Nature & Progrès « Cette violation du droit européen par la Belgique doit être dénoncée en justice. Après l’octroi par la Belgique de dérogations d’urgence pour des substances actives interdites, ou l’absence d’évaluation comparative pour les pesticides les plus toxiques, c’est en contournant d’autres règles du droit européen, comme les restrictions d’utilisation, que la Belgique se met en porte-à-faux. » Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer et de campagnes.

En dépit des ambitions affichées par la Belgique sur la réduction de l’utilisation des pesticides dans la déclaration gouvernementale de 2020, notre pays reste l’un des plus gros consommateurs de pesticides en Europe. [5] Sous la tutelle du ministre fédéral de l’Agriculture, aucune mesure significative n’a été prise pour réduire l’utilisation des pesticides, et les plans de réduction de pesticides sont surtout des études, des mesures, des diagnostics, des évaluations plutôt que de récents projets ambitieux d’affranchir l’agriculture belge de ces produits chimiques délétères.

« C’est un triste bilan que nous tirons en matière de réduction des pesticides sous cette législature. Les chiffres de vente totale des pesticides ne diminuent que marginalement, alors qu’aujourd’hui c’est d’une autre trajectoire que notre agriculture, notre alimentation et notre environnement ont besoin et que la Belgique s’était engagée à suivre dans sa déclaration gouvernementale.»

Il est possible de s’affranchir des pesticides sur le terrain. Mais pour un abandon massif de ces substances, il y a besoin d’un accompagnement des agriculteurs avec un réel investissement de nos responsables politiques, une vision et un engagement sur le long terme.

[1] https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38804466

[2]  https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38805519

[3]  https://apps.health.belgium.be/fytoweb/pages/public/detail.xhtml?dswid=-943&product=38806588

[4]  https://fytoweb.be/fr/guides/phytoprotection/quest-ce-quune-culture-sous-protection

[5] NATPROG_la-belgique-royaume-des-pesticides.pdf

Contamination généralisée de l’eau par le TFA, un « produit de dégradation à vie » non réglementé des pesticides PFAS

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27 mai 2024

Communiqué de presse

Suite à une étude européenne sur la présence alarmante des métabolites de PFAS dans les eaux, Nature & Progrès et Pesticide Action Network Europe demandent une action politique rapide et efficace pour stopper cette pollution chimique délibérément passée inaperçue.

Une étude exploratoire conjointe de 23 échantillons d’eau de surface et de six échantillons d’eau souterraine provenant de dix pays de l’UE, menée par des organisations membres du Réseau européen PAN Europe (Pesticides Action Network) dont Nature & Progrès Belgique a révélé des niveaux alarmants de TFA (acide trifluoroacétique), un « produit chimique éternel » peu connu et largement non réglementé. Le TFA est un produit de dégradation connu des pesticides PFAS, des gaz F et d’autres produits chimiques à vie (PFAS). Les concentrations trouvées dans les échantillons d’eau sont en moyenne de 1 180 nanogrammes par litre (ng/l). Ce chiffre est 70 fois plus élevé que la concentration moyenne de tous les autres PFAS examinés combinés (17,5 ng/l), y compris les PFAS bien connus qui constituent des points d’attention tels que l’APFO et le PFOS.  En Belgique, l’échantillon prélevé dans la Mehaigne, une rivière wallonne qui sillonne le plateau de la Hesbaye, affiche même un taux de 2500 ng/l.

 « Cette contamination généralisée, qui n’est pas liée à des hauts lieux de l’industrie et donc à une pollution qu’on a souvent qualifiée de localisée, est extrêmement préoccupante. La Mehaigne, en Wallonie, sillonne une région à forte densité agricole, loin des hauts lieux de l’industrie chimique ou pharmaceutique. Or, parmi les 23 échantillons européens, c’est la troisième rivière la plus contaminée au TFA.» Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer pour Nature & Progrès.

Double échec des autorités et de la politique

À notre connaissance, la plupart des 27 pays de l’UE ne surveillent pas aujourd’hui officiellement les niveaux de TFA dans les eaux de surface, c’est en tous cas, la situation de la Wallonie/Belgique. Certains pays se sont penchés sur le TFA. L’agence allemande de l’environnement UBA a récemment identifié les pesticides PFAS comme une source majeure probable de contamination de l’eau par le TFA.

La réglementation européenne sur les pesticides exige que les pesticides ne soient approuvés que si leurs substances actives et leurs « métabolites pertinents » (= produits de dégradation) ne dépassent pas des concentrations de 100 nanogrammes par litre (ng/l) dans les eaux souterraines. Le fait que tous les échantillons d’eau dépassent largement cette limite, alors que les pesticides à base de PFAS restent approuvés, remonte à une décision fatale prise par l’Europe il y a plus de 20 ans. En 2003, l’agence a conclu que le TFA était considéré comme un « métabolite non pertinent », l’exemptant ainsi de toute obligation de surveillance et de toute limite.

« Cette décision désastreuse de négliger la contamination des eaux souterraines par le TFA a permis aux fabricants de commercialiser les pesticides PFAS et a jeté les bases de ce qui est sans doute la contamination la plus importante et la plus envahissante des eaux de surface et souterraines européennes par un produit chimique fabriqué par l’homme dans l’histoire », déclare Salomé Roynel, chargée de mission à PAN Europe.

Cependant, la directive-cadre sur l’eau de l’UE aurait également dû empêcher cette contamination. Elle interdit notamment la pollution chimique des eaux par des composés organiques halogénés, dont fait partie le TFA (et tous les autres PFAS). L’article 4 demande explicitement aux États membres de prendre les mesures nécessaires pour inverser les augmentations significatives et durables des concentrations de polluants résultant des activités humaines. Les résultats des tests montrent clairement l’incapacité des autorités et des responsables politiques à mettre en œuvre la directive-cadre sur l’eau pour protéger l’environnement et les citoyens. Ces « mesures nécessaires » exigées par la loi auraient sans aucun doute dû inclure une interdiction des pesticides PFAS et d’un autre groupe de PFAS, les « gaz F », qui pénètrent dans l’atmosphère par milliers de tonnes à partir des réfrigérants industriels et qui entrent ensuite dans le cycle mondial de l’eau sous forme de TFA par l’intermédiaire de la pluie.

Bien que le TFA soit le produit terminal persistant d’environ 2 000 composés PFAS, il existe peu de recherches sur sa toxicité pour l’environnement et l’homme. Cela s’explique également par le fait que l’industrie productrice de PFAS s’est donné beaucoup de mal pour présenter le TFA comme une petite molécule inoffensive dont le danger ne devrait pas être comparé à celui d’autres PFAS plus importants. Pour le Dr Pauline Cervan, toxicologue chez Générations Futures (France):  « Cependant, ce discours a récemment été fortement ébranlé, ironiquement par une étude commandée par l’industrie elle-même, dans laquelle le TFA a provoqué de graves malformations oculaires chez des bébés lapins. Ces dernières années, les autorités européennes et américaines ont révisé à plusieurs reprises leurs évaluations de la toxicité de certains PFAS relativement bien étudiés et ont fixé des limites de l’ordre du nanogramme à un chiffre. Nous ne pouvons qu’espérer que le TFA ne s’avérera pas aussi toxique en fin de compte ».

L’Office fédéral allemand des produits chimiques a récemment informé l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) de son intention de proposer d’établir un lien entre le TFA et la toxicité pour la reproduction.

« Il est plus que temps d’agir à la hauteur de la contamination. La dépollution de l’eau aux PFAS aura un coût énorme. L’étendue de la contamination détectée par le TFA nécessite une action rapide et décisive, à commencer par une interdiction rapide des pesticides PFAS. Nous réclamons aussi la mise en œuvre rapide de la restriction générale des PFAS dans le cadre du règlement REACH sur les produits chimiques, et la classification systématique du TFA en tant que « substance dangereuse prioritaire » dans le cadre de la directive-cadre sur l’eau », revendique Virginie Pissoort de Nature & Progrès.

 

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Pesticides : entre les paroles en l’air de nos gouvernements et la pause environnementale européenne, une bonne nouvelle, les mutuelles de santé montent au créneau

En début de législature, les gouvernements fédéraux et régionaux s’étaient montrés volontaires sur la réduction des pesticides. L’utilisation des pesticides n’a que très faiblement baissé ces dernières années et les mesures pour réduire l’utilisation et les risques des pesticides sont désolantes. A l’Europe, c’est la pause environnementale. Seule lueur d’espoir, les mutuelles de santé qui tirent la sonnette d’alarme. Amiante, pesticides, même combat pour la santé ! L’affranchissement des pesticides n’est pas qu’une question d’environnement, c’est un enjeu de santé publique.

Sur papier, le gouvernement fédéral s’était engagé à « réaliser un ambitieux plan de réduction des pesticides »1, et le gouvernement régional de son côté « en cohérence avec les décisions européennes visant à sortir progressivement des pesticides »2.

C’était en début de législature. C’étaient les intentions. En effet, le bilan de Nature & Progrès sur l’autorisation des pesticides en Belgique publié en mars 2023, intitulé « Belgique, royaume des pesticides » montrait au contraire des pratiques laxistes de l’administration belge et son inaction en matière de substitution pour des alternatives moins toxiques.  Pas étonnant que la Belgique soit dans le trio de tête des plus grands consommateurs de pesticides de l’UE (8.5 kg/hectare)3 et que les ventes de pesticides ne diminuent pas sensiblement4.

Nous fondions alors nos espoirs sur la troisième édition des programmes régionaux et fédéraux de réduction des pesticides 2023-2027, après ceux de 2011-17 et 2018-23 pour se mettre dans le bain. Ces plans étaient l’occasion d’adopter des mesures concrétisant l’engagement du gouvernement à la hauteur des enjeux et des revendications, comme :

  • Un calendrier concret pour une élimination des pesticides les plus toxiques, entre autres les candidats à la substitution qui doivent être remplacés par des alternatives moins toxiques, au terme d’une étude comparative, dès que c’est possible ;
  • Une recherche scientifique orientée exclusivement vers les alternatives non chimiques et l’abandon de tout fond public dans de la recherche qui viserait à maintenir et optimiser l’utilisation de produits phytosanitaires ;
  • La mise en place du principe du pollueur payeurà charge de l’industrie de la chimie qui retire tous les profits de la vente des pesticides, sans en supporter aucun coût sociétal ;
  • Des mesures et des moyens au niveau régional pour protéger les eaux et les riverains des dérives de pesticides (zones tampons suffisantes) ;
  • etc

Mais pour cette troisième édition, la Belgique en est toujours au stade du diagnostic, de la réalisation d’études, d’outils, de plans communication, de sensibilisation, du diagnostic, de la réalisation d’études, d’outils, de plans communication, de sensibilisation, de mise en place d’observatoires, d’élaboration de calendriers de suivis, de partage d’informations5, etc. Pas d’ambition assumée de réduction, pas d’élimination des produits les plus toxiques, pas de calendrier concret pour s’affranchir concrètement des pesticides.

 

« Que la Belgique ne nous parle pas d’ambition de réduction des pesticides » s’insurge Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature & Progrès « Finalement publié le 3 avril 2024 (!) – alors qu’il concerne la période 2023-2027 – le NAPAN (ndlr/ Nationale Actie Plan d’action nationale) n’est qu’un agglomérat de collecte d’information et d’analyses, sans doute utiles, mais à mille lieues de l’ampleur des enjeux sociétaux auxquelles nous devons faire face aujourd’hui. Les conséquences néfastes des pesticides se conjuguent au pluriel6 sur les agriculteurs et leur santé, l’eau, la biodiversité, la santé des riverains … Et, on avance au ralenti ! »

 

Dans le même temps, à l’Europe, ce n’est pas mieux. Face à la grogne agricole, la Commission renouvelle son approbation du glyphosate pour 10 ans malgré l’absence de majorité qualifiée au Conseil, revient sur les mesures agri-environnementales de la PAC, abandonne le règlement sur l’utilisation durable des pesticides (SUR), etc.

 

Cela fait pourtant des décennies que la toxicité des pesticides chimiques est dénoncée. Le livre « Printemps silencieux », de Rachel Carson, avait fait couler de l’encre en 1962 déjà, et c’est 2 ans plus tard que la Communauté Nature & Progrès voyait le jour, à l’initiative de personnes du corps médical qui voulaient lutter contre l’agriculture chimique et développer l’agriculture biologique. Car des alternatives existent et elles se déploient tous les jours sur nos territoires7.

De nouveaux acteurs se joignent aujourd’hui à notre combat, ce sont les mutualités de santé. Cet engagement des mutuelles de santé a récemment vu le jour en France.8 Ce 11 avril 2024, les mutuelles de santé françaises, avec d’autres mutuelles en Europe, dont les mutualités libres (Partenamut)9 organisent un grand colloque au Parlement européen et à 16h, un goûter rassemblement sur la place du Luxembourg. Profondément inspirées par l’expérience de l’amiante, elles se mobilisent pour en appeler à la fin des pesticides chimiques10.

« Cette mobilisation des mutuelles est une excellente nouvelle, qui nous fera certainement gagner quelques années. Les pesticides chimiques sont appelés à disparaître parce qu’ils sont toxiques, mais avant d’être interdits, ils circulent et font des dégâts. Rien d’étonnant à ce que les mutuelles de santé entrent dans la danse. Ce n’est pas elles à payer pour les problèmes de santé dus à l’utilisation de ces poisons. Il est d’ailleurs temps que le principe du pollueur payeur s’applique en la matière », déclare Virginie Pissoort.




[1] Accord_de_gouvernement_2020.pdf (belgium.be), page 63-64
[2] DPR – Version définitive – PRESSE (wallonie.be), page 77
[3] DOSSIER_canopea_les-pesticides-dans-leau_WEB.pdf, page 18
[4] Données de vente des produits phytopharmaceutiques en Belgique maintenant en ligne | Phytoweb (fytoweb.be) – les données pour les années 2019-2020 et 2021, sont souvent classées C- confidentielles, Il est possible de les obtenir sur demande, elles montrent une diminution d’environ 10% sur la décennie.
[5] pfrp_programme_2023-2027_-_update_fev_2024.pdf (fytoweb.be)
[6] Biodiversité et services rendus par la nature : que sait-on de l’impact des pesticides ? | INRAE
[7] Wallonie sans pesticides – Nature & Progrès (natpro.be)
[8] En France, certains cancers et maladies neurodégénératives chez les agricutleurs.rices ont d’ailleurs été reconnus comme maladie professionnelles en 2021 Création du tableau de maladie professionnelle relatif au cancer de la prostate en lien avec l’exposition professionnelle aux pesticides | Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire
[9] Le 14 novembre 2023, les Mutualités libres avaient déjà co-signé avec N&P et d’autres organisations un courrier à Ursula Von de Leyen demandant de ne pas ré-approuver le glyphosate. GGS – Open letter to VDL – Google Docs
[10] Santé publique : les mutuelles appellent à agir contre les dangers des pesticides – Basta!