À peine le monde sort-il groggy de la crise sanitaire que le « maître du Kremlin » envahit son voisin, sans doute bien trop européen à son goût. L’Europe se rappelle soudain qu’une partie importante du gaz qu’elle consomme vient de là-bas. Une partie importante du blé et des engrais chimiques aussi… Et cela serait sans impact sur notre industrie agroalimentaire ? Quant aux acteurs bio, le moment est peut-être venu, pour eux, de se compter ? Il y a l’industriel. Et il y a l’autre surtout, le vrai…

Par Dominique Parizel

 

Reprenons l’histoire un peu plus en amont. Sans doute, dans leur grande débauche d’efforts pour soutenir, en temps de pandémie, la consommation et surtout les richesses qu’elle brasse, nos gouvernants firent-ils très généreusement tourner la « planche à billet » – c’est une image, bien sûr, qui signifie que la masse monétaire rendue disponible fut très – trop ? – élevée ? Sans doute la consommation s’est-elle, elle-même, « contractée » – ainsi s’expriment nos merveilleux économistes ! – parce que chacun préféra, légitimement, se constituer un « bas de laine », se garder une « poire pour la soif » – ce sont d’autres images qui signifient qu’on hésite aujourd’hui à dépenser, ou qu’on n’est tout simplement plus en mesure de le faire… Ou peut-être ce bouquet de crises, souvent réputées imprévisibles, a-t-il lui-même convaincu le quidam de mettre un frein à une hyperconsommation devenue délirante ? La crise sanitaire à peine terminée, l’invasion à la hussarde de l’Ukraine par la Russie engendra une importante remise en question énergétique et provoqua une hausse des prix spectaculaire, un peu partout en Europe. Tout le monde, malheureusement, s’en souvient…

L’inflation – c’est-à-dire une hausse brutale et incontrôlable des prix – bondit alors autour de 9,5%, pour la Belgique en 2022, et devrait se stabiliser autour de 3 ou 4% pour les années qui viennent, mais l’usage du conditionnel par le rédacteur de service reste évidemment de rigueur. Il est toutefois fort peu probable – ici, c’est un euphémisme ! – qu’une décrue s’amorce prochainement. Donc, mauvaise nouvelle, les prix vont continuer à grimper mais, fort heureusement, dans notre joli petit pays, les salaires grimpent aussi, sur base de l’évolution de notre cher « indice santé ». Et on irait se plaindre de ce magnifique petit coin d’Europe ?

 

Cela touche-t-il le bio ?

Même pour Nature & Progrès, c’est difficile à dire, bien sûr. Mais nous pensons que ce n’est sans doute pas spécialement le cas… Il n’y a pas de raison, sauf à considérer que le bio soit un luxe dont on peut aisément se passer, ce qui a toutefois pu concerner une partie des consommateurs occasionnels qui n’auraient pas vraiment compris le sens profond de sa démarche. Une telle consommation exceptionnelle eut bien lieu, en effet, au début de ce qu’on appelait encore le « confinement », quand il fallait absolument se faire plaisir pour supporter l’isolement… Aujourd’hui, l’élan consumériste s’est racrapoté. Chacun regarde soigneusement à la dépense. Constatons toutefois, de manière très empirique, que le prix moyen d’un pain standard de cinq cents grammes a soudain grimpé, dans la seconde partie de 2022, de 1,75 euro en moyenne, à plus de deux euros, voire plus, se rapprochant ainsi de celui d’un pain bio fabriqué localement qu’on peut situer, d’une manière très générale, autour des cinq euros le kilo. Ce constat fut fait incidemment par votre serviteur et il n’a absolument aucune prétention scientifique. Mais bon, on sait très bien pourquoi le premier a augmenté – matières premières, marketing, transport… -, alors que le second n’avait, quant à lui, guère de raisons de le faire, si l’on excepte le coût de l’énergie. Au contraire, son prix intégrait déjà plus équitablement la réalité locale de sa production dont, bien avant toute autre considération, le boulot des gens qui cultivent, moulent, pétrissent, etc. Mieux encore : Marc Fichers me rassure en me soufflant que son fournisseur de fromage n’a pas augmenté ses prix et vend toujours ses boules à dix-sept euros du kilo. Pas de changement non plus chez celui qui lui vend sa viande : onze euros du kilo. Le sac de farine d’épeautre, lui, a bien augmenté. De dix centimes… Il est maintenant à 2,80 euros du kilo. Marc a toujours l’air parfaitement nourri. Merci pour lui.

Dès le début de cette année, dans le numéro 68 de son excellente revue « Itinéraires Bio » (1), Biowallonie prenait grand soin de comparer les prix du bio et du conventionnel, en précisant d’emblée que cela ne concernait que le consommateur faisant ses courses dans la grande distribution. Lait, œufs, poulet, choux-fleurs, courgettes, pommes et poires étaient alors soigneusement passés au scanner. Avec des résultats extrêmement divers qui laissaient toutefois entrevoir une plus grande stabilité des prix payés aux producteurs, en agriculture biologique. Du reste, les grandes et moyennes surfaces (GMS) semblent jouer, avec leurs marges, d’une manière totalement illisible pour le consommateur qui s’intéresse, un tant soit peu, à la logique de production, de transformation et de distribution de l’aliment qu’il choisit de mettre dans son assiette. L’évidence d’un incroyable galimatias commercial pousse aujourd’hui le secteur à revendiquer, sous l’impulsion de Biowallonie et de la Cellule Manger demain de la SOCOPRO (2), un observatoire des prix du bio, en « magasins bio, vrac et circuit court ». Une drôle de formulation alors que tout ce qu’on y vend relève bien du même règlement bio… Ces mêmes représentants du secteur s’efforcent également de soutenir les divers circuits de distribution dont le chiffre d’affaires est en baisse – ben oui, mais c’est normal en pareil contexte, d’ailleurs ce n’est pas le nombre d’acheteurs qui a diminué mais juste le contenu de leurs caddies – par la mise en place de mécanismes d’incitation, de fidélisation et d’accessibilité plutôt sophistiqués. Est-ce bien utile ? L’avenir nous le dira… Pour Nature & Progrès, une seule conclusion déjà s’impose : vous êtes un.e consommateur.trice responsable ? Bienvenue dans le circuit court !

 

Bio en grandes surfaces : le caillou dans la godasse ?

Etrange attelage ! Différents acteurs commerciaux crurent déceler dans le bio, il y a de cela un quart de siècle et plus, un créneau porteur pour leurs juteux business. Les bobos en raffolaient ? On leur bâtirait une petite « niche », rien que pour eux, et on leur mettrait de jolis logos sur leurs emballages colorés. Comme, en règle générale, ces gens-là regardaient rarement à la dépense, on n’hésiterait jamais à grossir les marges de quelques pourcents supplémentaires, et ils n’y verraient que du feu. Ils seraient même ravis de payer un peu plus pour avoir le sentiment de rester au-dessus de la mêlée… La question – pour ou contre les produits bio certifiés en grandes surfaces ? – alimenta alors bien des débats : oui car cela ferait mieux connaître l’agriculture biologique, non car cela dénaturerait l’esprit et l’éthique de départ. À défaut évidemment de consensus et surtout de possibilités de compartimenter quoi que soit, certains cheminèrent vers le bio industriel, d’autres au contraire dans l’esprit qui anima les pionniers. Ce fut le cas de Nature & Progrès, avec sa charte éthique…

Le secteur se montra alors extrêmement créatif pour diversifier sa commercialisation : des simples paniers de légumes et colis de viande jusqu’aux groupements d’achats inspirés des AMAP françaises, en passant par les magasins de toutes espèces et de toutes tailles : à la ferme, en coopératives, en mini-chaînes, en grandes surfaces… Un véritable « inventaire à la Prévert » mais, on le sait, s’il n’y avait qu’un goût, il n’y aurait qu’une sauce. D’un point de vue strictement réglementaire, tout ce beau monde cohabita allègrement dans le même enclos exigu, tirant à hue et à dia, les uns vers le meilleur marché, les autres vers un optimal environnemental et relocalisé. Tous se réjouissaient cependant, d’une seule et même voix, d’un seul et même marché qui gagnait sans arrêt en notoriété auprès du consommateur. Et, surtout, dont le chiffre d’affaires s’envolait vers des cieux azurés…

Autrement dit, ce grand marché libéralisé du commerce bio est parti dans tous les sens, n’ayant en commun que l’obligation de se conformer au cahier des charges européen. Difficile donc de déceler là-dedans quelque effet unique qu’aurait pu exercer sur lui une conjoncture plus incertaine. Les solutions à apporter paraissent donc d’autant plus aléatoires qu’au-delà du prescrit européen, on n’est au fond d’accord sur rien. La première erreur, par conséquent, ne consiste-t-elle pas à réduire le bio à un marché ne concernant que des nantis qui ont le désir – et surtout les moyens ! – d’y mettre les pieds ? Aux yeux de Nature & Progrès, les choses sont parfaitement claires : la bio, c’est avant tout la forme d’agriculture qui a pour vocation de devenir la norme unique. La bio concerne ainsi tous ceux qui doivent manger, c’est-à-dire absolument tout le monde. Son prix doit donc être, à la fois, rémunérateur pour le producteur et modique pour le consommateur. En dehors de cela, point de salut ! C’est Soleil vert (3) !

 

Et pourtant, la « bio est chère » !

Voilà bien le hic ! Cette antienne est à peu près aussi vieille que la bio elle-même. Ni vraie, ni fausse, elle n’a de cesse de servir d’alibi aux mangeurs paresseux… Elle n’est pas totalement fausse parce que certains acteurs, nous l’avons évoqué, n’ont jamais répugné à s’octroyer sur son dos de confortables marges. Pour de bonnes et de mauvaises raisons, d’ailleurs, nous ne sommes pas ici pour instruire le procès de tel ou tel. Mais elle n’est certainement pas vraie non plus parce que, dans le rapport qualité-prix, la bio est forcément imbattable. Une telle certitude nous force toutefois à préciser la norme de qualité élevée que nous désirons, en ce qui la concerne, et à faire admettre au consommateur lambda qu’elle sera toujours la meilleure piste à suivre dans sa quête du plaisir et de la santé, au sein d’un écosystème sain et équilibré.

Mais de qui parle-t-on exactement ? Pas plus qu’on ne définit jamais la mission du revendeur d’aliments, on ignore totalement qui peut bien être ce consommateur trop longtemps réduit à « celui qui pousse le caddie dans les allées du supermarché » ? Celui à qui le supermarché, en somme, a toujours dit ce qu’il fallait choisir et à quel prix… Difficile donc de faire le tri entre celui qui veut se nourrir pour pas grand-chose parce s’alimenter est à ses yeux sans intérêt, celui qui aimerait mieux faire mais dont le budget est trop serré, celui qui est juste mal informé, celui qui doit absolument être assisté… Mais appartient-il à la bio de se mêler de sociologie alimentaire et de s’opposer aux marchands qui exploitent sans vergogne les différents créneaux commerciaux ? Notre seule ambition est de nourrir tout le monde, le mieux possible, dans le respect de sa condition, de ses croyances, de ses ressources… Est-ce vraiment si compliqué ?

L’expérience du Réseau RADiS montre à quel point nous sommes tombés bien bas ! Les campagnes, de nos jours, sont dans l’incapacité totale de se nourrir elles-mêmes : on ne cultive, dans les six communes concernées par le Réseau RADiS, que 8% environ des légumes qui y sont consommés – contre 17%, ce qui n’est guère plus glorieux, pour l’ensemble de la Région wallonne. Faute d’agriculture digne de ce nom, nos zones rurales sont en voie de tiers-mondisation rapide. La petite commune wallonne de Doische ne fait pas partie du Réseau RADiS mais lui est juste contiguë. La RTBF nous narra, fin mars, le désarroi de ses habitants (4) lorsque la dernière supérette du patelin ferma définitivement ses portes : Doische perdait ainsi son dernier commerce alimentaire. Dame ! Les légumes ont-ils soudain arrêté de pousser sur la bonne terre de la commune ? Les animaux n’y voient-ils plus le jour ? Ou ses habitants sont-ils tous soudain devenus manchots ? Il y a là de vraies raisons de s’inquiéter… Compétences, semences, terres et bras inoccupés sont pourtant présents en abondance un peu partout en Wallonie. Et pas besoin de supérette pour faire de la bonne soupe. Mais, à Doische comme ailleurs, la terre est basse et, bien sûr, on vous prétendra que la « bio est chère »…

A l’autre extrême, on entend Aldi promettre, à tous nos concitoyens, un magasin de proximité à quinze minutes de chez eux. Quinze minutes à pied ? Nenni valet, quinze minutes en voiture ! Une demi-heure de bagnole, deux fois la semaine, pour chaque client, juste pour faire les courses ? Vive l’écologie. La fin du monde est proche…

 

Pourquoi la bio est-elle une planche de salut ?

La bio est là pour rassembler producteurs et consommateurs dans le but salutaire de produire ensemble ce que nous mangeons tous, dans le respect du lieu où nous vivons, chose que l’agriculture, de nos jours, n’est plus en mesure de faire. Pour cette raison, il est absolument indispensable que la bio devienne rapidement la norme agricole ! L’affirmation que cette production doit absolument être locale et de saison n’a jamais été, pour nous, une découverte. Tant elle va absolument de soi … Mais bon, si l’assurance du local peut renforcer la motivation du consommateur, nous ne pouvons évidemment que nous en réjouir. Nous ne produisons ici ni thé ni café, nous aimons les agrumes, l’huile d’olive et le vin du sud. Et ce n’est pas un problème : organisons, pour ces denrées, le circuit le plus court possible afin qu’elles nous arrivent dans les conditions écologiques les meilleures. Et toujours en respectant le rythme des saisons… Pas de bœuf argentin, même pour ceux qui aiment danser le tango, nous avons ce qu’il faut chez nous, avec modération…

Et ensuite ? Par rapport à la production qui fait la base de notre alimentation, comment faire mieux qu’en produisant – puis, le cas échéant, en transformant – dans la proximité la plus étroite de ceux et de celles qui la mangeront, et en se conformant tout d’abord aux cahiers des charges de la bio européenne, puis surtout à d’autres recommandations telles que celles qui sont énoncées dans la charte éthique de Nature & Progrès ? Bio et local, évidemment, pas et, et/ou ou et/peut-être bien l’année prochaine, si tout va bien… Bio et local, impérativement, pour l’ensemble des raisons que nous expliquions déjà dans le n°160 de votre revue Valériane et que nous ne répéterons pas intégralement ici : satisfaire aux impératifs culturaux de base mais surtout en optimaliser le contexte, en quête d’une éthique écologique exemplaire. Pas du bio importé qui ne fait pas vivre les gens d’ici, et encore moins un local suspect qui se ficherait pas mal du tiers et du quart, juste pour faire plaisir à ceux et celles qui n’auraient pas vraiment pigé que mal produire – ou produire, peu ou prou, industriellement – pour être moins cher, cela dézingue immanquablement l’environnement, cela nuit à notre économie locale et, plus encore, à notre bien-être, à nos santés…

Plus que jamais, depuis la crise sanitaire, nous devons donc distinguer le bio – le commerce de la denrée strictement conforme à la norme européenne – de la bio – les produits de notre agriculture biologique locale qui font vivre nos producteurs, nos transformateurs et d’autres acteurs encore. Tout ce que la bio peut faire pour nous ne doit, à aucun prix, être supplanté par le bio. Il en va de la prospérité de nos campagnes et de la qualité de vie de nos concitoyens ! Dix euros qui font vivre une ferme bio wallonne valent infiniment plus que dix euros qui filent au diable vauvert, chauffer une serre en Hollande ou faire tourner un moulin en Pologne… Nul ostracisme là-dedans car le raisonnement vaut dans l’autre sens également. Rassurons simplement les braves gens de tous les Doische de Wallonie et d’Europe en leur répétant que leurs poireaux, leurs patates et leurs laitues doivent absolument pousser juste derrière leur porte ! Bien vivre, plus que jamais, est à ce prix.

 

Chiffres d’apothicaire ?

Alors, les chiffres du commerce bio ? Sans doute, un observatoire des prix serait-il un gage de transparence du secteur, sans doute mettrait-il certains revendeurs dans l’obligation de mieux justifier certaines marges… Et ensuite ? Le modèle de la grande distribution serait-il meilleur pour autant, offrirait-il de meilleurs gages sur le plan social, se soucierait-il davantage – au-delà d’un ridicule marketing d’image – de l’état réel de l’agriculture en Wallonie ? Ou, gouvernée depuis nul ne sait où, la grande distribution serait-elle désormais condamnée à importer tout ce qu’elle nous vend ? Quant au hard discount – au-delà de campagnes publicitaires purement et simplement scandaleuses qui ne sont qu’un leurre – a-t-il jamais eu la moindre crédibilité en termes de qualité ? Et les épiceries sociales, compte-t-on encore les voir désemplir un jour ? Que feront-elles le jour où la grande distribution aura enfin résolu ses problèmes de gaspillage ? Peut-être veut-on, au contraire, les pérenniser sur la gabegie ? Traiter la misère des uns par les poubelles des autres : signe des temps !

N’est-il pas grand temps, à l’aube des bouleversements qu’induira immanquablement le dérèglement du climat, de remettre enfin les choses à l’endroit ? Plutôt que d’entretenir en vain l’illusion du tout, partout, tout le temps, n’est-il pas grand temps de tabler – comme ce fut pourtant toujours le cas – sur des productions de proximité à destination des populations locales. De confier, à la main-d’œuvre locale peu qualifiée, les travaux des champs, les travaux quotidiens d’entretien, de transformation et de conservation… Car où trouver meilleur emploi rural que dans l’agriculture ? N’est-il pas grand temps de repenser radicalement la réalité de notre mode de production alimentaire, plutôt que d’additionner en vain des chiffres qui n’arrivent plus à en cacher l’incohérence, le peu d’humanité et l’insupportable dispersion ?

L’agriculture biologique, la bio, cela sert d’abord et avant tout à produire convenablement. Le commerce de la denrée bio, à tous les coups, est une chose secondaire. L’import et l’export doivent rester des raretés. Les temps approchent qui forceront une telle résilience…

 

Notes :

(1) www.biowallonie.com/wp-content/uploads/2023/01/Brochure_A4_Itineraires-BIO_68_Web.pdf

(2) www.mangerdemain.be

(3) Film américain – titre original : Soylent Green – réalisé par Richard Fleischer, en 1973. Nous n’en spoilerons évidemment pas la fin à ceux qui ne l’ont pas vu. Disons simplement que, dans un futur proche, le menu proposé laisse franchement à désirer…

(4) www.rtbf.be/article/la-derniere-superette-de-doische-ferme-ses-portes-les-habitants-nont-plus-de-reel-commerce-a-10km-a-la-ronde-11173183