OMNIBUS VII : La santé et l’environnement sacrifiés sur l’autel de la « simplification »

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12 décembre 2025

Communiqué de presse

Un nouveau projet de loi omnibus est attendu ce 16 décembre. Il vise à faire sauter une série de mesures prévues dans le cadre réglementaire actuel pour protéger la santé et l’environnement de la toxicité des pesticides. Sous prétexte de faciliter la mise sur le marché des biopesticides et de simplifier les procédures d’autorisation actuelles, la Commission européenne propose un recul alarmant de la protection des citoyens et de l’environnement.

Plus de 50 organisations présentes en Belgique, y compris des syndicats agricoles, une mutuelle de santé et des organisations de la société civile, ont alerté leurs autorités sur les risques majeurs liés au projet de loi omnibus sur la sécurité des denrées alimentaires de la Commission européenne.[1] Derrière les objectifs affichés de « simplifier la procédure » et de « faciliter la mise sur le marché des biopesticides comme alternatives aux pesticides de synthèse », se cache en réalité un démantèlement des garanties actuellement en place pour protéger la santé publique et la sécurité environnementale lors de la mise sur le marché des pesticides.

La proposition concrète la plus inquiétante, au sein de ce package de “simplification”, réside dans l’octroi d’autorisations de pesticides à vie. Le système européen actuel limite les autorisations de substances actives à une durée initiale de 10 ans, renouvelables pour des périodes successives de 15 ans. Cette procédure de renouvellement périodique permet d’assurer la prise en compte “régulière” des nouvelles données scientifiques ; un mécanisme jugé “efficace” par la Commission elle-même en 2020, qu’elle s’apprête pourtant à faire sauter pour la majorité des pesticides actuellement sur le marché.

«  Le système de réévaluation périodique a permis d’identifier et de retirer du marché, lors des réévaluations périodiques, de nombreuses substances particulièrement toxiques, comme le mancozèbe, un fongicide toxique pour la reproduction et perturbateur endocrinien, le chlorpyrifos, un insecticide neurotoxique, ou le flufénacet, un herbicide PFAS. Certes, le système actuel n’est pas parfait et la procédure de renouvellement des autorisations souffre de délais et d’insuffisances qui nécessitent de revoir les procédures[2], mais certainement pas de les supprimer », commente  Virginie Pissoort de Nature et Progrès.

En marge de ce permis de polluer à vie, la proposition de la Commission européenne prévoit aussi de faire sauter l’obligation pour les États membres de prendre en compte les dernières données scientifiques lors de l’évaluation des produits. Alors même que la Cour de justice de l’UE [3]  a récemment rappelé l’obligation de s’appuyer sur les connaissances scientifiques les plus récentes pour protéger la santé et l’environnement, il suffirait aux États membres de se baser sur les données fournies, parfois des années plus tôt, lors de l’évaluation de la substance active, révèle le document qui a fuité de la DG Santé. Enfin, pour ne citer que les mesures les plus critiques, la Commission européenne propose un rallongement des « périodes de grâce », pour laisser l’industrie écouler les produits interdits parce que jugés dangereux (3 années, contre 18 mois aujourd’hui).[4].

La Commission européenne, tirant profit de la nécessité d’accélérer et de simplifier la mise sur le marché des biopesticides (produits de biocontrôle) pour l’avenir de l’agriculture européenne, détricote les procédures de mise sur le marché des pesticides chimiques, marquant un recul notoire de la prise en compte des enjeux sociétaux actuels. Pourtant, la population européenne réclame davantage de protection contre les pesticides, conformément aux différents sondages, baromètres et enquêtes sur le terrain,[5] et les agriculteurs ne sont pas sourds à cette demande.

«  On l’a pointé lors des auditions au Parlement wallon, l’homologation des pesticides de synthèse pose question. Les agriculteurs respectent les réglementations, utilisent des produits homologués conformément aux autorisations, et pourtant les problèmes environnementaux et sanitaires sont réels. S’il est nécessaire de simplifier les procédures de mise sur le marché de produits de biocontrôle, nous ne pouvons accepter de voir disparaître les procédures de renouvellement périodique des pesticides ». précise Hugues Falys, porte parole de la FUGEA, fédération unie de groupement d’éleveurs et agriculteurs.

Il est nécessaire de revoir l’évaluation des risques des pesticides dans une tout autre direction que celle proposée : prendre enfin en compte les effets synergiques et cumulatifs (effet cocktail), les effets sur le microbiote, tous les métabolites de pesticides, cesser les successions de prolongations administratives en l’absence d’évaluation des risques finalisée, etc.

« Les preuves des impacts négatifs des pesticides sur la santé, la biodiversité et les ressources en eau continuent de s’accumuler ; il est évident que nous avons aujourd’hui besoin de plus de protection, pas moins. Affaiblir les règles aujourd’hui, c’est tourner le dos à l’intérêt général et mettre en danger des millions de personnes. »  ajoute Céline Bertrand de la Société scientifique de médecine générale.

La réforme omnibus VII met en péril le principe de précaution et expose durablement les citoyens, les travailleurs agricoles et l’environnement à des risques évitables. Les organisations listées en annexe en appellent aux autorités politiques pour refuser ce recul majeur.

[1] RETIF : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX:52020DC0208

[2] Pour résoudre les lenteurs de la procédure d’évaluation des réévaluations périodiques, plusieurs mesures sont préconisées : Les Etats membres devraient refuser d’analyser les dossiers incomplets ou non qualitatifs, mais aussi augmenter les redevances d’évaluation et affecter tous les montants perçus aux coûts nécessaires à l’évaluation des risques (ressources humaines, …)

[3] 25042024_PR_EU Court_member states do not properly carry out pesticide assessments.pdf

[4] Plus d’informations sur les mesures ici : https://www.generations-futures.fr/actualites/omnibus-7-briefing/briefing-omnibus7/

[5] Voir à ce titre les consultations, baromètres, ou encore lors de la Conférence sur l’avenir de l’Europe ou des deux initiatives citoyennes européennes couronnées de succès, ou encore un sondage d’opinion IPSOS auprès de 5 Etats membres

Annexe 1 : Liste des organisations signataire d’un courrier à tous les ministres belges de la santé, de l’environnement et de l’agriculture, à tous les parlementaires européens belges, et à la Commissaire européenne Hadja Lahbib, pour les appeler à rejeter les propositions de dérégulations des règles actuelles de mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques proposées par la DG Santé, sous l’Omnibus VII. :  https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/12/Annexe-1-CP-Omnibus-VII-12122025.pdf 

 

Nouveaux OGM (NTG) : l’Europe entérine un texte mais la Belgique doit respecter ses engagements

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4 décembre 2025

Communiqué de presse

Le trilogue sur la dérégulation des NTG a pris fin cette nuit. Pressée d’en finir, la présidence danoise a obtenu un accord sur le texte de dérégulation des nouveaux OGM. Présenté comme un compromis équilibré entre compétitivité, innovation et durabilité, c’est surtout un grand hold-up de l’industrie semencière. Ce texte négocié en trilogue est loin de rencontrer les balises que la Belgique avait dictées le 14 mars dernier dans une déclaration au Conseil. Nature & Progrès appelle la Belgique à respecter ses engagements et à voter « contre » ce texte.

Le 14 mars dernier, la Belgique avait donné son accord[1] à la proposition du Conseil européen visant à déréglementer les nouveaux OGM issus des nouvelles techniques génomiques (NTG). Un « oui » que Nature & Progrès avait vivement regretté, mais que le gouvernement avait assorti de conditionnalités. Un « oui, si et seulement si » quatre conditions se retrouvent dans le texte final. Les ministres belges avaient justifié ce choix : dire oui sous condition, c’était permettre de faire avancer les discussions en trilogue (Conseil, Commission et Parlement européen) sur ces différents points en vue d’un accord final qui intégrerait ces conditions.

Lesquelles sont-elles ? La non-brevetabilité des NTG, l’obligation d’étiquetage et de traçabilité des NTG, l’exclusion des NTG dans le bio, et enfin l’analyse des risques et la prise en compte des NTG résistants aux insecticides ; soit un socle minimal pour assurer la protection de la santé publique, de l’environnement et l’autonomie des agriculteurs.

Le texte final issu du trilogue, en retrait sur ces exigences

Le texte finalement obtenu en négociation ce 3 décembre et brandi fièrement par le Conseil européen [2] comme un compromis permettant de concilier compétitivité et innovation de l’industrie semencière, tout en respectant des impératifs de durabilité pour l’avenir de l’agriculture en Europe, est loin de s’être approprié les balises formulées par la Belgique. Il est aussi nettement en retrait par rapport aux avancées obtenues par le Parlement européen en février 2024 sur le texte de la Commission européenne.

Concrètement, pas d’interdiction des brevets pour les NTG, tout au plus une obligation d’information sur les traits brevetés dans un registre public, et un code de conduite pour un système volontaire de licences est prévu, avec une évaluation de ce système alambiqué, de toute évidence néfaste pour tous les acteurs de la chaîne, excepté les grandes firmes semencières.

Ensuite, pas d’obligation d’étiquetage de tous les NTG pour le consommateur final et tout au long de la chaîne ; seules les semences sont étiquetées. Pas de garantie d’absence de NTG dans la filière bio non plus, en l’absence d’étiquetage obligatoire et d’information sur les méthodes de détection, rendant ainsi impossible la traçabilité des NTG.

Quant au système d’évaluation des risques au cas par cas, et à la résistance aux insectes, c’est sans doute la seule condition partiellement réalisée, puisque pour les NTG connus pour produire une substance insecticide, une évaluation des risques est prévue.

Appel au gouvernement belge : tenir parole

Le texte adopté cette nuit doit encore être approuvé par les membres du Conseil et du Parlement européen. Notre pays aura à se prononcer lors d’un prochain Conseil. Nature & Progrès exige de la Belgique qu’elle respecte ses engagements et s’oppose à l’adoption d’un texte qui ne rencontre pas les conditions qu’elle s’est fixées afin de protéger la santé, l’environnement et les producteurs agricoles, déjà largement dépendants des industries.

« Lorsque la Belgique a dit “oui” en mars dernier, elle avait tracé des lignes rouge claires « oui, mais … ». Dans le texte entériné hier, ces garanties ne sont pas respectées. Valider un texte à une distance aussi abyssale de la déclaration adoptée il y a quelques mois, non seulement serait revenir sur son engagement, mais cela démontrerait, une fois encore, que c’est à la solde des lobbies que répondent nos autorités, et pas aux impératifs de protection de la santé, de l’environnement, et de protection de nos agriculteurs, qui ont bien plus à perdre qu’à gagner de cet accord. » Virginie Pissoort, responsable plaidoyer, Nature & Progrès

[1] https://www.natpro.be/actualites/pour-la-premiere-fois-la-belgique-dit-officiellement-oui-aux-nouveaux-ogm/

[2] https://www.consilium.europa.eu/fr/press/press-releases/2025/12/04/new-genomic-techniques-council-and-parliament-strike-deal-to-boost-the-competitiveness-and-sustainability-of-our-food-systems/

Des niveaux élevés de TFA, un « polluant éternel »(PFAS), dans les céréales consommées au quotidien dans toute l’Europe

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4 décembre 2025

Communiqué de presse

Une nouvelle étude de PAN Europe et de ses membres, dont Nature & Progrès, révèle des niveaux élevés d’acide trifluoroacétique (TFA), un polluant chimique éternel identifié comme toxique pour la reproduction, dans les céréales quotidiennement consommées à travers toute l’Europe.

Les aliments les plus contaminés sont les céréales classiques du petit-déjeuner. Les concentrations moyennes y sont 100 fois plus élevées que celles présentes dans l’eau du robinet. Le rapport montre que notre alimentation est une voie d’exposition humaine importante.

Nous appelons les régulateurs à fixer immédiatement un seuil de sécurité sur la teneur en TFA dans notre alimentation qui protège réellement les citoyen.nes et à interdire tous les pesticides PFAS et autres sources de TFA.

L’étude a analysé 66 produits céréaliers conventionnels achetés dans 16 pays européens, notamment des céréales pour le petit-déjeuner, des viennoiseries populaires, des pâtes, des croissants, du pain complet et raffiné, et de la farine. Elle s’appuie sur des rapports antérieurs faisant état de niveaux élevés de TFA dans les vins européens et d’une contamination généralisée de l’eau du robinet. Jusqu’ici, à notre connaissance, les autorités alimentaires ne surveillant pas la présence de TFA dans les aliments. Il s’agit de la première étude de ce type au niveau de l’UE.

Les principales conclusions de notre étude sont les suivantes :

  • Contamination généralisée des produits à base de céréales en Europe : le TFA a été détecté dans 81,8 % des échantillons (54 sur 65) prélevés dans 16 pays de l’Union européenne. 
  • Niveaux de contamination élevés : la concentration moyenne en TFA était de 78.9 μg/kg et des valeurs maximales pouvant atteindre 360 μg/kg. Les produits à base de blé sont nettement plus contaminés que les autres produits à base de céréales.
  • Les aliments, après l’eau potable, constituent la principale voie d’exposition au TFA:  le niveau moyen de TFA détecté, de 78,9 μg/kg est 107 fois supérieur à la concentration moyenne de TFA dans l’eau du robinet relevée dans notre étude précédente[1].
  • Il n’existe pas de LMR spécifiques de l’UE pour le TFA. Par conséquent, la LMR par défaut de 0,01 mg/kg (10 μg/kg) devrait s’appliquer. Pourtant, 54 échantillons ont dépassé cette LMR par défaut.

Une contamination dans tous les produits céréaliers commercialisés en Europe :

  •  360 µg/kg dans les céréales pour petit-déjeuner en Irlande
  •  340 µg/kg dans le pain complet belge
  •  310 µg/kg dans la farine de blé (produite en Allemagne)
  •  210 µg/kg dans une baguette française
  •  180 µg/kg dans un croissant français

« Tout le monde est exposé aux TFA par de multiples voies, notamment l’alimentation et l’eau potable. Nos conclusions soulignent la nécessité urgente d’interdire immédiatement les pesticides PFAS afin de mettre fin à la contamination de la chaîne alimentaire », a déclaré Salomé Roynel, chargée des politiques chez PAN Europe.

Le TFA, produit de dégradation des pesticides PFAS et des gaz fluorés, est extrêmement persistant et mobile. Il est de surcroît toxique pour la reproduction. Des études industrielles établissent également un lien entre ces composés et une baisse de la qualité du sperme, ainsi que des effets néfastes sur la thyroïde, le foie et les fonctions immunitaires. En raison de sa solubilité dans l’eau, le TFA s’accumule dans l’eau et les sols, où il est absorbé par les plantes.

Des études concordent sur le fait que le blé – céréales de base des européens – pourrait être particulièrement efficace pour accumuler le TFA, ce qui pourrait expliquer la forte accumulation de TFA observée dans des produits tels que le pain, les pâtes et les biscuits pour enfants.

« 81,8 % des échantillons dépassaient la limite maximale de résidus par défaut. Nous ne pouvons pas exposer les enfants à des produits chimiques reprotoxiques. Cela exige une action immédiate », a ajouté Angeliki Lysimachou, responsable des sciences et des politiques chez PAN Europe.

« Il est urgent d’interdire les sources d’émission de TFA en amont. Les Pesticides PFAS ne sont pas indispensables pour produire notre alimentation, or ils polluent notre eau et notre alimentation dans des proportions inquiétantes, exposant particulièrement les populations les plus vulnérables. C’est inacceptable. » déclare Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer chez Nature & Progrès.

En marge de l’interdiction en amont, Nature et Progrès et ses partenaires au sein de PAN Europe réclament également de fixer un seuil de référence toxicologique pour le TFA qui protège les citoyen.nes, et de surveiller le taux de TFA dans l’alimentation.

Le rapport complet : Version en français. Version originale en Anglais

Pour en savoir plus :

Briefing sur les pesticides PFAS et le TFA

[1] L’enquête de Nature & Progrès et PAN Europe intitulée « TFA : Un Polluant éternel dans l’eau que nous buvons » (2024) a révélé une concentration moyenne de TFA de 740 ng/L dans 36 échantillons d’eau du robinet prélevés dans 11 pays de l’UE.

Le Conseil d’Etat annule 3 autorisations illégales de pesticides en Belgique

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27 novembre 2025

Communiqué de presse

Le Conseil d’Etat a jugé illégales trois autorisations données à des pesticides à base d’abamectine, un insecticide hautement toxique pour l’environnement et suspecté d’être génotoxique pour les humains[1]. Nature et Progrès Belgique, Bond Beter Leefmilieu et PAN Europe avaient mené l’affaire devant le Conseil d’Etat en 2024, suite à une prolongation de 15 ans de ces autorisations pour des usages en plein air et sous tunnel de l’Acaramik, du Vargas et du Safran par l’Etat alors que la Commission européenne avait restreint son usage aux seules serres fermées. “C’est la énième infraction du gouvernement fédéral concernant la législation sur les pesticides”, déclarent les trois organisations.

Lors du renouvellement de l’approbation européenne de l’abamectine en 2023[2], la Commission européenne a restreint aux seuls usages en serres hermétiquement closes cette substance et ce, afin d’empêcher toute fuite de cette substance hautement toxique pour la vie des sols et des milieux aquatiques. Certaines publications scientifiques pointent également l’aspect génotoxique et toxique pour la reproduction chez l’être humain. 

A la suite de cette réapprobation européenne de la substance active, la Belgique a renouvelé en 2024 les autorisations de pesticides à base d’abamectine pour des usages allant bien au-delà des restrictions imposées par l’Europe, pourtant claires, tant au niveau des durées de prolongations que des usages autorisés. 

« Agir de la sorte est illégal et donne le signal aux agriculteurs qu’ils peuvent poursuivre leurs pratiques, en les limitant le moins possible et le plus tard possible, nonobstant  les risques pour la santé des citoyens et notre environnement. Nous ne pouvions pas laisser passer ça » indique Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer chez Nature & Progrès.

« Cela fait deux fois en deux ans que le Conseil d’Etat annule des décisions illégales de notre administration fédérale. Les exemples de mauvaise gouvernance y sont légion. Cette situation est inacceptable, de la part de fonctionnaires supposés veiller au respect de la législation, à la protection de notre santé et de l’environnement. » enchaîne Martin Dermine, directeur exécutif chez PAN Europe.

En effet, en 2023, la Belgique a également été condamnée par la Cour de Justice pour des autorisations d’urgence illégales concernant les néonicotinoïdes, qui sont extrêmement toxiques pour les abeilles[3].

La Belgique ne respecte systématiquement pas les restrictions européennes quant aux autorisations en milieu fermé:

Un certain nombre de pesticides particulièrement toxiques pour la santé humaine ou l’environnement sont restreints à une utilisation en milieu clos. Actuellement, le seul milieu de culture qui pourrait, techniquement, être considéré comme un milieu clos est la serre permanente de haute technologie.

Le SPF Santé Publique ne respecte pas les restrictions européennes: au lieu de restreindre l’autorisation de ces substances hautement toxiques à des milieux hermétiques, il les autorise dans de simples tunnels. En effet, le document de guidance[4] définissant une « culture sous protection » n’impose que la présence de parois latérales, d’un toit et la possibilité de s’y tenir debout. Les entrées/sorties, les voies de ventilations et les types de revêtements au sol ne sont pas mentionnés dans le document, ce qui signifie que de simples tunnels correspondent aux exigences du SPF.

« La définition belge d’un système fermé est insuffisante pour protéger notre environnement, laissant un risque trop important de contamination du sol, de l’eau et de l’air. Cette interprétation irresponsable de la législation européenne engendre des risques inacceptables tant pour l’environnement que pour la santé publique» souligne Heleen de Smet de Bond Beter Leefmilieu.

L’exemple de l’abamectine n’est malheureusement pas isolé. D’autres substances devraient être restreintes aux milieu hermétiquement clos mais ne le sont pas en Belgique, telle la quinoline-8-ol, un fongicide classé comme « toxique pour la reproduction catégorie 1B », pour lequel la législation européenne prévoit qu’aucun contact avec l’être humain ou l’environnement n’est autorisé.

Les pesticides utilisés dans ces cultures « sous protection » peuvent se disséminer dans l’environnement par les aérosols de pulvérisation via les ouvertures ou dans les sols.

« Ce non-respect du droit européen a déjà été signalé aux autorités qui n’ont aucunement l’intention d’y remédier. » précise Martin Dermine. 

Ces usages avaient dès lors été dénoncés dans les autorisations portées au Conseil d’Etat, conjointement avec le problème de durée des prolongations.

Pourquoi le Conseil d’Etat juge ces autorisations illégales ?

Lors de la réautorisation de ces pesticides à base d’abamectine en 2024, le SPF a délivré des « prolongations administratives », pour une durée de 15 années, tout en maintenant des usages en plein air, en flagrante contradiction avec les conditions imposées par le règlement européen sur l’abamectine. Lorsque l’administration prend du retard dans la ré-évaluation des autorisations nationales de pesticides, la législation européenne leur permet de prolonger les autorisations, le temps de finaliser l’évaluation, pas pour 15 années. Cette durée ne correspond pas à une « durée permettant de finaliser l’évaluation du pesticide » qui doit normalement se faire en 12 mois. Nature et Progrès Belgique, Bond Beter Leefmilieu et PAN Europe ont considéré qu’il s’agissait de prolongations définitives déguisées (premier moyen du recours).

Les plaignants avaient également mis en avant la problématique de non-respect de la restriction européenne à une utilisation en milieu fermé (2ème moyen). Dans la mesure où l’Etat était fautif sur base du premier moyen, le Conseil d’Etat n’a pas statué sur ce deuxième moyen.

« Nous regrettons que le Conseil d’Etat n’ait pas statué sur ce deuxième moyen. Nous attendons du SPF qu’il revoie les autorisations de tous les pesticides contenant de l’abamectine, sur les durées de prolongation, mais aussi afin de les restreindre aux espaces entièrement hermétiques. La pratique actuelle de l’administration de les autoriser en tunnel, ce qui n’empêche pas la contamination de l’environnement, est illégale. Nous continuerons à nous battre pour que le SPF respecte la législation »  conclut Virginie Pissoort.

[1] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/11/arret-CE-18112025.pdf

[2] Règlement (UE) 2023/515

[3] https://www.natpro.be/actus/pesticides/pesticides-une-page-se-tourne/

[4] https://share.google/qa1cMtZ0K7NTlEW1F

 

Dites NON aux Nouveaux OGM et interpellez les décideurs par mail!

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Dites NON aux Nouveaux OGM! Interpellez les décideurs par e-mail!

Le Parlement européen, le Conseil des ministres et la Commission négocient sur la mouture finale du texte de dérégulation des nouveaux OGM . Alors que les parlementaires européens avaient voté certaines conditions à la dérégulation de ces OGM, ils sont mis sous la pression du Conseil pour rétropédaler sur les amendements qu’ils avaient adoptés comme l’étiquetage ou l’interdiction de breveter les NTG.

Le 14 mars dernier, la Belgique avait dit « oui » au texte proposé par le Conseil européen sur la dérégulation des nouveaux OGM. Un « oui » que nous déplorons mais auquel était adossé une déclaration du gouvernement « la Belgique dit oui si et seulement si dans le texte final – à l’issue du trilogue avec la Commission européenne et le Parlement européen, l’accord respecte les 4 conditions suivantes :

  • Brevet : une interdiction totale de breveter les plantes issues des NTG.
  • Traçabilité et étiquetage : une traçabilité obligatoire sur toute la chaîne de valeur et d’étiquetage, jusqu’au consommateur.
  • Produits biologiques et coexistence : une interdiction des NTG dans les produits biologiques, et un système de coexistence explicite intégré au texte.
  • Analyse de risque et NTG résistantes aux insectes : conformément au principe de précaution, une analyse rigoureuse, au cas par cas, des risques environnementaux et sanitaires avant toute mise sur le marché de NTG doit être réalisée.

Les négociations en trilogue sont proches d’aboutir. De toute évidence, les conditions fixées par la Belgique et les amendements votés au Parlement européen ne figureront pas dans le texte final. Aussi, nous vous proposons d’écrire aux parlementaires européens, aux présidents de partis: Yvan Verougstraete et Georges-Louis Bouchez, mais également aux ministres compétents Yves Coppieters, Anne-Catherine Dalcq, David Clarinval, Frank Vandenbroucke et Jean-Luc Crucke.

Il est essentiel, que les balises qu’ils ont définies respectivement dans la position du Parlement du 7 février 2024 en ce qui concerne les parlementaires, et les balises fixées par la Belgique, par rapport au Conseil, soient respectées .

 

Pour contacter les parlementaires européens, les présidents de partis et ministres compétents veuillez suivre cette marche à suivre rapide:

  1. Copier le mail type ci-dessous
  2. Cliquer sur le bouton « envoyer un email »
  3. Coller le mail type
  4. Envoyer le mail
Mail type à copier-coller

Chère madame,
Cher monsieur,

Le 14 mars dernier, la Belgique a dit « oui » au texte proposé par le Conseil européen sur la dérégulation des nouveaux OGM. Un « oui » que nous déplorons mais auquel était adossé une déclaration du gouvernement « la Belgique dit oui si et seulement si dans le texte final – à l’issue du trilogue avec la Commission européenne et le Parlement européen, l’accord respecte les 4 conditions suivantes :

  • Brevets : une interdiction totale de la brevetabilité des plantes issues des NTG.
  • Traçabilité et étiquetage : une traçabilité obligatoire sur toute la chaîne de valeur et d’étiquetage, jusqu’au consommateur.
  • Produits biologiques et coexistence: une interdiction des NTG dans les produits biologiques, et un système de coexistence explicite intégré au texte.
  • Analyse de risque et NTG résistantes aux insectes : conformément au principe de précaution, une analyse rigoureuse, au cas par cas, des risques environnementaux et sanitaires avant toute mise sur le marché de NTG, et l’assurance d’un suivi post-commercialisation des impacts environnementaux et sanitaire.

De son côté, le Parlement européen avait voté un texte le 7 février comprenant des exigences au niveau de l’étiquetage, d’interdiction de breveter les plantes issues des NTG, d’interdiction des NTG dans les produits biologiques. Le trilogue avance, et la présidence danoise souhaite boucler le texte pour début décembre.

Le texte à ce stade des négociations est à une distance abyssale des amendements adoptés par le Parlement européen et des conditions fixées dans la déclaration de la Belgique.

Aussi, nous insistons pour que vous vous opposiez à l’adoption d’un texte qui ne rencontrera pas les limites que vous vous êtes fixé pour protéger la santé et l’environnement de sa population, ainsi que l’avenir des producteurs agricoles toujours plus sous la dépendance des industriels.

Je vous prie de croire, chère Madame, cher Monsieur, en ma considération distinguée,

Les instances politiques wallonnes, enfin prêtes à poser les premiers jalons pour protéger les ressources en eau des pesticides, affichent des ambitions différentes.

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25 novembre 2025

Communiqué de presse

Cette semaine la protection des captages d’eau est à l’ordre du jour du Parlement et du Gouvernement wallon. Objectif de part et d’autre : interdire la pulvérisation des pesticides chimiques aux abords des captages d’eau ; mais les périmètres de protection divergent. 

Jusqu’à ce jour, la protection des captages d’eau et donc des ressources en eau qui alimentent à 80% l’eau potable des wallons, contre la contamination par les pesticides chimiques, est concrètement nulle; à l’exception d’un périmètre restreint de 10m autour du point de captage où toute activité est interdite. Ce “permis de polluer” autour du captage est une hérésie dénoncée par Nature & Progrès et ses partenaires de longue date. 

A la faveur des crises PFAS des dernières années et d’un cycle d’auditions au Parlement wallon cet été sur les dommages sanitaires des pesticides, les instances politiques sont enfin prêtes à prendre des mesures concrètes d’interdiction de pulvérisation des pesticides, mais sur l’ambition, les positions divergent.  

Une proposition de décret déposée par l’opposition a été débattue ce mardi 25 novembre 2025 au Parlement.[1]. Elle vise à interdire totalement les pesticides dans l’ensemble de la zone de prévention autour des captages d’eau (zones IIA et IIB), une approche qui fait consensus dans la communauté scientifique.

Parallèlement, le ministre Coppieters (Les Engagés) a annoncé qu’il déposera ce jeudi 27 novembre au gouvernement un projet de décret qui sera débattu au gouvernement. Il veut interdire les pulvérisations de pesticides — sauf les biopesticides autorisés en agriculture biologique — uniquement sur la zone IIA et sur la zone IIB en région karstique, où la perméabilité est plus élevée à cause des fissures.

Cette initiative est certes plus volontariste que la motion de la majorité (MR–Engagés) signée en septembre dernier. En outre, le ministre de l’Environnement et de la Santé a précisé en Commission, en concertation avec le secteur de l’eau (SPGE), qu’une liste de 21 pesticides problématiques sera interdite sur toutes les zones IIB, ainsi que sur la zone III, celle qui alimente la nappe phréatique après plus de 50 jours. Le ministre a annoncé qu’il entendait également interdire l’utilisation des pesticides PFAS par les particuliers et les professionnels, une mesure complémentaire indispensable pour protéger les ressources en eau de ces polluants éternels.

Il convient toutefois de rappeler que les zones de prévention ont été établies pour éviter les pollutions accidentelles de la nappe phréatique. Elles sont délimitées soit selon les réalités concrètes d’approvisionnement, soit de manière forfaitaire. Cette délimitation se base sur le temps nécessaire aux substances pour pénétrer la masse d’eau : moins de 24 heures pour la zone IIA, et moins de 50 jours pour la zone IIB. Toutefois, dans les deux cas, les polluants finissent par atteindre la nappe. Dans la zone IIB, l’effet est simplement retardé dans le temps, qu’il s’agisse d’une zone karstique ou pas.

Aussi, Nature & Progrès alerte :

« Limiter la protection au périmètre II A autour des captages, c’est risquer de manquer l’effet recherché. La seule stratégie réellement efficace pour protéger la ressource en eau, réduire les coûts de dépollution et protéger la santé des wallons consiste à interdire l’ensemble des pesticides chimiques en amont sur l’ensemble des zones d’alimentation des captages. Bien entendu des mesures complémentaires d’accompagnement des agriculteurs doivent être adoptées en même temps. »  relève Virginie Pissoort, chargée de plaidoyer chez Nature & Progrès.

Le texte déposé par l’opposition n’a finalement quant à lui pas fait l’objet d’un vote ce jour au Parlement et a été reporté, dans l’attente des prochaines négociations au gouvernement. 

Nature & Progrès appelle les parlementaires et le gouvernement wallons à faire preuve d’ambition et de cohérence. 

[1] https://nautilus.parlement-wallon.be/Archives/2025_2026/DECRET/379_1.pdf

Les alternatives aux pesticides PFAS existent : l’agriculture biologique est la solution !

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6 novembre 2025

Communiqué de presse

Alors que les PFAS, polluants éternels, contaminent nos sols, nos rivières et notre alimentation, Nature & Progrès Belgique tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : l’agriculture biologique offre déjà toutes les solutions pour se passer des pesticides PFAS ! L’association appelle les autorités à s’inspirer du Danemark et à interdire la mise sur le marché de tous les pesticides contenant des PFAS.

Un lien établi entre pratiques agricoles et présence de PFAS

En Belgique, 11 % des substances actives autorisées dans les pesticides sont des PFAS, ces composés chimiques persistants dont la toxicité est établie[1]. Selon les dernières études de PAN Europe, réseau européen dont Nature & Progrès est membre, il existe des taux élevés de TFA (dérivé de nombreux pesticides PFAS) dans les rivières européennes situées dans les régions à forte densité agricoles. En Wallonie, un prélèvement dans la Mehaigne avait révélé une contamination parmi les plus élevées de la quarantaine d’échantillons prélevés en Europe, et un monitoring exhaustif de l’eau de la distribution réalisé par la SWDE a déjà affiché des niveaux inquiétants de contamination[2] qui tendent à augmenter dans le temps dans les zones les plus sensibles. De nombreuses recherches montrent que l’eau, le vin, les fruits et légumes seraient aussi fortement contaminés par le TFA.[3]

En outre, la courbe de ventes de pesticides PFAS est en hausse et exponentielle pour les dernières années, ce qui doit d’autant plus nous inquiéter. 

Une réponse évidente : l’agriculture biologique

Alors que la Ministre wallonne de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, lance les Etats Généraux de la Protection des Cultures pour étudier les alternatives aux pesticides, Nature & Progrès rappelle que la solution est connue de longue date : l’agriculture biologique. Dans une nouvelle brochure consacrée aux pesticides PFAS, l’association dresse un état des lieux complet de leur usage en agriculture et met en lumière les alternatives concrètes déjà mises en œuvre dans les fermes biologiques. Aujourd’hui, en Wallonie, 12,3 % de la surface agricole utile est cultivée en bio. Ces fermes démontrent qu’il est possible de prévenir plutôt que guérir : allonger les rotations, choisir des variétés résistantes, préserver les sols, favoriser la biodiversité, … Ces pratiques permettent non seulement de se passer totalement des pesticides PFAS, mais aussi de restaurer la qualité de l’eau, de l’air et des sols tout en assurant des revenus durables aux producteurs et aux productrices.

Comme l’indique l’agriculteur Gwenaël du Bus dans le film de Nature & Progrès « Intensif »[4] : 

« En bio, il y a plus de boulot et beaucoup plus de technicité. Les gens ont parfois l’impression que c’est l’inverse : le producteur bio c’est la nature, ce qu’on faisait il y a 200 ans, c’est facile… et que le conventionnel, c’est de la technicité. C’est quasiment l’inverse. On doit être beaucoup plus techniques en bio : le désherbage doit être très fin, les machines bien adaptées, on doit avoir beaucoup plus de diversité de produits. »  

Une demande claire : stopper le problème à la source

Nature & Progrès appelle les autorités belges et européennes à interdire en amont la mise sur le marché de tous les pesticides contenant des PFAS, en cohérence avec le principe de précaution. Le Danemark a déjà montré la voie en interdisant plusieurs pesticides PFAS afin de protéger durablement ses eaux souterraines. Il est urgent que la Belgique suive cet exemple et qu’elle engage une transition agricole dans laquelle l’agriculture biologique est reconnue comme levier majeur pour la santé publique et environnementale. 

« Depuis plus de cinquante ans, l’agriculture biologique prouve qu’il est possible de produire de manière saine et autonome, sans dépendre de la chimie. Les solutions existent, pour prendre soin de notre santé et de notre environnement. Il est urgent d’en faire la norme. » souligne Julie Van Damme, Secrétaire Générale de Nature & Progrès. 

Télécharger la brochure complète :

https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/11/Brochure_stopper-les-pesticides-pfas-a-la-source.pdf

 

[1] Voir par exemple : European Environment Agency, (2019). Emerging chemical risks in Europe ‘PFAS’ , EFSA (2020), Risk to human health related to the presence of perfluoroalkyl substances in food, Sunderland et al. (2019), Environmental Health Perspectives, DOI: 10.1289/EHP4555, Grandjean et al. (2012), Journal of the American Medical Association (JAMA), DOI: 10.1001/jama.2012.12525, Barry et al. (2013), Environmental Health Perspectives, DOI: 10.1289/ehp.1205829, Agency for Toxic Substances and Disease Registry (ATSDR), Toxicological Profile for Perfluoroalkyls (2021). 

[2] Nature & Progrès réagit aux nouvelles informations sur la présence du TFA dans l’eau potable en Wallonie – Nature & Progrès

[3] Augmentation alarmante de la présence du TFA dans les vins européens – Nature & Progrès 

[4] https://www.natpro.be/intensif/ 

Odyssée pour notre santé : étape du 30 septembre à Gembloux

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Ce mardi 30 septembre, l’Odyssée pour notre santé faisait étape à Gembloux. Les mutuelles de santé françaises sont à l’origine de ce projet, et d’autres acteurs, comme Nature & Progrès, les ont rapidement rejoint. L’objectif est de faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides.

Après une balade à vélo et en fanfare de Namur à Gembloux, le rendez-vous de la soirée chez Agricotiers a réuni près de 150 personnes ! Des animations et stands d’information (Nature & Progrès, la Mutualité Chrétienne, association de soutien aux victimes des pesticides…) accueillaient les participant.e.s.

Faits et témoignages en introduction

Pour introduire la table-ronde, plusieurs prises de parole. Pia Monville, coordinatrice d’Agricovert, a insisté sur l’importance de soutenir celles et ceux qui produisent en prenant soin du vivant. Elle a insisté sur la dimension de responsabilité et l’existence de solutions, et conclut en appelant au courage et à la conscience de croire encore et toujours dans un monde meilleur.

Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, a salué les pionniers qu’étaient Nature & Progrès. En effet, c’est en réaction au livre « Printemps silencieux » de Rachel Carson, publié en 1962 pour alerter sur la dangerosité des pesticides, que Nature & Progrès (France) s’est créé, deux ans plus tard. Il a rappelé l’objectif : que la terre soit habitable pour une vie digne et heureuse. Martin Rieussec-Fournier a également appelé à la solidarité pour « La fabrique à sucre » à Cambrais, une initiative qui vise à créer une filière de sucre avec des betteraves bios, et qui rencontre actuellement des difficultés de financement. Rendez-vous le 6 octobre au « Serment de Cambrais » pour soutenir nos voisin.e.s !

Nous avons ensuite écouté le témoignage de Gisèle qui illustre les liens entre l’utilisation de pesticides et la maladie de Parkinson. Ce rapport de cause à effet est formellement reconnu en France, puisque Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs.

Agnès Chapelle, représentante de la Mutualité Chrétienne, a conclu l’introduction en rappelant de nombreux éléments factuels, comme la mauvaise qualité de l’eau en Wallonie ou les résultats des biomonitorings wallons réalisés par l’ISSeP (99% des urines des enfants montrent des traces d’au moins un insecticide). Pour les mutualités de santé, l’intérêt de l’alimentation bio pour la santé est indéniable : il est donc essentiel de travailler sur son accessibilité.

Table-ronde

La table ronde qui a suivi devait réunir Anne-Catherine Dalcq, Ministre wallonne de l’Agriculture, et Yves Coppieters, Ministre wallon de la Santé de l’Environnement. Malheureusement, les Ministres ont été retenu.e.s par le conclave budgétaire. Leurs représentants respectifs ont pris le relais. Virginie Pissoort, experte pesticides chez Nature & Progrès, introduisait les prises de parole , animées par Yves Raisière, rédacteur en chef de Tchak!, sur base de questions récoltées lors d’une consultation citoyenne.

Virginie Pissoort a rappelé un ensemble de faits et d’engagements marquants : les chiffres du bio et l’écart avec les objectifs annoncés (12% de surfaces agricoles utiles en 2024 alors qu’on en voulait 30% en 2030 en Wallonie), les objectifs du PWRP, le soutien insuffisamment ciblé à l’agriculture biologique, la lasagne législatives wallonnes et européennes qui résulte finalement en une non protection efficiente des citoyens.

Comme en réponse à l’introduction, les représentant.e.s des Ministres ont insisté à plusieurs reprises sur l’importance de casser le mythe du « bio trop cher ». Une perspective que rejoint totalement Nature & Progrès.Le représentant du Ministre de l’Environnement a rappelé qu’avec la crise médiatique des PFAS, c’était la première fois qu’il y avait une telle preuve de l’ampleur de l’impact potentiel des pesticides. Il a également insisté sur la capacité du bio à « faire de la masse », comme on l’a vu dans le stand Tomorrow Food à la Foire de Libramont (ou encore dans notre film Intensif, à voir et à revoir). Il soulignait par ailleurs la nécessité de cibler les actions : plutôt que d’interdire tout épandage de pesticides dans un rayon de 3 km, il vaut mieux prendre des mesures utiles aux bons endroits.

Sur la centaine de questions reçues pour préparer la table-ronde, toutes n’ont pas pu être abordées. On peut regretter que la question proposée par Hugues De Bolster reste sans réponse : « Est-ce qu’on n’est pas dans un Hiroshima silencieux ? Et est-ce que la réaction des hommes et des femmes politiques n’est pas de mettre la tête dans le sable, exactement comme on a fait pour l’amiante ? »   

La suite ?

Les Etats généraux de la protection des Cultures, une initiative de la Ministre Anne-Catherine Dalcq, devraient commencer le 31 octobre prochain. Nature & Progrès continuera évidemment à suivre ces discussions de très près.

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Les prochains rendez-vous de l’Odyssée pour notre santé : Surice-Philippeville dans une ferme Nature & Progrès (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10) ! Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 9

Brasser bio et local (la Brasserie de la Lesse)

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Aujourd’hui nous sommes à Festi’Valériane, notre évènement annuel pour célébrer la bio sous toutes ses formes et nous recevons Julien Collard, directeur de « La brasserie de la Lesse ».   Une coopérative à finalité sociale où l’on brasse de la bière artisanale de grande qualité grâce à des matières premières belges et 100% bio et un savoir-faire reconnu.

 

La Brasserie de la Lesse en quelques mots

La brasserie de la Lesse est une coopérative à finalité sociale où l’on brasse de la bière artisanale de grande qualité grâce à des matières premières belges et 100% bio et un savoir-faire reconnu. Véritable brasserie ancrée dans le XXIème siècle, elle travaille selon les piliers du développement durable, en prenant en compte les enjeux économiques, environnementaux et sociaux de son époque. Ses bières se déclinent selon une gamme de bières classiques belges.

Le procédé de fabrication est entièrement naturel. Il n’utilise aucun conservateur, colorant, additif, exhausteur de goût, stabilisateur, clarifiant, agent moussant, correcteur ou autres qui polluent la bière. Au niveau du processus, la Brasserie de la Lesse ne pratique aucun forçage. Pas de centrifugation, pas de saturation forcée au CO2, pas de pasteurisation.

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

 

 

 

Lutte contre les pesticides : du 27 septembre au 3 octobre, à Bruxelles et partout Wallonie une Odyssée à vélo pour notre santé.

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18 septembre 2025

Communiqué de presse

Initiée par des mutuelles de santé, auxquelles se sont joints d’autres acteurs de la société, « l’Odyssée pour notre santé » vise à faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides. Sous la forme d’une caravane de cyclistes avec des agriculteurs victimes ; elle prendra le départ à Bruxelles et parcourra toute la Wallonie du 27 septembre au 3 octobre prochain. Son objectif : conscientiser sur les menaces des pesticides sur la santé et faire bouger les lignes pour une agriculture saine et robuste.

Un nouveau cap agricole s’impose : une agriculture affranchie des pesticides, pour notre santé et celle des écosystèmes. Cette volonté  s’inspire des victoires obtenues sur le danger que représentait – et représente toujours – l’exposition à l’amiante. Malgré les études scientifiques et les méta-analyses[1] démontrant les liens entre « exposition aux polluants chimiques, dont les pesticides et maladies » et « alimentation biologique et bienfaits pour la santé », les pesticides continuent d’être autorisés et utilisés massivement par les agriculteurs.rices en Europe, comme l’a été l’amiante, pendant des décennies. 

Pour Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, à l’origine de ce mouvement, il est urgent d’agir «Il a fallu un siècle pour faire interdire l’amiante, alors que la dangerosité était connue depuis 1906 et que des innocents en mourraient. L’amiante cause toujours plus de 90 000 morts par an en Europe. On ne peut pas accepter qu’il en soit de même avec les pesticides, qui rendent les gens de plus en plus malades, et de plus en plus jeunes. De surcroît, notre système de santé publique ne tiendra pas le coup.» 

Cette Odyssée à travers l’Europe s’étendra sur trois années. Elle commence par Bruxelles, siège des institutions européennes où se décident les fondements des normes en matière de pesticides et l’avenir de la Politique agricole commune. La caravane de cyclistes, bien visible grâce à des carottes géantes, sillonnera, une semaine durant, les routes de Wallonie pour rejoindre les différentes étapes du tour : Braives (28/09), Liège (29/09), Namur-Gembloux (30/09), Surice-Philippeville (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10).

A chaque étape, différentes activités sont organisées par les acteurs locaux, avec comme ambition de sensibiliser les populations aux dangers des  pesticides et de faire connaître les bénéfices de l’agriculture biologique pour la santé. 

Au programme (variable selon les étapes) : goûter et spectacle de clowns, fanfare, témoignages de victimes de pesticides, buffets et tables partagées bio évidemment, mais aussi des tables rondes et conférences avec des agriculteurs, des spécialistes et des responsables politiques[2].

Pour les mutualités belges particulièrement impliquées dans cette Odyssée, comme Solidaris et la Mutualité chrétienne, la prise en compte de ce lien « santé-pesticides » en vue d’un changement systémique de modèle agricole et alimentaire robuste, durable et sain s’impose. 

« À la Mutualité chrétienne, nous défendons une agriculture qui protège les citoyens, les agriculteurs et notre environnement. C’est tout le sens de notre engagement dans l’odyssée pour notre santé. Réduire l’usage des pesticides, c’est prévenir les maladies, préserver la biodiversité et garantir à chacun un accès équitable à une alimentation saine.» déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC. 

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

[1] Voyez entre autres, l’INRAE, et l’INSERM.

[2] Entre autres, la ministre AC. Dalcq et le Ministre Y. Coppieters en débat à Gembloux le 30 septembre, la  députée Céline Tellier en table ronde à Surice le 01 octobre,…

Les pesticides PFAS bientôt interdits ? En Belgique, les ambitions diffèrent selon les niveaux de pouvoir.

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17 septembre 2025

Communiqué de presse

Ce 16 septembre, des auditions étaient organisées à la commission Climat de la Chambre des représentants sur une proposition de loi d’interdiction pure et simple de mise sur le marché des pesticides PFAS en Belgique.[1] En Wallonie, les partis de la majorité avancent avec une timide motion d’interdiction d’utilisation des pesticides PFAS qui ne concernerait que les particuliers et pas les utilisateurs professionnels. La société civile réitère sa demande de stopper en amont toute pollution des eaux et de notre alimentation aux pesticides PFAS.

Les pesticides PFAS ont pénétré nos campagnes depuis le début du XXIᵉ siècle. Reconnus pour leurs propriétés hydrophobes et lipophobes (répulsives aux graisses), ils bénéficient d’une stabilité renforcée, gravissant les échelons dans l’arsenal des intrants chimiques à disposition du monde agricole. Rien qu’en 2022, les ventes avaient augmenté de 20% en Belgique, avec une croissance maintenue en 2023.[2]

Vu leur formule chimique similaire, ces herbicides, fongicides et insecticides PFAS se transformeraient tous en TFA (acide trifluoroacétique), un PFAS à chaine courte extrêmement mobile et persistant qui contamine la qualité chimique nos ressources en eaux dans des proportions inquiétantes [3] et de façon quasi irréversible. Quant aux effets de ces pesticides PFAS et de leur métabolite commun, le TFA, sur la santé, ils restent mal connus, car trop peu investigués jusqu’à présent. Cependant, les études existantes suggèrent des risques similaires à ceux des PFAS à chaîne longue, notamment d’être reprotoxique pour l’être humain (lésions hépatiques, malformations, …). [4]

Au niveau fédéral – compétent en matière de mise sur le marché des produits – Une proposition de loi visant à interdire la mise sur le marché de ces pesticides PFAS en Belgique avait été déposée sous l’ancienne législature. L’actuelle Commission Climat du Parlement fédéral l’a ressortie des tiroirs pour la mettre en discussion. En vue d’éclairer les parlementaires sur les tenants et aboutissant des pesticides PFAS, elle a sollicité l’avis de différentes institutions et organisations : syndicats agricoles, services publics, acteurs de la société civile, chercheurs … Les auditions de ce 16 septembre[5] et avis écrits ont permis de rendre compte de l’ambition de la proposition de loi sur la table, de l’ampleur des enjeux, de certains blocages aussi. Cette proposition vise tous les produits phytopharmaceutiques PFAS (biocides et pesticides), tous les composants (substance active et co-formulant) et tous les utilisateurs, professionnels ou particuliers. À la suite de ces auditions, la proposition sera à l’ordre du jour des débats de la Commission Climat le 23 septembre prochain.

 

 

Dans le même temps, au niveau régional – compétent en matière d’utilisation des produits pesticides pour protéger l’environnement et la santé – en Wallonie, à la faveur d’un cycle d’auditions sur les pesticides organisé au Parlement cet été, les partis de la majorité (MR-Engagés) annoncent une motion pour interdire l’utilisation des pesticides PFAS mais qui ne concernerait que les particuliers et pas les agriculteurs. Un projet d’arrêté, en cours d’élaboration au niveau du cabinet de l’environnement, disposerait de la même limitation, ce qui est largement insuffisant par rapport à la hauteur des enjeux. [6]

« L’utilisation des pesticides PFAS en dehors des professionnels de l’agriculture est tout à fait anecdotique.  On parle de 4 substances actives, dont trois sont à peine commercialisées en Belgique, et la quatrième, particulièrement utilisées par les agriculteurs. En 2025, avec tout ce qu’on connait des risques des pesticides PFAS pour l’environnement et la santé, se limiter à interdire l’utilisation des pesticides PFAS pour les seuls particuliers, tout en laissant les agriculteurs libres de continuer à les utiliser, c’est créer l’illusion d’agir, tout en faisant du sur place. » s’insurge Virginie Pissoort, Responsable Plaidoyer chez Nature et Progrès.

[1] https://www.lachambre.be/flwb/pdf/56/0079/56K0079001.pdf

[2] Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation. – Nature & Progrès

[3] Monitoring TFA – 2eme rapport – Avril 2025_V2.pdf

[4] German agencies classify TFA as toxic substance | Umweltbundesamt

[5] https://media.lachambre.be/archives?dateFrom=2025-09-16&dateTo=2025-09-16

[6] Le Parlement de Wallonie, à 2h38’.

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 8

Revaloriser la laine Wallonne

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Aujourd’hui nous recevons Ygaëlle Dupriez, fondatrice de la filière « Laine de Wallonie » et créatrice de « Coccinelles et compagnie ».   Une boutique d’objets équitables, durables et surtout entièrement traçables, puisque pour chacun d’entre eux, notre invitée peut vous raconter son histoire de la provenance à la confection en passant par les personnes qui l’ont manipulé ! Une véritable caverne d’Alibaba remplie de pépites. Un atelier pour créer, vivre et partager.

 

Coccinelles et compagnie en quelques mots

Coccinelles et compagnie est une boutique d’objets éthiques, durables et traçables. Et entre les deux, du plaisir, beaucoup de plaisir ! Imaginer des moments, bienveillants et un peu fous où vous pourrez laisser aller votre imagination et vos mains.

Ygaëlle Dupriez, la fondatrice, a également créé « la laine des coccinelles »: une gamme de produits en laine belge et française. La laine est achetée dans 4 élevages, elle est ensuite lavée à Verviers, dans un des 4 derniers lavages de laine industriels d’Europe. Et puis, elle peut suivre 4 chemins différents, selon les produits : le fil, le feutre, le tissu et le rembourrage.

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

Ressources complémentaires :

      • Festi’Valériane : https://www.valeriane.be/
      • Revue Valériane n°42, pg 46 « Isoler son habitat en laine de mouton ? »
      • Revue Valériane n°108, pg 54 « Un amour de laine »

 

 

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 7

40 ans de fête de la bio avec Festi’Valériane

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Aujourd’hui nous recevons Sandrine Holden et Joaquim Lesne organisateurs de Festi’Valériane l’évènement annuel de Nature & Progrès pour célébrer la bio sous toutes ses formes. Festi’Valériane ce sont des milliers de visiteurs, quelques centaines d’exposants, des dizaines de conférences et ateliers durant 3 jours à Namur Expo. Les exposants sont scrupuleusement sélectionnés dans plus de 10 secteurs tels que : le jardinage, l’alimentation & l’agriculture, la santé, la société & l’environnement, l’habitat & l’énergie, etc. 

 

Festi’Valériane en quelques mots

Le week-end du 5 au 7 septembre 2025 marquera la quarantième édition du salon Valériane, le plus grand salon bio de Belgique. À cette occasion, le salon Valériane deviendra « Festi’Valériane ». Une nouvelle identité pour un événement plus festif, plus vivant, et toujours aussi engagé. Organisé par Nature & Progrès, ce rendez-vous incontournable réunira plus de 200 exposants, des dizaines de conférences et d’ateliers, un défilé de mode éthique et durable, une grande soirée festive, des villages thématiques, des dégustations bio… et un public fidèle prêt à fêter ensemble une manière de vivre, de consommer et de construire l’avenir pour notre santé et celle de la Terre.

Se nourrir bio, c’est se nourrir sainement, s’habiller en respectant la Terre et les travailleurs, habiter un logement confortable et écologique, prendre soin de son corps avec de bons produits naturels, cultiver un beau potager sans pesticides en suivant les saisons, partager un style de vie durable avec beaucoup d’autres… Tout cela au même endroit — et même bien plus encore.

Nature & Progrès le réalise depuis 40 ans : le premier week-end de septembre, à Namur, les visiteurs entrent dans un espace sûr où tous les agriculteurs, producteurs, exposants, conférenciers et animateurs partagent nos principes éthiques ainsi que nos valeurs écologiques et sociales.

En 2025, le salon devient naturellement « Festi’Valériane », car Valériane est avant tout une grande fête qui réunit tous les acteurs d’un monde soutenable et souhaitable. Les organisateurs préparent un programme qui respecte l’identité et l’ambiance de Valériane, tout en lui insufflant une nouvelle dynamique : un défilé éthique et durable, une journée et des rendez-vous pour les professionnels, des démonstrations participatives de cuisine bio et locale, une grande soirée festive, des activités spéciales pour les écoliers et les étudiants ainsi que pour les jeunes familles… Le tout organisé par Nature & Progrès, qui fêtera bientôt ses 50 ans.

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

Ressources complémentaires :

 

 

Pesticides : le Parlement Wallon donne la parole aux experts

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24 juin 2025

Communiqué de presse

Ce 24 juin marque le début d’un marathon d’auditions au Parlement de Wallonie sur la question des pesticides. Cette initiative fait suite aux déclarations de la ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, en avril dernier. Ses propos, jugés comme minimisant les risques liés aux pesticides, ont suscité de vives réactions, notamment dans la communauté scientifique.[1] En réponse, les commissions parlementaires ont décidé d’organiser une série d’auditions. En tout, une vingtaine d’experts et de parties prenantes seront entendus entre ce 24 juin et le 10 juillet.

L’organisation de ces auditions n’a pas été sans incident, et à juste titre. Initialement proposées en Commission Santé et Environnement, leur élargissement à une commission conjointe avec les parlementaires de la Commission Agriculture s’est rapidement imposé comme une évidence. Chaque groupe politique a pu suggérer des intervenants. Au vu des agendas chargés et de la multiplicité des experts, il a été décidé d’entendre certains experts en commission conjointe, d’autres en commission santé et environnement.

Concrètement, certains intervenants – principalement les experts sur les dimensions environnementale et de santé publique des pesticides ne seront écoutés et entendus « que » par les parlementaires de la commission Santé-Environnement, alors que les autres – dont les représentants des syndicats agricoles, et certaines institutions – seront eux écoutés en Commission conjointe.

Un cloisonnement que regrettent les membres de l’opposition et de la société civile, vu la transversalité de la problématique et la prégnance du problème, il est fondamental que les parlementaires de la Commission Agriculture s’imprègnent des impacts des pesticides pour la santé, l’environnement et la société en général. Dans un courrier aux présidents de partis du 6 juin, nous écrivions :

« Nous sommes convaincus que pour réussir à atteindre l’objectif de réduction de 50% des pesticides en Wallonie, la vision en silo qui a majoritairement prévalu sur ces enjeux par le passé doit faire place à une véritable démarche de regards croisés et d’approche globale. » [2]

Ce matin, les parlementaires de l’opposition sont revenus sur l’incohérence de disjoindre ces auditions et ont insisté pour que les rapports d’audition soient conjoints.

Il est toutefois à souligner que la ministre de l’Agriculture Anne-Catherine Dalcq était présente dès le début des auditions, en Commission Santé et Environnement, pour écouter, aux côtés du ministre Yves Coppieters, tous les experts : la cellule Environnement de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), Bruno Schiffers docteur en agronomie, Grégoire Wieërs de l’unité d’enseignement « One health » de l’université de Namur, et un représentant de la cellule CPES du SPW – ARNE.

Aux exposés détaillés et fouillés des 4 intervenants qui ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques et les dangers qu’il est impossible de résumer iciont succédé des salves de questions et échanges jusqu’en début d’après-midi, démontrant l’intérêt pour toutes les présentations développées, complémentaires les unes des autres. En termes de conclusion des présentations, on notera des nuances. Là où la SSMG et le professeur Schiffers se rencontrent fermes sur la nécessité d’agir à la source, et de stopper la contamination dès à présent ; les deux intervenants suivants étaient moins pressants, soulignant la nécessité des monitorings, biomonitorings, des collecte de données, d’analyse’évaluations des pratiques, etc. 

« Ce premier cycle d’auditions a donné un éclairage clair et détaillé sur les effets déjà là, observés et documentés des pesticides pour la santé et l’environnement. On ne peut qu’espérer que, les parlementaires et les deux ministres présents, mieux informés des risques réels des pesticides prendront leur responsabilité en matière d’utilisation des pesticides, à l’avenir. » conclut Virginie Pissoort de Nature et Progrès, après avoir assisté à cette matinée d’auditions.

Prochaines auditions : 25 juin, 7, 8 et 10 juillet. Toutes sont et seront disponibles en ligne sur le site du Parlement.[3] Et, après ? la balle sera dans le camp de nos responsables politiques qui n’auront plus aucune excuse pour ne pas agir. Les citoyens ont l’occasion de rejoindre l’appel des professionnel.le.s de la santé et scientifiques en faisant entendre leur voix via notre appel[4].

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot

[2] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/06/250606_AuditionsPW_Demande-de-commission-conjointe.pdf

[3] Le Parlement de Wallonie

[4] https://www.natpro.be/actus/pesticides/citoyen%c2%b7nes-rejoignez-les-profesionnel-le-s-de-la-sante-et-scientifiques-et-faites-entendre-votre-voix/

Citoyen·nes, rejoignez les professionnel.le.s de la santé et scientifiques et faites entendre votre voix !

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Nous aurons l’occasion de la porter lors des auditions parlementaires prévues ces 24/06 et 8/07, pour que les citoyen.nes et en particulier, les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, soient protégés des pesticides.

Rejoignez-nous et signez notre appel ci-dessous !

Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

Nous, société civile, rejoignons l’appel lancé par les professionnel·les de la santé et les scientifiques pour interpeller la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq, ainsi que le gouvernement, afin de protéger celles et ceux qui sont en première ligne face aux pesticides : les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, et in fine, nous toutes et tous.

Ce n’est pas un débat technique réservé aux spécialistes ou aux lobbies. Ce qui est en jeu, c’est notre droit fondamental à vivre dans un environnement sain.

Nous rejoignons l’appel des professionnels de la santé sur les points suivants[1] :

Tout d’abord, assimiler un pesticide à « une molécule trouvée dans la nature que l’on a modifiée un peu pour mieux cibler son action », comme l’affirme la ministre, est au mieux l’indice d’une sérieuse méconnaissance de ces produits (car la majorité des pesticides sont à ce jour des molécules de synthèse), au pire, l’indice de la volonté de nier la dangerosité pourtant avérée de certaines de ces molécules. Dans les deux cas, cela est hautement problématique, et incompatible avec le devoir d’exemplarité d’une ministre de l’Agriculture.

Mais encore, il est inexact de dire que « tous les paramètres de santé sont contrôlés par des toxicologues ». En effet, le système actuel comporte de nombreuses lacunes, notamment au niveau des essais qui se basent sur des modèles simplifiés ne pouvant rendre compte de la complexité des systèmes naturels. La preuve en est, qu’après quelques années d’utilisation en conditions réelles, des effets indésirables sont observés sur la santé et/ou sur l’environnement, aboutissant à un retrait des autorisations délivrées (l’exemple du retrait récent du Flufénacet est démonstratif). Ces interdictions ou retraits n’empêchant d’ailleurs pas leurs effets néfastes de perdurer. Il en va ainsi de dizaines de pesticides ou de leurs produits de dégradation, toxiques et rémanents dans l’environnement, comme le DDT et autres organochlorés interdits depuis des années voire des décennies, que l’on retrouve sous forme de résidus dans nos aliments, nos eaux souterraines et finalement comme contaminants dans notre sang. Demain ce sera le cas des dérivés des pesticides PFAS.

La ministre semble ignorer les tenants et aboutissants de la procédure d’autorisation des produits phytopharmaceutiques (les « pesticides »), ce qui est inquiétant.

(…) la partie la plus problématique de l’enjeu des pesticides concerne notre santé, celui-ci devrait – c’est le bon sens même – être discuté avec scientifiques et médecins, mais il semble que la ministre préfère en discuter avec les entreprises phytopharmaceutiques et les producteurs de semences tout en continuant d’ignorer, comme ses prédécesseurs, les effets délétères massifs des pesticides sur la santé et la biodiversité.

Pourtant les données scientifiques ne cessent de s’accumuler et de renforcer le faisceau de preuves. Paradoxalement, les résultats des études commanditées par la Région Wallonne elle-même ces dernières années restent ignorés, les experts scientifiques inaudibles et les recommandations émises non suivies d’effet. Pour preuve l’AGW sur l’emploi des pesticides qui n’a pas été révisé suite aux études menées par l’ISSeP, le CRA-W et l’ULiège.

Nous sommes toutes et tous contaminés par les pesticides, y compris pendant des périodes de vie de haute vulnérabilité à leur toxicité. Femmes enceintes, bébés, enfants, adolescents. Personne n’y échappe. Les études de biomonitoring montrent que dans notre pays, les pesticides sont d’ailleurs parmi les polluants les plus retrouvés chez les enfants.

En Belgique, plus de 5.000 tonnes de substances actives pesticides sont épandues chaque année. Une grande part des substances autorisées en Belgique sont cancérigènes, toxiques pour la reproduction, toxiques pour les organes, irritantes pour la peau. De nombreuses substances actives ont des effets de perturbation endocrinienne. Une trentaine sont des PFAS. Sans oublier toutes les autres substances ajoutées à la molécule active, les co-formulants, dont plusieurs sont des biocides (métaux lourds, arsenic, hydrocarbures…).

L’impact des pesticides sur le déclin de la biodiversité et sur la santé humaine est considérable. Ce ne sont pas des opinions. Ce sont des faits scientifiques.

Nous ne pouvons accepter que la santé soit la variable d’ajustement des systèmes alimentaires industriels. Nous ne pouvons accepter que la santé soit la grande oubliée des discussions et des décisions prises en matière d’agriculture. Aujourd’hui, les externalités négatives du complexe agro-industriel sont assumées par la société, par nous toutes et tous. Les coûts en termes d’impact sur la santé sont colossaux. L’épidémie de maladies chroniques (cancers, maladies neurodégénératives…), outre toutes les souffrances qu’elle occasionne, ne fait qu’appauvrir la collectivité. Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

 

Nous ajoutons :

L’évaluation des risques qui précède la mise sur le marché des pesticides n’est pas complètement maitrisée par les toxicologues et elle est tout à fait INSUFFISANTE :

  • l’étude de la toxicité à long terme n’est pas requise
  • les effets cumulatifs ne sont pas évalués
  • les co-formulants passent sous le radar
  • l’effet sur les bébés est mesurée en fixant son poids de référence à 9kg l’adolescent à 60 kg
  • les études épidémiologiques sont sous estimées ; seules les bonnes pratiques de laboratoire produites par l’industrie sont prises en compte et elles sont souvent illisibles pour les évaluateurs …
  • les métabolites – produits de dégradation des substances actives des pesticides – ne sont pris en compte que s’ils ont été jugés pertinents
  • la perturbation endocrinienne doit être évaluée depuis 2018 mais des dizaines de pesticides qui sont à l’étude sur ce critère continuent à être provisoirement autorisés en attendant les résultats de ces études …

Dans ces conditions, il est impossible d’affirmer qu’un pesticide autorisé est sans risque.

Il suffit d’un détour par la France pour comprendre la gravité du problème : certaines maladies comme certains cancers ou la maladie de Parkinson sont désormais reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs exposés aux pesticides.

Les pesticides ne sont pas une fatalité.

Les alternatives aux pesticides existent ; nos agriculteurs bio le prouvent tous les jours, depuis des décennies parfois! Chez Nature & Progrès, nous le démontrons à travers différentes actions et outils : venez à la rencontre de notre réseau de producteurs bio et locaux, à la découverte de la campagne Vers une Wallonie Sans Pesticides qui documente sur et avec les acteurs de terrain les pratiques alternatives aux pesticides culture par culture, regarder notre film-documentaire intensif ces agriculteurs alliés de la terre qui suit 3 parcours bio inspirant le temps d’une saison en grandes cultures bio, etc.

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus rester silencieux. Alors que des auditions auront lieu les 24 juin et 8 juillet, nous voulons que la voix des citoyen·nes compte, aux côtés de celle des médecins, des chercheurs, des soignants.

Il faut du courage et de l’accompagnement des acteurs pour changer nos modèles de production, mais c’est nécessaire pour notre santé et celle de la terre !

 

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot