Brève histoire de la domestication des céréales
Nos interrogations sur l’épeautre – notre céréale locale – nous ont déjà beaucoup fait voyager ! Nous sommes partis de la moissonneuse des Gaulois, dans Valériane n°134, puis avons remonté le temps, dans notre n°135, à la rencontre des grandes migrations néolithiques. Mais nous ne savons toujours pas vraiment quelles étaient ces plantes que les premiers agriculteurs européens emportaient dans leurs bagages…
Petit résumé de ce que nous savons déjà : dans le contexte du réchauffement post-glaciaire – il y a plus de dix mille ans -, une gigantesque bande limoneuse, nommée « loess« , est déposée par les vents sur notre continent, de la Bretagne à la Pologne et jusqu’en Ukraine, voire au-delà. Sa progressive décalcification par l’infiltration des eaux pluviales réduit petit à petit son acidité. Après plusieurs milliers d’années, la végétation retrouve une nouvelle biodiversité naturelle. En dix mille ans, les sols passent de l’ocre argilo-limoneux aux terres brunes noirâtres (1).
Cinq mille ans plus tard – vers -5300 avant JC -, les conditions sont réunies pour que des agriculteurs – les populations néolithiques – viennent progressivement s’établir « chez nous ». Sédentaires, ils parcourent, étape par étape, environ trois mille kilomètres en trois mille ans – sans Ryanair ! -, riches de l’expérience de plusieurs millénaires de domestication d’animaux d’abord, de plantes sauvages ensuite. Ils arrivent principalement d’un des douze centres d’origine des espèces à l’échelle mondiale, de ce qu’on appelait autrefois le Croissant fertile qui est à cheval sur le Tibre et l’Euphrate et s’étend jusqu’au Jourdain, dans ce qui est aujourd’hui l’Asie du Sud-Ouest (2).