Cet article est paru dans la revue Valériane n°176
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Par Pierre Libioulle,
membre jardinier chez Nature & Progrès
Le climat change. Pouvons-nous encore nous fier au calendrier des semis et aux vieux dictons pour planifier nos travaux au jardin ? Considérons ensemble quelques repères naturels de nos régions.

La plantation des pommes de terre peut être réalisée dès la floraison du lilas
Nous vivons dans une société où tout s’accélère, et où notre rapport au temps change. Le respect des rythmes des plantes, du climat et des saisons est un fondamental du jardinier, mais nos repères se trouvent bousculés par le dérèglement climatique. Est-ce à dire que les calendriers des semis ou des plantations sont à revoir ? Est-ce à dire que nos bons vieux dictons sont obsolètes ? Est-ce à dire que nous pouvons semer ou planter hors saison grâce ou à cause du dérèglement climatique ? Ces quelques pistes alimenteront, je l’espère, votre réflexion et votre activité au jardin.
Les repères phénologiques
La phénologie (du verbe grec phanein , apparaître) étudie la succession des « apparitions » naturelles. A l’inverse des calendriers fixes, qui ne prennent pas en compte les variations climatiques annuelles, les repères phénologiques nous aident à adapter nos activités de jardinage aux conditions réelles. Ils varient sensiblement d’une année à l’autre, mais aussi d’un endroit à l’autre, tout en étant tributaires du dérèglement climatique.
L’observation de ces repères va constituer une aide précieuse pour nos pratiques de jardinage puisque plantes et animaux réagissent bien avant nous aux variations de températures. Une anticipation de quelques phénomènes météorologiques s’avère possible pour chacun d’entre nous. Bien évidemment, il restera difficile de prévoir certains phénomènes exceptionnels comme l’intensité d’un orage local ou le caractère de plus en plus extrême d’une période de sécheresse.
Concrètement, certains sites peuvent vous aider à créer votre propre calendrier phénologique, adapté à votre jardin (par exemple, « un-jardin-bio.com » de Gilles Dubus). Avec des repères végétaux, animaux, météorologiques et astronomiques, on peut ainsi mieux adapter son jardinage.
Printemps
- Floraison du tussilage. On peut travailler la pleine terre. Raifort, fèves des marais, carottes et oignons peuvent être semés.
- Floraison du forsythia. Taille des arbustes à floraison estivale et des rosiers, semis de pois.
- Floraison du pissenlit. Le sol a atteint une température d’environ 6°C. On peut alors semer les premiers épinards ou radis.
- Apparition des premières feuilles de la vigne. Les légumes cités juste avant peuvent être semés et rattraperont le temps perdu !
- Apparition des feuilles sur le groseillier à maquereau. Choux et salades peuvent être semés en couche froide.
- Floraison du lilas. C’est le bon moment pour planter les pommes de terre. Le vieux dicton qui recommande de planter les variétés hâtives à la Saint-Joseph (19 mars) est devenu moins fiable, selon nous, malgré le dérèglement climatique. Une petite gelée tardive peut griller vos jeunes pousses qui ne s’en remettront pas. Des semis en extérieur peuvent être démarrés.
- Retour des hirondelles. Il annonce la plupart des semis non gélifs en extérieur, la plantation des fleurs mellifères qui vont attirer les insectes pollinisateurs (phacélie, bourrache, souci…). C’est aussi un bon signal pour acclimater peu à peu à l’extérieur (de jour, seulement) vos plants de tomates, courgettes, aubergines, avant plantation définitive.
- Apparition des premières feuilles de chêne. En principe, fin des gelées tardives et plantation des légumes d’été.
- Floraison des rosiers (ou après la floraison complète du lilas). On peut démarrer les semis de haricots nains et à rames, planter des légumes d’été. C’est sans doute plus fiable que le vieux dicton qui dit d’attendre la fin les Saints de Glace (12-15 mai). Un bon indice consiste aussi à mesurer la température du sol : à 17 ou 18°C, il est idéal pour planter les légumes d’été.
Eté
- Floraison du sureau. On peut semer les poireaux d’hiver et les chicorées. Là encore, le dicton ancien « la Saint-Jean (21 juin) ne doit voir ni semer ni planter les endives/chicorées » mérite d’être revu (semer plus tôt) à condition d’envisager les variétés les plus résistantes à la chaleur. Plantation des premiers choux d’hiver et de nombreuses variétés de salades (Merveille des Quatre Saisons, Rouge Grenobloise, Oreilles du diable, Iceberg…). Pour celles-ci, mieux vaut en semer peu mais à intervalles réguliers (tous les dix jours par exemple).
- Rougissement des groseilles rouges. L’été est installé et on peut semer le fenouil et le chou chinois (Pe-Tsai). Plantation des choux d’hiver (type chou de Milan type de Pontoise, chou blanc à choucroute…).
- Floraison du millepertuis. Derniers semis de carottes, salades et fèves des marais.
- Maturité des baies de sorbier, de sureau et des mûres. On peut semer les épinards, la mâche et les betteraves d’hiver. Cette année, chez nous, les mûres (ronce sauvage ou cultivée) ont pu être récoltées dès le 25 juillet, en avance de 15 à 20 jours.
- Floraison du colchique d’automne. Plantation de l’ail violet, qui pousse lentement mais bien mieux, in fine, que celui planté au printemps ; une période de froid lui étant très bénéfique.
- Départ des oiseaux migrateurs. Si l’hirondelle ne part pas avant fin septembre, un hiver doux jusqu’à Noël est probable.
Automne et hiver
- Maturité des châtaignes et des noix. Apparition des premières gelées. On disait autrefois que si la récolte de noix était abondante, l’hiver serait rude et qu’un novembre froid et clair présageait un mois de janvier doux et couvert. A bon entendeur !
- « A la Sainte-Catherine, tout bois reprend racines » (24 novembre) : ce vieux dicton s’avère relativement correct. Une grande règle à respecter étant d’attendre la chute des feuilles pour planter vos arbres ou arbustes fruitiers à racines nues. Hors gel intense, bien évidemment.

La floraison du tussilage annonce les premiers semis au jardin

Quand apparaissent les baies de sorbier, semez vos légumes d’hiver !
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