Cette étude est parue dans les revues Valériane n°171-176

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Par Guillaume Lohest,
rédacteur pour Nature & Progrès

Avec la participation de Jean-Louis Van Malder, membre de Nature & Progrès,
et de Sylvie La Spina, rédactrice en chef de la revue Valériane

 

 

 

Résumé

En tous lieux et en toutes circonstances, planter des arbres est considéré comme une solution « tout-terrain » aux problèmes de notre société. Nos ligneux jouissent d’une image sympathique, et il est vrai qu’ils jouent des rôles multiples dans nos écosystèmes.

Parmi ceux-ci, la captation du carbone atmosphérique est mise en avant. Certains vont jusqu’à affirmer que planter des arbres peut compenser les émissions produites par nos trajets en avion ou d’autres activités perçues comme « non durables ». Déjà, s’engouffrent derrière ce discours de nombreux acteurs y trouvant une manière de déculpabiliser une population de plus en plus soucieuse des enjeux climatiques. Cette idée doit cependant être nuancée : quels arbres planter, où, quand, par qui, comment ? Et déjà s’évapore le rêve : non, planter des arbres n’arrêtera pas le dérèglement climatique ; des politiques de sobriété restent indispensables.

L’arbre peut, en revanche, nous aider à nous adapter à l’augmentation des températures en rafraichissant les villes. Il est alors nécessaire d’adopter une politique d’aménagement cohérente qui favorisera non seulement le verdissement, mais aussi la circulation lente (piétons, vélos…). La formation des architectes amenés à préparer ces plans doit prévoir un apprentissage des besoins des végétaux en vue de sortir d’une vision réductrice – souvent en vigueur actuellement – qui revient à considérer les plantations comme du mobilier urbain. Les aménagements inadaptés fleurissent dans nos villes, compromettant parfois la survie d’arbres centenaires.

Planter… Et pourquoi ne pas arrêter de couper les arbres ? L’idée de créer des forêts primaires fait son chemin, mais se heurte aux intérêts des multiples utilisateurs des espaces boisés : exploitants de bois, chasseurs, promeneurs… Car il ne faut pas oublier que la forêt constitue une vaste culture de plantes pérennes dont la révolution sur le temps long tend à faire oublier son caractère économique. En tant que consommateurs de bois et de ses sous-produits, nous sommes tous concernés par cette valorisation économique.

Si les arbres peuvent contribuer à « nous sauver » des dérèglements du climat, ils en sont aussi des victimes. Nos forêts dépérissent, aggravant la situation via le relargage de carbone dans l’atmosphère. Se pose la question de la nécessité d’une intervention pour les aider à s’adapter aux fluctuations de température et d’humidité. Faut-il planter de jeunes arbres d’essences mieux adaptées ou se reposer sur les vieux sujets, plus résilients ?

Cette étude se conclut par une réflexion sur toutes les nuances à apporter à l’idée simple et largement répandue que la plantation d’arbres constitue une solution face à l’emballement climatique. Ce geste anodin et sympathique ne devrait pas nous empêcher d’agir : questionner les pratiques agricoles, adopter la sobriété, faire évoluer la vision de l’arbre en ville, interroger la consommation de bois, promouvoir la création de forêts primaires dans une démarche concertée avec tous les acteurs des territoires. Planter, c’est bien, mais se pose aussi la question de l’entretien, qui repose principalement sur une population d’agriculteurs de plus en plus faible et surchargée. Et si cette responsabilité était mieux répartie au sein de la société ? Au-delà de l’arbre se cachent quantité d’enjeux prioritaires pour notre société, pour notre santé et celle de la Terre.

 

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