Cette étude est parue dans les revues Valériane n°171-176
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Par Marianne Remi,
productrice bio de la mention Nature & Progrès
Avec la participation de Claire Lengrand, rédactrice pour Nature & Progrès,
et de Sylvie La Spina, rédactrice en chef de la revue Valériane
Résumé
L’emballement climatique, accompagné de sécheresses et d’inondations, met au jour une série d’erreurs dans nos politiques d’aménagement du territoire et dans nos pratiques de culture. Le ruissèlement est favorisé par les surfaces bétonnées, les terres mises à nu ou appauvries en matières organiques, au détriment d’une infiltration favorisant la recharge des aquifères et permettant de conserver l’eau douce. Si les effets des extrêmes hydriques, et notamment la pénurie d’eau, sont plus marqués dans les pays du sud de l’Europe, ils concernent également nos régions.
A travers la rencontre et le témoignage de producteurs espagnols directement impactés par la sécheresse, nous avons pu prendre conscience des réalités vécues par ces populations rurales et récolter une série de réflexions. Les solutions à mettre en œuvre pour permettre le maintien de l’activité agricole dans le pourtour méditerranéen concernent aussi nos pays aux conditions plus clémentes. Elles se trouvent dans les mains des politiques, des industriels et des citoyens.
Les pratiques mises en œuvre pour composer avec la sécheresse sont nombreuses : agriculture biologique, régénérative (moindre travail du sol, paillage…), irrigation de précision, pâturage, adaptation des espèces… Elles permettent de retenir le peu d’eau utilisable, et donc, de réduire les besoins des cultures et économiser l’eau au niveau global tout en préservant sa qualité. Une généralisation de ces techniques est un premier levier d’adaptation aux pénuries. A contrario, polluer l’eau est légal, et une eau contaminée n’est plus utilisable.
Notre sécurité alimentaire dépend largement des apports des pays méditerranéens. Si les conditions favorables de sol et de climat de notre pays permettent de cultiver un large panel de plantes alimentaires, les surfaces manquent dans nos régions densément peuplées et urbanisées. Dans les pays du sud de l’Europe, en revanche, la sécheresse réduit considérablement le nombre d’espèces cultivables. Une réflexion globale est nécessaire pour développer la solidarité. Ne laisserions-nous pas, par exemple, la culture de la vigne au pourtour méditerranéen, que nous pourrions soutenir à travers nos importations ?
Face à la pénurie d’eau, il est indispensable de penser la priorisation des usages. En Espagne, le tourisme est favorisé par les autorités alors que les cuves des agriculteurs sont vides. Ne faudrait-il pas privilégier les activités alimentaires (qualifiées d’essentielles) et la survie de la population locale ? Et en Wallonie, vers quelles politiques se dirige-t-on ? Un projet de décret visant une hiérarchisation des usages de l’eau a lancé d’intenses discussions et soulevé de multiples questions. Il attend toujours d’être remis sur la table du nouveau gouvernent.
Enfin, tandis que certains questionnent la consommation en eau des forêts « qui font pleuvoir », celle des citoyens et des entreprises est passée au peigne fin. Car au-delà de nos usages visibles se cachent des consommations indirectes liées à nos modes de vie. Le numérique, associé à nos idéaux de progrès et de modernité, ne devrait-il pas être questionné, réduit ?
Cette étude démontre que les crises associées à la sécheresse et à la désertification dans le pourtour méditerranéen nous concernent tout autant que les populations locales. Nous devons, citoyens, acteurs économiques et responsables politiques, adopter des mesures de solidarité pour préserver l’eau douce, cette ressource précieuse. Pour notre santé et celle de la Terre.
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