Une nouvelle Initiative Citoyenne Européenne (ICE)

Un collectif de citoyens issus de tous les pays de l’Union européenne demande une agriculture respectueuse des abeilles, pour le bénéfice des agriculteurs, de la santé et de l’environnement ! Cette nouvelle Initiative Citoyenne Européenne (ICE) – une démarche qui doit recueillir un million de signatures et obtenir un quorum dans sept pays de l’Union – demande à la Commission européenne de soutenir un modèle agricole qui permette aux agriculteurs et à la biodiversité de prospérer en harmonie…

Par Laura Vlémincq

En novembre 2019, une centaine d’ONGs européennes – dont Nature & Progrès Belgique et le PAN Europe – ont lancé la récolte de signatures dans le cadre de cette démarche qui vise à demander à la Commission européenne et au Parlement européen d’agir en faveur d’une évolution de l’agriculture vers des pratiques libres de pesticides de synthèse et d’une restauration de la biodiversité dans les systèmes agricoles. Pareille action demande également aux pouvoirs publics d’accompagner la transition des agriculteurs vers des pratiques agroécologiques.

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Introduction

En février 2020, le nombre de signatures belges à l’ICE Sauvons les abeilles et les agriculteurs ! a atteint le seuil des 15.750 signatures. Ce chiffre était nécessaire pour faire de notre pays le deuxième pays européen à atteindre le quorum obligatoire, parmi les sept qui sont requis, afin de permettre la validation de l’initiative. Aujourd’hui, nous pouvons être fiers de vous annoncer que, grâce à votre soutien, notre initiative en a récolté plus de 34.500 dans notre pays. Merci donc à tous les membres de Nature & Progrès – et à tous les autres – qui ont signé et fait signer leur entourage. De nombreux formulaires papier ont été reçus par la poste, merci à vous pour votre action. Nous atteignons maintenant les quatre cent cinquante mille signatures, au niveau européen, et nous espérons doubler les signatures belges d’ici la fin du mois de mars 2021.

L'abeille, sentinelle de l'environnement

Cette sentinelle qu’on assassine, au mépris total de la santé de notre environnement et de nos concitoyens… Depuis plus de vingt-cinq ans, les abeilles se meurent ! Et plus encore les populations d’abeilles solitaires, ces malheureux insectes anonymes qui ne profitent pas des soins attentifs et généreux du monde apicole. Les pouvoirs publics, eux, se sont longtemps leurrés sur leur mission, en croyant devoir prendre le parti de lobbies agro-industriels, plutôt que celui du citoyen et de son environnement. Le monde apicole leur a pourtant rapidement ouvert les yeux sur le rôle néfaste des insecticides systémiques au nombre desquels on compte les fameux néonicotinoïdes. Ces poisons, qui engendrent une toxicité chronique chez l’abeille et finissent par dépeupler le rucher, sont aujourd’hui prohibés par l’Europe, même si quelques pays – dont la Belgique ! – « dérogent » encore à cette règle, pour des raisons qui nous paraissent totalement indéfendables.

Il est donc grand temps que l’Europe transforme son laxisme coupable envers les « tueurs silencieux » en une politique agricole proactive qui ait, pour objectifs principaux, la sauvegarde de notre environnement et la qualité de vie des citoyens européens. Elle doit se doter, à cette fin, d’indicateurs sérieux et fiables. Les abeilles sont l’un d’eux. Plus globalement, l’Europe doit aujourd’hui soutenir un modèle agricole axé sur la qualité alimentaire. L’agriculture européenne doit aujourd’hui se transformer, en s’inspirant des méthodes agroécologiques, afin de travailler avec l’environnement et non plus contre lui. Elle doit tout mettre en œuvre, dans le même ordre d’idées, pour offrir aux citoyens européens la haute qualité alimentaire qu’ils souhaitent et qui contribuera à les rendre plus résilients face aux aléas du monde de demain : crises sanitaires, crise climatique, etc. L’agriculture européenne doit également s’abstenir d’exporter, à bas coûts, des surplus alimentaires dont elle ne sait plus que faire. Inonder l’Afrique de lait en poudre, par exemple, est une cause de faillite pour d’innombrables petites exploitations vivrières locales. En agissant aussi stupidement, non seulement nous créons davantage de pauvreté sur le continent africain mais nous renforçons surtout indirectement les conditions d’une immigration clandestine vers l’Europe que nous chercherons ensuite à endiguer ou à absorber…

On voit, une fois encore, que le grand coupable de tout ce chaos est une politique européenne de dérégulation qui n’accorde de sens qu’aux chiffres figurant au bas des registres, en ayant préalablement pris soin d’externaliser tout ce qui peut « troubler la fête »: santé des consommateurs, environnement, surplus… En tant que citoyens, nous estimons au contraire, que l’Europe doit porter un regard plus global sur sa politique productive afin de mettre en place des cercles vertueux. En s’abstenant surtout de créer les nombreux effets pervers que d’autres politiques coûteuses sont ensuite appelées à prendre en charge, que ce soit au niveau des états ou de l’Union elle-même…

Les conditions d’acceptation d’une ICE

Pour être validée par les autorités européennes, une ICE doit donc atteindre le million de signatures validées et obtenir un quorum dans sept Etats membres. L’Allemagne a rapidement atteint cet objectif et la Belgique lui a emboîté le pas dès le début de notre campagne… Marc Fichers, Secrétaire général de Nature & Progrès Belgique, indique : « Nous ne pouvons pas prédire la date de fin de l’utilisation des pesticides mais nous remarquons que de plus en plus de citoyens veulent leur tourner le dos. Il est nécessaire d’entendre cela aujourd’hui pour pouvoir mettre rapidement en place les conditions de la transition. »

Nature & Progrès Belgique demande donc que les moyens financiers octroyés à la recherche et à l’optimalisation des pesticides chimiques de synthèse soient réalloués à la mise en pratique des très nombreuses alternatives existantes et au développement des alternatives non-chimiques, là où ces données font défaut. Ces dernières existent et l’agriculture biologique en fait, chaque jour qui passe, la démonstration. De plus, c’est bien ce type d’agriculture que les citoyens européens plébiscitent par leurs achats et leurs choix alimentaires.

Et Martin Dermine, coordinateur chez PAN Europe, d’ajouter : « Malgré l’essor de l’agriculture biologique et la grande demande des consommateurs, la Belgique est le deuxième plus gros consommateur de pesticides de l’UE. Il est grand temps que nos décideurs politiques reconnaissent qu’il y a une attente importante parmi les citoyens pour favoriser un mode de production agricole qui soit en phase avec l’environnement ».

Il convient de s’interroger, d’un point de vue démocratique, sur le retard important qu’accusent toujours les politiques publiques par rapport au mouvement citoyen. Mais il ne faut sans doute pas chercher plus loin la cause d’une défiance croissance du citoyen à l’égard de ses représentants. En tant que membres de l’ICE Sauver les abeilles et les agriculteurs !, Nature & Progrès Belgique et PAN Europe s’insurgent contre la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) européenne qui est en préparation, dont 80% du budget continuera à subsidier l’utilisation de pesticides de synthèse et l’importation de soja OGM. Nos décideurs politiques n’ont toujours pas compris les appels des scientifiques et des citoyens qui demandent une agriculture en phase avec son environnement. Plus que jamais, notre ICE a donc tout son sens et porte un message d’avenir pour le monde agricole qui doit absolument s’affranchir, aussitôt que possible, de l’agrochimie. Les deux associations demandent également aux différents Ministres belges, fédéraux et régionaux, de stopper immédiatement les dérogations pour les néonicotinoïdes tueurs d’abeilles et d’accélérer la conversion vers l’agriculture biologique dans notre pays.

Faire un pas de plus pour et au-delà de la Wallonie…

Le printemps approche à grands pas. Si les représentants politiques sont sourds à ses demandes, lui préférant celles de grands lobbies agroalimentaires, il reste au citoyen à faire entendre sa voix autrement. Les alternatives existent ! Le choix d’abandonner les pesticides afin de passer aux alternatives agroécologiques doit se faire maintenant ! Tout hectare de culture pollué par des pesticides est un hectare de trop !

En 2017, Nature & Progrès lançait sa campagne « Vers une Wallonie sans pesticides ». Nous sommes particulièrement heureux de voir que cette démarche trouve aujourd’hui un prolongement européen. Nous avançons, à présent, à grands pas vers une Europe sans pesticides…

Aujourd’hui, l’ICE Sauvons les abeilles et les agriculteurs ! comptabilise environ 450.000 signatures, à travers l’Europe. Il faut que le million de signatures soit atteint pour le mois de mars 2021. D’ici là, deux nouveaux pays doivent encore atteindre le seul fatidique des 15.750 signatures afin de valider notre ICE. Dans l’ordre chronologique, ce quota a déjà été atteint par l’Allemagne, la Belgique, l’Autriche, la Roumanie et, depuis peu, la France. Ce qui fait cinq ! Nous devons donc tous continuer, quoi qu’il en soit, à partager autour de nous l’ICE Sauvons les abeilles et les agriculteurs !