Interdiction des néonicotinoïdes : Plus de place au doute !

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Vote sur l’interdiction des néonicotinoïdes : parce que le doute n’est plus permis… !

Le 27 avril, dans deux jours, les Etats membres de l’Union Européenne devront se prononcer sur l’interdiction des néonicotinoïdes.

Présentés dans les années 90 comme une avancée majeure pour les agriculteurs et la sécurité des citoyens, l’imidaclopride, la clothianidine et le thiamethoxam se sont rapidement révélés avoir un effet désastreux sur l’environnement.

Suite à de nombreuses publications scientifiques démontrant les dangers posés par l’usage des néonicotinoïdes, en 2017, la Commission Européenne a exprimé la volonté d’interdire tout usage en champ de ces 3 néonicotinoïdes. Cette proposition sera soumise au vote des Etats membres ce 27 avril. Nous attendons toujours, à quelques heures du vote,un positionnement fort de la Belgique…

Très récemment, fin mars, l’EFSA a publié les conclusions d’une importante étude concernant l’impact des néonicotinoïdes sur les insectes. Les conclusions sont alarmantes pour le futur de la biodiversité en Wallonie ! Faut-il le rappeler, il est urgent de rétablir la biodiversité dans nos campagnes !

Lors de la restriction de l’autorisation des 3 néonicotinoïdes imidaclopride, clothianidine et thamethoxam en 2013, la Commission Européenne, dans son règlement d’interdiction 485/2013, a demandé aux producteurs de ces substances, Bayer et Syngenta, de fournir des données confirmatives concernant la toxicité de ces substances sur les pollinisateurs autres que les abeilles, le risque lié à l’exposition des abeilles à du nectar/pollen contaminé sur culture successive, le risque lié à l’exposition au nectar/pollen des adventices, l’exposition chronique, etc.

Bayer a fourni des informations pour l’imidaclopride et la clothianidine tandis que Syngenta n’a quasiment rien fourni comme informations. Sur base de cela, l’EFSA a publié en novembre 2016 une opinion sur ces données confirmatives et indiquait que pour l’imidaclopride et la clothianidine, il n’y avait pas d’utilisation sûre prouvée des néonicotinoïdes.

Il en est de même pour le thiamethoxam de Syngenta vu que la compagnie n’a pas fourni de preuves de l’innocuité de son produit sur les abeilles. Sur base de cela, la Commission Européenne a fourni en mars 2017 aux Etats membres une proposition d’interdiction de ces 3 substances.
Un certain nombre d’Etats membres a demandé à attendre une nouvelle opinion de l’EFSA sur de nouvelles données scientifiques (notamment celles de la littérature scientifique indépendante) sur la toxicité de ces 3 néonics sur les abeilles. Ces avis ont été publiés en février 2018. L’EFSA y confirmait qu’il n’y avait pas d’utilisation sûre des pesticides pour les abeilles.

Détail intéressant de ces études: dans de nombreuses études, les contrôles négatifs (par exemple de pollen, qui ne doivent donc pas contenir de résidus de pesticides) sont contaminés par des néonicotinoïdes: on les retrouve partout dans l’environnement. Ce qui est remarquable, c’est qu’une grande partie de ce dernier rapport concerne les bourdons car de plus en plus de données sont disponibles.

Les bourdons semblent plus susceptibles aux néonicotinoïdes que les colonies d’abeilles mellifères (notamment parce qu’ils ont de plus petites colonies donc une moindre résilience).
Pour ce qui concerne la betterave sucrière, c’est particulièrement la contamination du nectar/pollen via les cultures successives qui est mise en cause et aucune utilisation sûre n’a été mise en évidence car les néonicotinoïdes restent actifs dans le sol pour les cultures suivantes : après betterave on cultive une céréale suivie d’une moutarde très visitée par les abeilles.

Sur base de ce nouvel avis sans appel, la Commission a discuté de ce nouveau rapport à la réunion du Comité permanent sur les produits phytos (là où les Etats membres votent sur les autorisations/interdictions de pesticides) et normalement le vote sur la proposition d’interdiction de toute utilisation en plein champ de néonicotinoïdes devait avoir lieu fin mai mais la Commission voulant avancer le tempo, elle va faire voter sa proposition dans un autre Comité permanent ce vendredi 27.

Alors aujourd’hui, l’Allemagne, l’Angleterre, la France, l’Autriche, le Luxembourg et l’Irlande se sont déjà positionnés POUR l’interdiction…

La Belgique toujours pas…
Nous attendons une position ferme et définitive…
Le doute n’est plus permis !