Suite aux rencontres citoyennes et au dossier sur l’abattage de proximité réalisés par Nature & Progrès, un groupe rassemblant éleveurs, citoyens et chercheurs s’est mis en place pour avancer sur la concrétisation de ces techniques en Wallonie. La première réunion de ce groupe s’est tenue hier dans les bureaux de Nature & Progrès.

C’est le manque de lieux d’abattage de proximité qui a motivé une vingtaine de personnes, éleveurs, citoyens et chercheurs, à se réunir en vue de concrétiser l’abattage à la ferme en Wallonie. En effet, de nombreux éleveurs en circuit court peinent à trouver des lieux d’abattage proches de la ferme, ce qui engendre des transports plus longs pour le bétail. Par ailleurs, certains d’entre eux souhaitent également reprendre en mains la mise à mort de leurs animaux, et leur fournir les conditions les plus idéales pour éviter le stress, optimisant à la fois le bien-être animal et la qualité de la viande. L’abattage de proximité constitue donc une alternative intéressante qui permet d’éviter le transport des animaux en les abattant sur le lieu même de leur élevage. L’étude de Nature & Progrès a mis en évidence deux possibilités déjà pratiquées par d’autres pays européens : l’abattage à la ferme et le camion d’abattage mobile.

L’abattage à la ferme est réalisé en Allemagne, sous conditions, pour les bovins vivant toute l’année à l’extérieur, soit des animaux qui ne sont pas facilement manipulables. La bête est alors abattue dans le pâturage, où un enclos a éventuellement été délimité. Mais l’abattage à la ferme pourrait aussi être envisagé pour des animaux habitués à l’homme, comme des vaches laitières en fin de vie. L’abattage à la ferme nécessite une adaptation de la législation. En effet, actuellement, la loi précise que, sauf dans certains cas précis (animaux accidentés, gibier d’élevage), les animaux doivent arriver vivants à l’abattoir. Dans le cas de l’abattage à la ferme, après la mise à mort et la saignée, les animaux sont transportés à l’abattoir – endéans un laps de temps défini pour garantir la qualité de la viande – où la dépouille est ensuite prise en charge.

Le camion d’abattage constitue quant à lui une structure mobile qui se déplace de ferme en ferme. Il comprend tout le nécessaire pour fonctionner comme un abattoir classique. Les camions circulant en Allemagne, en Suède et bientôt en France ont trouvé des solutions afin de gérer l’approvisionnement en eau et en sources d’énergie ainsi que l’élimination des déchets. Ces structures nécessitent un investissement important par rapport à l’abattage à la ferme où seule une remorque pour le transport de la dépouille est nécessaire. En raison de l’opportunité que représente le camion d’abattage pour le bien-être animal, il est autorisé par la réglementation européenne qui invite les états membres à légiférer eux-mêmes sur le sujet.

Si les conditions sanitaires encadrant l’abattage ont fortement évolué en Europe ces dernières décennies, provoquant notamment la fermeture d’établissements n’ayant pu se mettre aux normes, c’est en raison de l’épisode de la crise de la vache folle dans les années 1990. Aujourd’hui, les législations encadrant l’élevage, notamment la suppression des farines animales, ont évolué afin d’éliminer cette maladie des troupeaux, le dernier cas belge datant de 2006, soit il y a douze ans. Il convient donc de réévaluer les conditions d’agrément des lieux d’abattage afin de permettre la multiplication des structures nécessaires à une bonne couverture géographique de la Wallonie.

La première réunion du groupe de travail sur l’abattage à la ferme a permis d’établir son fonctionnement et de fixer ses premiers objectifs en vue de concrétiser ces techniques en Wallonie.

Éleveurs, consommateurs et chercheurs travailleront à des propositions concrètes permettant de cadrer le processus d’abattage à la ferme. En effet, un cadre permettant à la fois une mise à mort digne et le respect des normes sanitaires doit être garanti de manière au moins aussi stricte que dans un processus standard d’abattage. Ceci nécessite la définition, en collaboration avec l’AFSCA, d’un protocole précis et contrôlable.

Le groupe souhaite également avancer sur la concrétisation du camion d’abattage. Tout comme les abattoirs « classiques » sont partiellement financés par les fonds publics, un investissement sera nécessaire pour une structure mobile qui répondra aux besoins de nombreux éleveurs en circuit court ainsi qu’aux hautes attentes en matière de bien-être animal de la part des consommateurs, prêts à contribuer aux frais de fonctionnement quotidiens.  Par ailleurs, les différents acteurs du groupe sont convaincus que le camion d’abattage se présente comme un outil complémentaire, et non un substitut, aux abattoirs fixes qui garderont leur utilité.

Nature & Progrès est enthousiaste quant à la progression du processus de concrétisation de l’abattage de proximité. C’est un réel enjeu pour le développement de filières viande de qualité en Wallonie, valorisant les savoir-faire des éleveurs et des bouchers et fournissant au consommateur une viande de qualité, présentant une plus-value éthique et riche en valeurs.