Par François Couplan
Introduction
Un obscurantisme particulièrement agaçant
Certes, ma gourmandise, cultivée depuis l’enfance, m’a incité à déguster les plats les plus copieux et les plus sophistiqués mais je sais me contenter de peu, et qui plus est, je l’apprécie. Je le pratique d’ailleurs régulièrement et ce fait n’est sans doute pas étranger à la santé que j’affiche encore au bout de septante années d’une vie plus que bien remplie. Et je crois que bientôt – non, dès à présent ! – il va falloir s’y mettre : sans vouloir paraître moraliste, car chacun est libre du choix de ses comportements, il me semble que plus nous serons capables de vivre frugalement, mieux chacun s’en portera – la planète aussi, par la même occasion…C’est qu’on ne doit pas confondre quantité et qualité ! Nous nous sommes habitués à la première en négligeant la seconde. Or les plantes sauvages nous l’offrent en abondance. Si j’en aime les saveurs souvent marquées – et je ne suis pas le seul -, j’en ressens aussi tous les bienfaits. Il faut le faire savoir : ces végétaux sont extrêmement riches en micronutriments (1) qui nous font généralement défaut : l’Organisation Mondiale de la Santé alerte depuis longtemps sur le fait que la plupart des humains manquent de vitamine C (2), de fer (3), d’oligo-éléments et d’antioxydants qui ralentissent le vieillissement de l’organisme. La réaction habituelle est de supplémenter l’alimentation par la prise de compléments alimentaires. Cependant, quand on connaît la teneur souvent ahurissante des légumes et des fruits sauvages, on se pose la question : mais pourquoi ne les met-on pas à profit ?
La réponse est étonnante, et je l’expose en détail dans mon dernier livre, Ce que les plantes ont à nous dire. Elle tient, en fait à ce que nous ne mangeons pas des aliments mais des symboles ! En l’occurrence, les plantes sauvages ont été dévalorisées depuis des siècles et, pour cette raison, elles ne font plus partie de la nourriture possible de l’honnête homme. Or, si jusqu’à présent je trouvais simplement bête de passer à côté de produits tellement bons au goût et pour la santé pour des motifs socio-historiques qui n’auraient plus lieu d’être, je dois avouer que, dans les circonstances actuelles, cet obscurantisme m’agace profondément…
Le système immunitaire : notre atout majeur
L’une des grandes absentes des directives que l’on nous assène à longueur de journée est la suivante : faites tout ce que vous pouvez pour améliorer votre immunité naturelle. Certes, on nous recommande fort justement de nous laver les mains et d’éviter tout contact avec les autres mais on oublie, semble-t-il, qu’un organisme doué d’un système immunitaire en bon état résiste mieux à l’agression de virus, même extrêmement contagieux. Il est essentiel de le rappeler. Souvenons-nous que nous sommes en permanence soumis à la présence d’agents infectieux de toutes sortes et que notre corps a, heureusement, les moyens d’affronter efficacement la plupart d’entre eux – la meilleure façon de se soigner ne consiste-t-elle pas à ne pas tomber malade ? Or, à mon avis, la santé ne tient pas qu’au hasard : un organisme à qui l’alimentation apportera tous les éléments dont il a besoin sera très probablement mieux à même de faire face aux agents pathogènes de notre environnement. Y compris le coronavirus SARS-CoV-2, responsable de la pandémie Covid-19 actuelle.
Pourquoi ne le fait-on pas ? Sans doute y a-t-il toutes sortes de raisons, économiques et culturelles qui font préférer le développement d’un vaccin à celui de notre propre système immunitaire. Cela mérite d’être exploré. Peut-être aussi parce que nous sommes dans l’urgence et que l’amélioration de son immunité est un processus relativement long – mais nous devons dès à présent penser au futur tout comme au quotidien. Je soupçonne aussi que notre mentalité belliciste y est pour quelque chose. « Nous sommes en guerre… » et nous vaincrons ce méchant virus ! Il faut savoir d’où provient cette mentalité et quelles en sont les conséquences.
Bon, je ne m’attends pas à ce que nos dirigeants prônent, du jour au lendemain, la consommation régulière de plantes sauvages pour améliorer l’état de santé générale de la population mais je suis persuadé que les personnes sensées qui découvriront les possibilités que nous offrent les végétaux en tireront avantage pour elles-mêmes et pour leurs proches : ce n’est que du bon sens – additionné, il faut l’avouer d’une certaine dose de connaissances précises pour ne pas faire de bêtise et se guérir définitivement de tous ses maux terrestres. Et ça vous étonne ? Dans la situation actuelle, il y a quelque chose qui m’étonne… : c’est que les gens s’en étonnent.
Succomber à un simple rhume…
Je ne voudrais pas que l’on se méprenne sur ce que je dis : il est dommage de mourir, il est plus terrible encore de voir un proche décéder. Mais je pense important de prendre conscience de deux choses. La première est que la civilisation que nous avons créée, qui nous nourrit et qui nous oblige à réfléchir selon ses règles, est fragile. Nous avons en ce moment l’exemple d’un dysfonctionnement majeur. Il y en aura d’autres, c’est certain. Le second point est que la seule certitude que nous puissions avoir, en voyant le jour, est que nous mourrons un jour. Or la mort, qui pourtant nous fascine, est un sujet tabou dans notre monde moderne où nous voulons tout dominer, même la grande faucheuse… Mais ça, ce n’est pas possible !
Sortir de notre anthropocentrisme
Conclusion
J’ajouterai que le sentiment qui me semble essentiel de manifester – même si en ces temps troublés cela demande un effort – est la gratitude. J’ai beau actuellement me sentir en manque de liberté et avoir dû reporter bien des choses à des temps meilleurs, je ne peux que remercier pour ce qui m’est accordé, tout en me sentant proche de ceux qui souffrent. Que la force des plantes soit avec vous !