Cultiver la ville : un projet agroécologique à Dave
Agronome de formation, Pierre Bertiaux a d’abord travaillé dans la certification forestière en Afrique centrale avant de revenir en Belgique avec une ambition claire : relocaliser l’alimentation là où les enjeux sociaux, écologiques et économiques sont les plus forts — en milieu urbain. À Namur, dans le quartier de Dave, il transforme des jardins privés en potagers urbains. Après une première expérience dans la production de micro-pousses et de mini-légumes pour la restauration, il opère un virage en 2024 en mettant en place un système de CSA (agriculture soutenue par la communauté), plus stable et plus solidaire. Il cultive aujourd’hui 70 ares, dont 300 m² de serre, pour nourrir 130 mangeurs.
Maraîchage manuel et circuits courts solidaires
Les légumes sont proposés trois jours par semaine dans un petit magasin partagé, qui offre aussi d’autres produits locaux pour permettre une alimentation complète. Les surfaces cultivées étant prêtées par des particuliers, le projet reste fragile, mais il incarne une revalorisation précieuse de l’espace urbain. Pierre cultive sans machines, uniquement à la main, avec des outils manuels comme la grelinette. Il veille à limiter les pertes : les excédents sont donnés au restaurant social Les Sauverdias ou revendus à bas prix à une ASBL. Des bénévoles commencent à se former à ses côtés — une dynamique prometteuse pour imaginer, à terme, un accompagnement à l’installation de nouveaux maraîchers urbains.
Une agriculture urbaine vivante et engagée
Adhérer à Nature & Progrès, pour Pierre, c’est intégrer un réseau cohérent avec ses valeurs : respect du sol vivant, production locale, souveraineté alimentaire et lien social. À travers cette mention, il trouve une reconnaissance, mais aussi un appui collectif pour développer une agriculture de proximité, exigeante et durable. Il envisage d’élargir son engagement à travers des actions d’éducation permanente en partenariat avec l’association, afin de renforcer l’autonomie alimentaire des territoires urbains. À Dave, son projet témoigne qu’une autre agriculture est possible, même en pleine ville, pour peu qu’on lui laisse de la place — et du sens.