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25 novembre 2025
Communiqué de presse
Cette semaine la protection des captages d’eau est à l’ordre du jour du Parlement et du Gouvernement wallon. Objectif de part et d’autre : interdire la pulvérisation des pesticides chimiques aux abords des captages d’eau ; mais les périmètres de protection divergent.
Jusqu’à ce jour, la protection des captages d’eau et donc des ressources en eau qui alimentent à 80% l’eau potable des wallons, contre la contamination par les pesticides chimiques, est concrètement nulle; à l’exception d’un périmètre restreint de 10m autour du point de captage où toute activité est interdite. Ce “permis de polluer” autour du captage est une hérésie dénoncée par Nature & Progrès et ses partenaires de longue date.
A la faveur des crises PFAS des dernières années et d’un cycle d’auditions au Parlement wallon cet été sur les dommages sanitaires des pesticides, les instances politiques sont enfin prêtes à prendre des mesures concrètes d’interdiction de pulvérisation des pesticides, mais sur l’ambition, les positions divergent.
Une proposition de décret déposée par l’opposition a été débattue ce mardi 25 novembre 2025 au Parlement.[1]. Elle vise à interdire totalement les pesticides dans l’ensemble de la zone de prévention autour des captages d’eau (zones IIA et IIB), une approche qui fait consensus dans la communauté scientifique.
Parallèlement, le ministre Coppieters (Les Engagés) a annoncé qu’il déposera ce jeudi 27 novembre au gouvernement un projet de décret qui sera débattu au gouvernement. Il veut interdire les pulvérisations de pesticides — sauf les biopesticides autorisés en agriculture biologique — uniquement sur la zone IIA et sur la zone IIB en région karstique, où la perméabilité est plus élevée à cause des fissures.
Cette initiative est certes plus volontariste que la motion de la majorité (MR–Engagés) signée en septembre dernier. En outre, le ministre de l’Environnement et de la Santé a précisé en Commission, en concertation avec le secteur de l’eau (SPGE), qu’une liste de 21 pesticides problématiques sera interdite sur toutes les zones IIB, ainsi que sur la zone III, celle qui alimente la nappe phréatique après plus de 50 jours. Le ministre a annoncé qu’il entendait également interdire l’utilisation des pesticides PFAS par les particuliers et les professionnels, une mesure complémentaire indispensable pour protéger les ressources en eau de ces polluants éternels.
Il convient toutefois de rappeler que les zones de prévention ont été établies pour éviter les pollutions accidentelles de la nappe phréatique. Elles sont délimitées soit selon les réalités concrètes d’approvisionnement, soit de manière forfaitaire. Cette délimitation se base sur le temps nécessaire aux substances pour pénétrer la masse d’eau : moins de 24 heures pour la zone IIA, et moins de 50 jours pour la zone IIB. Toutefois, dans les deux cas, les polluants finissent par atteindre la nappe. Dans la zone IIB, l’effet est simplement retardé dans le temps, qu’il s’agisse d’une zone karstique ou pas.
Aussi, Nature & Progrès alerte :
« Limiter la protection au périmètre II A autour des captages, c’est risquer de manquer l’effet recherché. La seule stratégie réellement efficace pour protéger la ressource en eau, réduire les coûts de dépollution et protéger la santé des wallons consiste à interdire l’ensemble des pesticides chimiques en amont sur l’ensemble des zones d’alimentation des captages. Bien entendu des mesures complémentaires d’accompagnement des agriculteurs doivent être adoptées en même temps. » relève Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer chez Nature & Progrès.
Le texte déposé par l’opposition n’a finalement quant à lui pas fait l’objet d’un vote ce jour au Parlement et a été reporté, dans l’attente des prochaines négociations au gouvernement.
Nature & Progrès appelle les parlementaires et le gouvernement wallons à faire preuve d’ambition et de cohérence.
[1] https://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2025_2026/DECRET/379_1.pdf
