Odyssée pour notre santé : étape du 30 septembre à Gembloux

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Ce mardi 30 septembre, l’Odyssée pour notre santé faisait étape à Gembloux. Les mutuelles de santé françaises sont à l’origine de ce projet, et d’autres acteurs, comme Nature & Progrès, les ont rapidement rejoint. L’objectif est de faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides.

Après une balade à vélo et en fanfare de Namur à Gembloux, le rendez-vous de la soirée chez Agricotiers a réuni près de 150 personnes ! Des animations et stands d’information (Nature & Progrès, la Mutualité Chrétienne, association de soutien aux victimes des pesticides…) accueillaient les participant.e.s.

Faits et témoignages en introduction

Pour introduire la table-ronde, plusieurs prises de parole. Pia Monville, coordinatrice d’Agricovert, a insisté sur l’importance de soutenir celles et ceux qui produisent en prenant soin du vivant. Elle a insisté sur la dimension de responsabilité et l’existence de solutions, et conclut en appelant au courage et à la conscience de croire encore et toujours dans un monde meilleur.

Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, a salué les pionniers qu’étaient Nature & Progrès. En effet, c’est en réaction au livre « Printemps silencieux » de Rachel Carson, publié en 1962 pour alerter sur la dangerosité des pesticides, que Nature & Progrès (France) s’est créé, deux ans plus tard. Il a rappelé l’objectif : que la terre soit habitable pour une vie digne et heureuse. Martin Rieussec-Fournier a également appelé à la solidarité pour « La fabrique à sucre » à Cambrais, une initiative qui vise à créer une filière de sucre avec des betteraves bios, et qui rencontre actuellement des difficultés de financement. Rendez-vous le 6 octobre au « Serment de Cambrais » pour soutenir nos voisin.e.s !

Nous avons ensuite écouté le témoignage de Gisèle qui illustre les liens entre l’utilisation de pesticides et la maladie de Parkinson. Ce rapport de cause à effet est formellement reconnu en France, puisque Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle pour les agriculteurs.

Agnès Chapelle, représentante de la Mutualité Chrétienne, a conclu l’introduction en rappelant de nombreux éléments factuels, comme la mauvaise qualité de l’eau en Wallonie ou les résultats des biomonitorings wallons réalisés par l’ISSeP (99% des urines des enfants montrent des traces d’au moins un insecticide). Pour les mutualités de santé, l’intérêt de l’alimentation bio pour la santé est indéniable : il est donc essentiel de travailler sur son accessibilité.

Table-ronde

La table ronde qui a suivi devait réunir Anne-Catherine Dalcq, Ministre wallonne de l’Agriculture, et Yves Coppieters, Ministre wallon de la Santé de l’Environnement. Malheureusement, les Ministres ont été retenu.e.s par le conclave budgétaire. Leurs représentants respectifs ont pris le relais. Virginie Pissoort, experte pesticides chez Nature & Progrès, introduisait les prises de parole , animées par Yves Raisière, rédacteur en chef de Tchak!, sur base de questions récoltées lors d’une consultation citoyenne.

Virginie Pissoort a rappelé un ensemble de faits et d’engagements marquants : les chiffres du bio et l’écart avec les objectifs annoncés (12% de surfaces agricoles utiles en 2024 alors qu’on en voulait 30% en 2030 en Wallonie), les objectifs du PWRP, le soutien insuffisamment ciblé à l’agriculture biologique, la lasagne législatives wallonnes et européennes qui résulte finalement en une non protection efficiente des citoyens.

Comme en réponse à l’introduction, les représentant.e.s des Ministres ont insisté à plusieurs reprises sur l’importance de casser le mythe du « bio trop cher ». Une perspective que rejoint totalement Nature & Progrès.Le représentant du Ministre de l’Environnement a rappelé qu’avec la crise médiatique des PFAS, c’était la première fois qu’il y avait une telle preuve de l’ampleur de l’impact potentiel des pesticides. Il a également insisté sur la capacité du bio à « faire de la masse », comme on l’a vu dans le stand Tomorrow Food à la Foire de Libramont (ou encore dans notre film Intensif, à voir et à revoir). Il soulignait par ailleurs la nécessité de cibler les actions : plutôt que d’interdire tout épandage de pesticides dans un rayon de 3 km, il vaut mieux prendre des mesures utiles aux bons endroits.

Sur la centaine de questions reçues pour préparer la table-ronde, toutes n’ont pas pu être abordées. On peut regretter que la question proposée par Hugues De Bolster reste sans réponse : « Est-ce qu’on n’est pas dans un Hiroshima silencieux ? Et est-ce que la réaction des hommes et des femmes politiques n’est pas de mettre la tête dans le sable, exactement comme on a fait pour l’amiante ? »   

La suite ?

Les Etats généraux de la protection des Cultures, une initiative de la Ministre Anne-Catherine Dalcq, devraient commencer le 31 octobre prochain. Nature & Progrès continuera évidemment à suivre ces discussions de très près.

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Les prochains rendez-vous de l’Odyssée pour notre santé : Surice-Philippeville dans une ferme Nature & Progrès (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10) ! Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 9

Brasser bio et local (la Brasserie de la Lesse)

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Aujourd’hui nous sommes à Festi’Valériane, notre évènement annuel pour célébrer la bio sous toutes ses formes et nous recevons Julien Collard, directeur de « La brasserie de la Lesse ».   Une coopérative à finalité sociale où l’on brasse de la bière artisanale de grande qualité grâce à des matières premières belges et 100% bio et un savoir-faire reconnu.

 

La Brasserie de la Lesse en quelques mots

La brasserie de la Lesse est une coopérative à finalité sociale où l’on brasse de la bière artisanale de grande qualité grâce à des matières premières belges et 100% bio et un savoir-faire reconnu. Véritable brasserie ancrée dans le XXIème siècle, elle travaille selon les piliers du développement durable, en prenant en compte les enjeux économiques, environnementaux et sociaux de son époque. Ses bières se déclinent selon une gamme de bières classiques belges.

Le procédé de fabrication est entièrement naturel. Il n’utilise aucun conservateur, colorant, additif, exhausteur de goût, stabilisateur, clarifiant, agent moussant, correcteur ou autres qui polluent la bière. Au niveau du processus, la Brasserie de la Lesse ne pratique aucun forçage. Pas de centrifugation, pas de saturation forcée au CO2, pas de pasteurisation.

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

 

 

 

Lutte contre les pesticides : du 27 septembre au 3 octobre, à Bruxelles et partout Wallonie une Odyssée à vélo pour notre santé.

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18 septembre 2025

Communiqué de presse

Initiée par des mutuelles de santé, auxquelles se sont joints d’autres acteurs de la société, « l’Odyssée pour notre santé » vise à faire émerger en Europe un nouveau chapitre de la santé publique en promouvant un cap agricole sans pesticides. Sous la forme d’une caravane de cyclistes avec des agriculteurs victimes ; elle prendra le départ à Bruxelles et parcourra toute la Wallonie du 27 septembre au 3 octobre prochain. Son objectif : conscientiser sur les menaces des pesticides sur la santé et faire bouger les lignes pour une agriculture saine et robuste.

Un nouveau cap agricole s’impose : une agriculture affranchie des pesticides, pour notre santé et celle des écosystèmes. Cette volonté  s’inspire des victoires obtenues sur le danger que représentait – et représente toujours – l’exposition à l’amiante. Malgré les études scientifiques et les méta-analyses[1] démontrant les liens entre « exposition aux polluants chimiques, dont les pesticides et maladies » et « alimentation biologique et bienfaits pour la santé », les pesticides continuent d’être autorisés et utilisés massivement par les agriculteurs.rices en Europe, comme l’a été l’amiante, pendant des décennies. 

Pour Martin Rieussec-Fournier, président des Mutuelles pour la santé planétaire, à l’origine de ce mouvement, il est urgent d’agir «Il a fallu un siècle pour faire interdire l’amiante, alors que la dangerosité était connue depuis 1906 et que des innocents en mourraient. L’amiante cause toujours plus de 90 000 morts par an en Europe. On ne peut pas accepter qu’il en soit de même avec les pesticides, qui rendent les gens de plus en plus malades, et de plus en plus jeunes. De surcroît, notre système de santé publique ne tiendra pas le coup.» 

Cette Odyssée à travers l’Europe s’étendra sur trois années. Elle commence par Bruxelles, siège des institutions européennes où se décident les fondements des normes en matière de pesticides et l’avenir de la Politique agricole commune. La caravane de cyclistes, bien visible grâce à des carottes géantes, sillonnera, une semaine durant, les routes de Wallonie pour rejoindre les différentes étapes du tour : Braives (28/09), Liège (29/09), Namur-Gembloux (30/09), Surice-Philippeville (01/10), Charleroi (02/10), Mons (03/10).

A chaque étape, différentes activités sont organisées par les acteurs locaux, avec comme ambition de sensibiliser les populations aux dangers des  pesticides et de faire connaître les bénéfices de l’agriculture biologique pour la santé. 

Au programme (variable selon les étapes) : goûter et spectacle de clowns, fanfare, témoignages de victimes de pesticides, buffets et tables partagées bio évidemment, mais aussi des tables rondes et conférences avec des agriculteurs, des spécialistes et des responsables politiques[2].

Pour les mutualités belges particulièrement impliquées dans cette Odyssée, comme Solidaris et la Mutualité chrétienne, la prise en compte de ce lien « santé-pesticides » en vue d’un changement systémique de modèle agricole et alimentaire robuste, durable et sain s’impose. 

« À la Mutualité chrétienne, nous défendons une agriculture qui protège les citoyens, les agriculteurs et notre environnement. C’est tout le sens de notre engagement dans l’odyssée pour notre santé. Réduire l’usage des pesticides, c’est prévenir les maladies, préserver la biodiversité et garantir à chacun un accès équitable à une alimentation saine.» déclare Elise Derroitte, vice-présidente de la MC. 

Aux revendications européennes globales de l’Odyssée pour notre santé, des acteurs belges ont formulé une série de demandes propres à la Wallonie et à la Belgique visant à ancrer ce changement de cap. 

Toutes les informations détaillées sur cette Odyssée et chaque étape du tour ainsi que les organisations partenaires se trouvent dans le dossier de presse

[1] Voyez entre autres, l’INRAE, et l’INSERM.

[2] Entre autres, la ministre AC. Dalcq et le Ministre Y. Coppieters en débat à Gembloux le 30 septembre, la  députée Céline Tellier en table ronde à Surice le 01 octobre,…

Les pesticides PFAS bientôt interdits ? En Belgique, les ambitions diffèrent selon les niveaux de pouvoir.

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17 septembre 2025

Communiqué de presse

Ce 16 septembre, des auditions étaient organisées à la commission Climat de la Chambre des représentants sur une proposition de loi d’interdiction pure et simple de mise sur le marché des pesticides PFAS en Belgique.[1] En Wallonie, les partis de la majorité avancent avec une timide motion d’interdiction d’utilisation des pesticides PFAS qui ne concernerait que les particuliers et pas les utilisateurs professionnels. La société civile réitère sa demande de stopper en amont toute pollution des eaux et de notre alimentation aux pesticides PFAS.

Les pesticides PFAS ont pénétré nos campagnes depuis le début du XXIᵉ siècle. Reconnus pour leurs propriétés hydrophobes et lipophobes (répulsives aux graisses), ils bénéficient d’une stabilité renforcée, gravissant les échelons dans l’arsenal des intrants chimiques à disposition du monde agricole. Rien qu’en 2022, les ventes avaient augmenté de 20% en Belgique, avec une croissance maintenue en 2023.[2]

Vu leur formule chimique similaire, ces herbicides, fongicides et insecticides PFAS se transformeraient tous en TFA (acide trifluoroacétique), un PFAS à chaine courte extrêmement mobile et persistant qui contamine la qualité chimique nos ressources en eaux dans des proportions inquiétantes [3] et de façon quasi irréversible. Quant aux effets de ces pesticides PFAS et de leur métabolite commun, le TFA, sur la santé, ils restent mal connus, car trop peu investigués jusqu’à présent. Cependant, les études existantes suggèrent des risques similaires à ceux des PFAS à chaîne longue, notamment d’être reprotoxique pour l’être humain (lésions hépatiques, malformations, …). [4]

Au niveau fédéral – compétent en matière de mise sur le marché des produits – Une proposition de loi visant à interdire la mise sur le marché de ces pesticides PFAS en Belgique avait été déposée sous l’ancienne législature. L’actuelle Commission Climat du Parlement fédéral l’a ressortie des tiroirs pour la mettre en discussion. En vue d’éclairer les parlementaires sur les tenants et aboutissant des pesticides PFAS, elle a sollicité l’avis de différentes institutions et organisations : syndicats agricoles, services publics, acteurs de la société civile, chercheurs … Les auditions de ce 16 septembre[5] et avis écrits ont permis de rendre compte de l’ambition de la proposition de loi sur la table, de l’ampleur des enjeux, de certains blocages aussi. Cette proposition vise tous les produits phytopharmaceutiques PFAS (biocides et pesticides), tous les composants (substance active et co-formulant) et tous les utilisateurs, professionnels ou particuliers. À la suite de ces auditions, la proposition sera à l’ordre du jour des débats de la Commission Climat le 23 septembre prochain.

 

 

Dans le même temps, au niveau régional – compétent en matière d’utilisation des produits pesticides pour protéger l’environnement et la santé – en Wallonie, à la faveur d’un cycle d’auditions sur les pesticides organisé au Parlement cet été, les partis de la majorité (MR-Engagés) annoncent une motion pour interdire l’utilisation des pesticides PFAS mais qui ne concernerait que les particuliers et pas les agriculteurs. Un projet d’arrêté, en cours d’élaboration au niveau du cabinet de l’environnement, disposerait de la même limitation, ce qui est largement insuffisant par rapport à la hauteur des enjeux. [6]

« L’utilisation des pesticides PFAS en dehors des professionnels de l’agriculture est tout à fait anecdotique.  On parle de 4 substances actives, dont trois sont à peine commercialisées en Belgique, et la quatrième, particulièrement utilisées par les agriculteurs. En 2025, avec tout ce qu’on connait des risques des pesticides PFAS pour l’environnement et la santé, se limiter à interdire l’utilisation des pesticides PFAS pour les seuls particuliers, tout en laissant les agriculteurs libres de continuer à les utiliser, c’est créer l’illusion d’agir, tout en faisant du sur place. » s’insurge Virginie Pissoort, Responsable Plaidoyer chez Nature et Progrès.

[1] https://www.lachambre.be/flwb/pdf/56/0079/56K0079001.pdf

[2] Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation. – Nature & Progrès

[3] Monitoring TFA – 2eme rapport – Avril 2025_V2.pdf

[4] German agencies classify TFA as toxic substance | Umweltbundesamt

[5] https://media.lachambre.be/archives?dateFrom=2025-09-16&dateTo=2025-09-16

[6] Le Parlement de Wallonie, à 2h38’.

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 8

Revaloriser la laine Wallonne

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Aujourd’hui nous recevons Ygaëlle Dupriez, fondatrice de la filière « Laine de Wallonie » et créatrice de « Coccinelles et compagnie ».   Une boutique d’objets équitables, durables et surtout entièrement traçables, puisque pour chacun d’entre eux, notre invitée peut vous raconter son histoire de la provenance à la confection en passant par les personnes qui l’ont manipulé ! Une véritable caverne d’Alibaba remplie de pépites. Un atelier pour créer, vivre et partager.

 

Coccinelles et compagnie en quelques mots

Coccinelles et compagnie est une boutique d’objets éthiques, durables et traçables. Et entre les deux, du plaisir, beaucoup de plaisir ! Imaginer des moments, bienveillants et un peu fous où vous pourrez laisser aller votre imagination et vos mains.

Ygaëlle Dupriez, la fondatrice, a également créé « la laine des coccinelles »: une gamme de produits en laine belge et française. La laine est achetée dans 4 élevages, elle est ensuite lavée à Verviers, dans un des 4 derniers lavages de laine industriels d’Europe. Et puis, elle peut suivre 4 chemins différents, selon les produits : le fil, le feutre, le tissu et le rembourrage.

 

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

Ressources complémentaires :

      • Festi’Valériane : https://www.valeriane.be/
      • Revue Valériane n°42, pg 46 « Isoler son habitat en laine de mouton ? »
      • Revue Valériane n°108, pg 54 « Un amour de laine »

 

 

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 7

40 ans de fête de la bio avec Festi’Valériane

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Aujourd’hui nous recevons Sandrine Holden et Joaquim Lesne organisateurs de Festi’Valériane l’évènement annuel de Nature & Progrès pour célébrer la bio sous toutes ses formes. Festi’Valériane ce sont des milliers de visiteurs, quelques centaines d’exposants, des dizaines de conférences et ateliers durant 3 jours à Namur Expo. Les exposants sont scrupuleusement sélectionnés dans plus de 10 secteurs tels que : le jardinage, l’alimentation & l’agriculture, la santé, la société & l’environnement, l’habitat & l’énergie, etc. 

 

Festi’Valériane en quelques mots

Le week-end du 5 au 7 septembre 2025 marquera la quarantième édition du salon Valériane, le plus grand salon bio de Belgique. À cette occasion, le salon Valériane deviendra « Festi’Valériane ». Une nouvelle identité pour un événement plus festif, plus vivant, et toujours aussi engagé. Organisé par Nature & Progrès, ce rendez-vous incontournable réunira plus de 200 exposants, des dizaines de conférences et d’ateliers, un défilé de mode éthique et durable, une grande soirée festive, des villages thématiques, des dégustations bio… et un public fidèle prêt à fêter ensemble une manière de vivre, de consommer et de construire l’avenir pour notre santé et celle de la Terre.

Se nourrir bio, c’est se nourrir sainement, s’habiller en respectant la Terre et les travailleurs, habiter un logement confortable et écologique, prendre soin de son corps avec de bons produits naturels, cultiver un beau potager sans pesticides en suivant les saisons, partager un style de vie durable avec beaucoup d’autres… Tout cela au même endroit — et même bien plus encore.

Nature & Progrès le réalise depuis 40 ans : le premier week-end de septembre, à Namur, les visiteurs entrent dans un espace sûr où tous les agriculteurs, producteurs, exposants, conférenciers et animateurs partagent nos principes éthiques ainsi que nos valeurs écologiques et sociales.

En 2025, le salon devient naturellement « Festi’Valériane », car Valériane est avant tout une grande fête qui réunit tous les acteurs d’un monde soutenable et souhaitable. Les organisateurs préparent un programme qui respecte l’identité et l’ambiance de Valériane, tout en lui insufflant une nouvelle dynamique : un défilé éthique et durable, une journée et des rendez-vous pour les professionnels, des démonstrations participatives de cuisine bio et locale, une grande soirée festive, des activités spéciales pour les écoliers et les étudiants ainsi que pour les jeunes familles… Le tout organisé par Nature & Progrès, qui fêtera bientôt ses 50 ans.

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

Ressources complémentaires :

 

 

Pesticides : le Parlement Wallon donne la parole aux experts

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24 juin 2025

Communiqué de presse

Ce 24 juin marque le début d’un marathon d’auditions au Parlement de Wallonie sur la question des pesticides. Cette initiative fait suite aux déclarations de la ministre de l’Agriculture, Anne-Catherine Dalcq, en avril dernier. Ses propos, jugés comme minimisant les risques liés aux pesticides, ont suscité de vives réactions, notamment dans la communauté scientifique.[1] En réponse, les commissions parlementaires ont décidé d’organiser une série d’auditions. En tout, une vingtaine d’experts et de parties prenantes seront entendus entre ce 24 juin et le 10 juillet.

L’organisation de ces auditions n’a pas été sans incident, et à juste titre. Initialement proposées en Commission Santé et Environnement, leur élargissement à une commission conjointe avec les parlementaires de la Commission Agriculture s’est rapidement imposé comme une évidence. Chaque groupe politique a pu suggérer des intervenants. Au vu des agendas chargés et de la multiplicité des experts, il a été décidé d’entendre certains experts en commission conjointe, d’autres en commission santé et environnement.

Concrètement, certains intervenants – principalement les experts sur les dimensions environnementale et de santé publique des pesticides ne seront écoutés et entendus « que » par les parlementaires de la commission Santé-Environnement, alors que les autres – dont les représentants des syndicats agricoles, et certaines institutions – seront eux écoutés en Commission conjointe.

Un cloisonnement que regrettent les membres de l’opposition et de la société civile, vu la transversalité de la problématique et la prégnance du problème, il est fondamental que les parlementaires de la Commission Agriculture s’imprègnent des impacts des pesticides pour la santé, l’environnement et la société en général. Dans un courrier aux présidents de partis du 6 juin, nous écrivions :

« Nous sommes convaincus que pour réussir à atteindre l’objectif de réduction de 50% des pesticides en Wallonie, la vision en silo qui a majoritairement prévalu sur ces enjeux par le passé doit faire place à une véritable démarche de regards croisés et d’approche globale. » [2]

Ce matin, les parlementaires de l’opposition sont revenus sur l’incohérence de disjoindre ces auditions et ont insisté pour que les rapports d’audition soient conjoints.

Il est toutefois à souligner que la ministre de l’Agriculture Anne-Catherine Dalcq était présente dès le début des auditions, en Commission Santé et Environnement, pour écouter, aux côtés du ministre Yves Coppieters, tous les experts : la cellule Environnement de la Société scientifique de médecine générale (SSMG), Bruno Schiffers docteur en agronomie, Grégoire Wieërs de l’unité d’enseignement « One health » de l’université de Namur, et un représentant de la cellule CPES du SPW – ARNE.

Aux exposés détaillés et fouillés des 4 intervenants qui ont tiré la sonnette d’alarme sur les risques et les dangers qu’il est impossible de résumer iciont succédé des salves de questions et échanges jusqu’en début d’après-midi, démontrant l’intérêt pour toutes les présentations développées, complémentaires les unes des autres. En termes de conclusion des présentations, on notera des nuances. Là où la SSMG et le professeur Schiffers se rencontrent fermes sur la nécessité d’agir à la source, et de stopper la contamination dès à présent ; les deux intervenants suivants étaient moins pressants, soulignant la nécessité des monitorings, biomonitorings, des collecte de données, d’analyse’évaluations des pratiques, etc. 

« Ce premier cycle d’auditions a donné un éclairage clair et détaillé sur les effets déjà là, observés et documentés des pesticides pour la santé et l’environnement. On ne peut qu’espérer que, les parlementaires et les deux ministres présents, mieux informés des risques réels des pesticides prendront leur responsabilité en matière d’utilisation des pesticides, à l’avenir. » conclut Virginie Pissoort de Nature et Progrès, après avoir assisté à cette matinée d’auditions.

Prochaines auditions : 25 juin, 7, 8 et 10 juillet. Toutes sont et seront disponibles en ligne sur le site du Parlement.[3] Et, après ? la balle sera dans le camp de nos responsables politiques qui n’auront plus aucune excuse pour ne pas agir. Les citoyens ont l’occasion de rejoindre l’appel des professionnel.le.s de la santé et scientifiques en faisant entendre leur voix via notre appel[4].

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot

[2] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/06/250606_AuditionsPW_Demande-de-commission-conjointe.pdf

[3] Le Parlement de Wallonie

[4] https://www.natpro.be/actus/pesticides/citoyen%c2%b7nes-rejoignez-les-profesionnel-le-s-de-la-sante-et-scientifiques-et-faites-entendre-votre-voix/

Citoyen·nes, rejoignez les professionnel.le.s de la santé et scientifiques et faites entendre votre voix !

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Nous aurons l’occasion de la porter lors des auditions parlementaires prévues ces 24/06 et 8/07, pour que les citoyen.nes et en particulier, les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, soient protégés des pesticides.

Rejoignez-nous et signez notre appel ci-dessous !

Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

Nous, société civile, rejoignons l’appel lancé par les professionnel·les de la santé et les scientifiques pour interpeller la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq, ainsi que le gouvernement, afin de protéger celles et ceux qui sont en première ligne face aux pesticides : les enfants, les agricultrices et agriculteurs ainsi que les riverains, et in fine, nous toutes et tous.

Ce n’est pas un débat technique réservé aux spécialistes ou aux lobbies. Ce qui est en jeu, c’est notre droit fondamental à vivre dans un environnement sain.

Nous rejoignons l’appel des professionnels de la santé sur les points suivants[1] :

Tout d’abord, assimiler un pesticide à « une molécule trouvée dans la nature que l’on a modifiée un peu pour mieux cibler son action », comme l’affirme la ministre, est au mieux l’indice d’une sérieuse méconnaissance de ces produits (car la majorité des pesticides sont à ce jour des molécules de synthèse), au pire, l’indice de la volonté de nier la dangerosité pourtant avérée de certaines de ces molécules. Dans les deux cas, cela est hautement problématique, et incompatible avec le devoir d’exemplarité d’une ministre de l’Agriculture.

Mais encore, il est inexact de dire que « tous les paramètres de santé sont contrôlés par des toxicologues ». En effet, le système actuel comporte de nombreuses lacunes, notamment au niveau des essais qui se basent sur des modèles simplifiés ne pouvant rendre compte de la complexité des systèmes naturels. La preuve en est, qu’après quelques années d’utilisation en conditions réelles, des effets indésirables sont observés sur la santé et/ou sur l’environnement, aboutissant à un retrait des autorisations délivrées (l’exemple du retrait récent du Flufénacet est démonstratif). Ces interdictions ou retraits n’empêchant d’ailleurs pas leurs effets néfastes de perdurer. Il en va ainsi de dizaines de pesticides ou de leurs produits de dégradation, toxiques et rémanents dans l’environnement, comme le DDT et autres organochlorés interdits depuis des années voire des décennies, que l’on retrouve sous forme de résidus dans nos aliments, nos eaux souterraines et finalement comme contaminants dans notre sang. Demain ce sera le cas des dérivés des pesticides PFAS.

La ministre semble ignorer les tenants et aboutissants de la procédure d’autorisation des produits phytopharmaceutiques (les « pesticides »), ce qui est inquiétant.

(…) la partie la plus problématique de l’enjeu des pesticides concerne notre santé, celui-ci devrait – c’est le bon sens même – être discuté avec scientifiques et médecins, mais il semble que la ministre préfère en discuter avec les entreprises phytopharmaceutiques et les producteurs de semences tout en continuant d’ignorer, comme ses prédécesseurs, les effets délétères massifs des pesticides sur la santé et la biodiversité.

Pourtant les données scientifiques ne cessent de s’accumuler et de renforcer le faisceau de preuves. Paradoxalement, les résultats des études commanditées par la Région Wallonne elle-même ces dernières années restent ignorés, les experts scientifiques inaudibles et les recommandations émises non suivies d’effet. Pour preuve l’AGW sur l’emploi des pesticides qui n’a pas été révisé suite aux études menées par l’ISSeP, le CRA-W et l’ULiège.

Nous sommes toutes et tous contaminés par les pesticides, y compris pendant des périodes de vie de haute vulnérabilité à leur toxicité. Femmes enceintes, bébés, enfants, adolescents. Personne n’y échappe. Les études de biomonitoring montrent que dans notre pays, les pesticides sont d’ailleurs parmi les polluants les plus retrouvés chez les enfants.

En Belgique, plus de 5.000 tonnes de substances actives pesticides sont épandues chaque année. Une grande part des substances autorisées en Belgique sont cancérigènes, toxiques pour la reproduction, toxiques pour les organes, irritantes pour la peau. De nombreuses substances actives ont des effets de perturbation endocrinienne. Une trentaine sont des PFAS. Sans oublier toutes les autres substances ajoutées à la molécule active, les co-formulants, dont plusieurs sont des biocides (métaux lourds, arsenic, hydrocarbures…).

L’impact des pesticides sur le déclin de la biodiversité et sur la santé humaine est considérable. Ce ne sont pas des opinions. Ce sont des faits scientifiques.

Nous ne pouvons accepter que la santé soit la variable d’ajustement des systèmes alimentaires industriels. Nous ne pouvons accepter que la santé soit la grande oubliée des discussions et des décisions prises en matière d’agriculture. Aujourd’hui, les externalités négatives du complexe agro-industriel sont assumées par la société, par nous toutes et tous. Les coûts en termes d’impact sur la santé sont colossaux. L’épidémie de maladies chroniques (cancers, maladies neurodégénératives…), outre toutes les souffrances qu’elle occasionne, ne fait qu’appauvrir la collectivité. Nous ne pouvons accepter que la santé soit sacrifiée sur l’autel de la prospérité de l’industrie agro-alimentaire et chimique.

 

Nous ajoutons :

L’évaluation des risques qui précède la mise sur le marché des pesticides n’est pas complètement maitrisée par les toxicologues et elle est tout à fait INSUFFISANTE :

  • l’étude de la toxicité à long terme n’est pas requise
  • les effets cumulatifs ne sont pas évalués
  • les co-formulants passent sous le radar
  • l’effet sur les bébés est mesurée en fixant son poids de référence à 9kg l’adolescent à 60 kg
  • les études épidémiologiques sont sous estimées ; seules les bonnes pratiques de laboratoire produites par l’industrie sont prises en compte et elles sont souvent illisibles pour les évaluateurs …
  • les métabolites – produits de dégradation des substances actives des pesticides – ne sont pris en compte que s’ils ont été jugés pertinents
  • la perturbation endocrinienne doit être évaluée depuis 2018 mais des dizaines de pesticides qui sont à l’étude sur ce critère continuent à être provisoirement autorisés en attendant les résultats de ces études …

Dans ces conditions, il est impossible d’affirmer qu’un pesticide autorisé est sans risque.

Il suffit d’un détour par la France pour comprendre la gravité du problème : certaines maladies comme certains cancers ou la maladie de Parkinson sont désormais reconnues comme maladies professionnelles chez les agriculteurs exposés aux pesticides.

Les pesticides ne sont pas une fatalité.

Les alternatives aux pesticides existent ; nos agriculteurs bio le prouvent tous les jours, depuis des décennies parfois! Chez Nature & Progrès, nous le démontrons à travers différentes actions et outils : venez à la rencontre de notre réseau de producteurs bio et locaux, à la découverte de la campagne Vers une Wallonie Sans Pesticides qui documente sur et avec les acteurs de terrain les pratiques alternatives aux pesticides culture par culture, regarder notre film-documentaire intensif ces agriculteurs alliés de la terre qui suit 3 parcours bio inspirant le temps d’une saison en grandes cultures bio, etc.

Aujourd’hui, nous ne pouvons plus rester silencieux. Alors que des auditions auront lieu les 24 juin et 8 juillet, nous voulons que la voix des citoyen·nes compte, aux côtés de celle des médecins, des chercheurs, des soignants.

Il faut du courage et de l’accompagnement des acteurs pour changer nos modèles de production, mais c’est nécessaire pour notre santé et celle de la terre !

 

[1] Pesticides : Professionnel.le.s de la santé et scientifiques, signez notre réponse à la ministre wallonne de l’Agriculture, Mme Dalcq. – Docteur Coquelicot

Le Ministre Frank Vandenbroucke est appelé à ne pas transiger sur ses responsabilités en matière de pesticides !

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21 mai 2025

Communiqué de presse

Des organisations dont des mutuelles de santé et de la  société civile comme Nature & Progrès, demandent au ministre de la santé Franck Vandenbroucke de faire entendre sa voix dans les décisions sur l’autorisation des pesticides, comme il en a la prérogative. Il s’agit d’un rôle qu’il a jusqu’ici abandonné.

Les pesticides ont un impact majeur sur la santé des citoyens et des agriculteurs. Des études scientifiques le confirment tous les jours, le doute n’est plus permis.  L’exposition provient principalement de l’alimentation, mais également des dérives de pesticides auprès des riverains, de la pollution de nos eaux, etc … Des liens ont été établis entre l’exposition aux pesticides et différents cancers (particulièrement lymphome non hodgkinien, myélome multiple, mélanome cutané, cancer des ovaires, du sein et de la prostate), les maladies respiratoires, les troubles neurodégénératifs (maladie de Parkinson), les troubles du développement et de la cognition, les troubles cardiovasculaires, l’infertilité et les malformations congénitales, l’intoxication aiguë, les troubles immunitaires ou les dommages causés au microbiome.

L’arrêté royal du 28 février 1994 relatif au stockage, à la mise sur le marché et à l’utilisation des pesticides à usage agricole prévoit que le ministre de la Santé dispose d’un droit de codécision en matière de pesticides. [1] Il s’agit précisément de veiller à ce que la réglementation européenne – qui place la protection de la santé humaine et de l’environnement au cœur de ses priorités, y compris dans le cadre de la production alimentaire – soit appliquée de manière cohérente et responsable. Ce droit de codécision a fait l’objet d’une transaction lors de la précédente législature, à la suite d’un protocole d’accord conclu entre les ministres de la Santé et de l’Agriculture.[2] Or, ces deux ministres sont toujours en fonction avec les mêmes attributions : la société civile s’oppose à ce qu’un tel protocole soit à nouveau signé par les ministres.

Aussi, la société civile belge, inquiète, se mobilise pour que le ministre Frank Vandenbroucke assume enfin pleinement et entièrement ses responsabilités en la matière au cours de cette législature et qu’il protège sa population.

Un précédent courrier d’organisations environnementales et de protection de la nature du 6 février 2025 est à ce jour resté sans réponse officielle. Une déclaration est publiée ce 21 mai 2025.[3]

 “ La question des pesticides dépasse de loin les pratiques agricoles et la protection des cultures. Les preuves scientifiques de leur toxicité pour notre santé, et celle des agriculteurs eux-mêmes, abondent. Ce n’est pas pour rien que depuis 1994, il est prévu que le ministre de la Santé dispose d’un pouvoir de co-décision en matière d’autorisation de mise sur le marché de ces produits. Cette compétence a été abandonnée lors de la précédente législature mais le ministre Vandenbroucke doit prendre ses responsabilités et exercer son pouvoir de co-décision en la matière. De surcroît, c’est tout à fait en phase avec la vision “One health” si chère à la Belgique.” note Virginie Pissoort de Nature & Progrès

[1] Arrêté royal du 28 février 1994 relatif à la conservation, à la mise sur le marché et à l’utilisation des pesticides à usage agricole, article 8.

[2] Protocole entre le ministre des Affaires Sociales et de la Santé Publique et le Ministre des Classes Moyennes, des Indépendants, des PME et de l’Agriculture du 20 octobre 2020

[3]  https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/05/Les-organisations-de-sante-et-environnementales-demandent-au-ministre-Vandenbroucke-de-faire-entendre-sa-voix-dans-les-decisions-sur-les-pesticides.pdf

Les éclaireurs invisibles : Éclairage 6

 Réduire l’utilisation des pesticides (le PLI avec SYTRA)

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Aujourd’hui nous recevons Noé Vandevoorde, agroécologue menant un doctorat au sein de l’équipe Sytra.  Sa thèse porte sur la réalisation d’un état des lieux de l’utilisation des pesticides et des pollutions associées, ainsi que sur l’étude de trajectoires vers une utilisation pour se passer des pesticides en Province de Luxembourg.

 

SYTRA en quelques mots

SYTRA est un centre de recherches et d’études stratégiques qui porte sur la compréhension les systèmes agroalimentaires ainsi que l’analyse des dynamiques de transition.
 
Leurs travaux de recherche s’appuient sur trois parti-pris :
– L’intégration des dimensions environnementales et sociales aux enjeux productifs de l’agriculture.
– L’adoption de l’interdisciplinarité pour aborder la complexité des enjeux.
– La prise en compte de la multiplicité des échelles des transitions.

Les éclaireurs invisibles en quelques mots

« Les éclaireurs invisibles » c’est LE podcast Nature & Progrès qui incarne le changement. Associations, agriculteurs, chercheurs, notre ambition est de révéler les acteurs dans une réalité positive pour susciter un basculement de société.

 

Si cet épisode vous a plu, et que vous voulez en savoir encore plus sur les différentes thématiques abordées, nous vous invitons à consulter les ressources complémentaires ci-dessous.

 

Ressources complémentaires :

 

Augmentation alarmante de la présence du TFA dans les vins européens

De nouvelles données révélant une augmentation dramatique des niveaux de l’acide trifluoroacétique (TFA) dans l’environnement ont été publiées aujourd’hui par Nature & Progrès et le réseau PAN Europe dans son rapport « Message from the Bottle – The Rapid Rise of TFA Contamination Across the EU ».  [1]

Le TFA est le produit final non dégradable de la décomposition d’autres composés PFAS, tels que ceux utilisés dans les technologies de réfrigération ou comme substances actives dans les pesticides. Après avoir analysé la présence de TFA dans les eaux, le réseau européen PAN Europe s’est penché sur le vin, un produit agricole, connu pour être gourmand en pesticides.

« Nous avons analysé 10 vins anciens et 39 vins récents provenant de 10 pays européens. Le TFA a été détecté dans tous les vins récents, avec une concentration environ 100 fois plus élevée que les niveaux moyens – déjà élevés – mesurés dans nos études de l’année passée sur  les eaux de surface et les eaux potables.  En revanche, le TFA n’a pas été détecté dans les vieux vins récoltés avant 1988 … » annonce Virginie Pissoort, responsable du dossier « Pesticides » chez Nature & Progrès

Des analyses parallèles des pesticides sur les mêmes échantillons ont révélé la présence de résidus de 8 pesticides et de métabolites de pesticides dans 94 % des vins produits de manière conventionnelle. Au total, 18 pesticides étaient détectables dans toutes les bouteilles, dont deux fongicides PFAS bien connus en Belgique, le fluopyram et le fluopicolide. La concentration médiane de TFA dans les vins analysés était de 110 µg/L avec des pics allant jusqu’à 320 µg/L. Les vins situés dans la moitié supérieure de la fourchette de concentration de TFA (moyenne : 176 µg/l) présentaient, en moyenne, une charge en pesticides deux fois supérieure à celle des vins situés dans la moitié inférieure (moyenne : 58 µg/l).

Pour Helmut Burtscher-Schaden, chimiste de l’environnement à GLOBAL 2000 et initiateur de cette étude :

« Ces résultats sont alarmants à deux égards. Le premier est la forte concentration détectée, qui indique une bioaccumulation massive de TFA dans les plantes : Il est probable que nous ingérions beaucoup plus de TFA par le biais de notre alimentation que ce que l’on pensait jusqu’à présent. Ce que notre étude révèle d’encore plus inquiétant, c’est la forte augmentation de la contamination depuis 2010. »

La confirmation de la forte augmentation des niveaux de TFA provient également d’une comparaison avec les données officielles de l’UE collectées par le laboratoire de référence de l’UE CVUA Stuttgart. Une étude officielle de 2017, réalisée pour le compte de la Commission européenne, reste à ce jour la seule enquête officielle sur le TFA dans les aliments. À l’époque, 27 vins européens présentaient une concentration médiane de 50 µg/l, avec une valeur maximale de 120 µg/l. En revanche, notre nouvelle enquête de 2025 fait état d’une médiane de 110 µg/l, avec des pics de 320 µg/l.

« Ces résultats doivent être prises au sérieux par les autorités, et ne pas rester des bouteilles jetées à la mer. Les substances qui libèrent du TFA dans l’environnement doivent être retirées du marché sans délai. Cela doit commencer par une interdiction immédiate de tous les pesticides PFAS – une source directe et facilement évitable de pollution par le TFA car des alternatives existent- ainsi qu’une interdiction des gaz F. » souligne Pour Virginie Pissoort de Nature & Progrès

Sa collègue du réseau européen, Salomé Roynel ajoute :

« À la mi-mai, les États membres de l’UE seront invités à voter sur la proposition de la Commission visant à interdire le flutolanil, un pesticide à base de PFAS qui émet des TFA. Nous espérons qu’ils comprendront qu’il s’agit d’un moment décisif pour l’avenir de notre eau, de notre alimentation et, en fin de compte, de notre santé, et qu’ils voteront en faveur de l’interdiction de ce pesticide ».

Contexte sur les pesticides PFAS et la pollution au TFA

Le Site Nature et Progrès revient sur la pollution aux pesticides PFAS et au TFA et sur les risques pour la santé et l’environnement de cette contamination sans précédent. En bref, on notera ceci :

Du point de vue des causes, en ce qui concerne la contamination des eaux souterraines, il faut noter qu’une étude de l’Agence allemande de l’environnement, a considéré que les pesticides PFAS utilisés en agriculture représentaient en milieu rural, une part annuelle potentielle de 76 %, suivis par les émissions de TFA provenant de la pluie (provenant principalement des gaz fluorés utilisés dans les systèmes de refroidissement) à hauteur de 17 %, et par les stations d’épuration des eaux usées et le fumier à hauteur de 3 % chacun.

D’un point de vue toxicologique, le TFA a longtemps été considéré comme largement inoffensif, en particulier par les fabricants de PFAS. Toutefois, une étude réalisée en 2021 sur le TFA à la demande des fabricants de pesticides dans le cadre du règlement REACH sur les produits chimiques a révélé de graves malformations chez les fœtus de lapins. Depuis lors, le TFA est soupçonné de présenter un risque pour la santé reproductive humaine et a fait l’objet d’une demande de classification, comme reprotoxique de catégorie 1B par l’Allemagne.

Notre étude qui a consisté à tester des vins d’Autriche, de Belgique (un vin de Flandre et un de Wallonie), de Croatie, de France, d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, du Luxembourg et d’Espagne, a été menée en collaboration avec les membres et les partenaires de PAN Europe : Autriche (GLOBAL 2000), Belgique (Nature & Progrès et Bond Beter Leefmilieu), Croatie (Earth Trek), France (Générations Futures), Allemagne (PAN Germany), Grèce (Ecocity), Hongrie (MTVSZ/Friends of the Earth Hungary), Luxembourg (Mouvement Écologique), Espagne (Ecologistas en Acción), et Suède (Naturskyddsföreningen).

 

[1] En français : « Message de la bouteille – Augmentation rapide de la contamination par le TFA dans l’UE ». Pour l’étude en version originale en anglais https://www.pan-europe.info/message-in-a-bottle

APPEL A MOBILISATION – Rejoignez-nous !

Dérégulation des nouveaux OGM.
L’Europe entre dans la phase finale des négociations (#trilogue).

La société civile belge et européenne organise ce lundi 7 avril à 17h, une action devant le Parlement européen.

  • La proposition de la Commission européenne de laisser les nouveaux OGM envahir nos champs et nos assiettes est dangereuse pour les consommateurs, les producteurs et l’environnement.
  • La position du Conseil européen n’est pas meilleure.
  • La position adoptée par le parlement européen apporte quelques améliorations, certes encore loin de ce que nous préconisons mais qui doivent à tout prix être sauvegardée dans la position finale (étiquetage et traçabilité des NTG tout au long de la chaine, interdiction de brevetage, … )

Ce lundi 7 avril, nous rappellerons aux parlementaires européens qu’il est crucial qu’ils ne transigent pas sur leur position  

Rejoins-nous !

Plus d’info ici,
contact : virginie.pissoort@natpro.be

Vente de pesticides PFAS en Belgique : L’administration révèle des chiffres en nette augmentation.

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20 mars 2025

Communiqué de presse

La semaine pour « les Alternatives aux Pesticides », du 20 au 30 mars, nous rappelle pourtant que les pesticides ne sont pas une fatalité.

Pour les 31 substances actives PFAS commercialisées en Belgique, les années 2022 et 2023 affichent une augmentation globale des ventes de plus de 20 % par rapport à 2021.[1] Malgré un consensus sur l’objectif de réduction de l’usage des pesticides chimiques et l’existence d’alternatives, particulièrement mises en avant à l’occasion de la Semaine pour « les Alternatives aux pesticides » du 20 au 30 mars, l’usage de pesticides PFAS, persistants pour notre environnement et risqués pour notre santé, continue de se répandre.

Initiée en France en 2006, la Semaine pour les Alternatives aux Pesticides a lieu chaque année du 20 au 30 mars.[2]. Ces dates sont symboliques, car elles correspondent aux dix premiers jours du printemps, marquant le retour des oiseaux et du beau temps, mais aussi celui des épandages dans les champs. En Belgique aussi, cette période est une occasion de montrer et de démontrer que les pesticides ne sont pas une fatalité et qu’il est possible de s’en passer. Nature & Progrès et ses membres – agriculteurs et agricultrices, consommateurs et consommatrices – l’ont bien compris et s’emploient depuis des décennies à prouver la réalité et la faisabilité d’une agriculture sans pesticides de synthèse, notamment à travers : le projet « Vers une Wallonie sans pesticides »[3], le film « intensif, ces agriculteurs, alliés de la terre »[4], le podcast « Les éclaireurs invisibles »[5], etc.

Mais les freins à l’essor de ces alternatives sont nombreux et, in fine, davantage politiques ou réglementaires que véritablement techniques ou agronomiques. Parmi les principaux obstacles figure l’autorisation et la commercialisation des produits phytopharmaceutiques (PPP). Parmi ces PPP, les pesticides PFAS ont pénétré le marché depuis le début du XXIᵉ siècle. Présentant des propriétés hydrophobes (hydrofuges) et lipophobes (répulsives aux graisses), ces herbicides, insecticides et fongicides bénéficient d’une stabilité renforcée, ce qui leur a permis de gravir les échelons dans l’arsenal des intrants chimiques à disposition du monde agricole.

Alors que, dans notre première étude exploratoire sur les pesticides PFAS en 2023, intitulée « Récolte toxique »[6], nous relevions une augmentation de 20 % des ventes de pesticides PFAS en une dizaine d’années, avec plus de 220 tonnes de substances actives vendues en 2021, les chiffres récemment révélés par l’administration pour les années 2022 et 2023 font état de plus de 270 tonnes en 2022. Cela représente une hausse de plus de 22 % en une seule année, tendance qui s’est maintenue en 2023.

« Depuis 15 ans, la Belgique met en place des plans de réduction de l’utilisation des pesticides (NAPAN, PWRP, etc.)[7]. Malgré cela, les ventes des produits les plus persistants dans l’environnement continuent d’augmenter. C’est aberrant ! La Belgique doit faire preuve de plus d’ambition et placer en priorité la protection de la santé et de l’environnement !»  souligne Virginie Pissoort, responsable plaidoyer chez Nature & Progrès.

La grande majorité des pesticides PFAS (c’est-à-dire les pesticides contenant au moins un atome de carbone entièrement fluoré), et probablement tous, se décomposeraient en TFA (acide trifluoroacétique). Les taux de contamination de notre environnement par le TFA, en particulier ceux de nos eaux, ne cessent d’augmenter. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’à ce jour, il n’existe aucune certitude quant à son élimination.[8] Au mieux, le TFA présent dans l’eau pourrait être neutralisé par osmose inverse, un procédé extrêmement coûteux, rendant sa généralisation peu envisageable.

Quant aux effets des pesticides PFAS et de leur métabolite commun, le TFA, sur la santé[9], ils restent mal connus et ont fait l’objet de trop peu d’investigations jusqu’à présent. Cependant, les études existantes suggèrent des risques similaires à ceux des PFAS à chaîne longue, notamment des perturbations endocriniennes, une reprotoxicité, des lésions hépatiques ou encore des maladies thyroïdiennes. D’ailleurs, les pesticides PFAS les plus commercialisés sont classés parmi les Candidats à la Substitution, une catégorie regroupant des pesticides reconnus pour leur haute toxicité.

Nature & Progrès ne peut que dénoncer la hausse continue de l’utilisation des pesticides PFAS. Il est donc urgent de stopper en amont leur vente et leur utilisation, et de mettre enfin les alternatives aux pesticides de synthèse au premier plan.

« La plupart des agriculteurs sont pris dans un entonnoir, un système de dépendance aux intrants chimiques en amont et de circuits de commercialisation qui leur échappent en aval. Les pouvoirs publics doivent encourager les pratiques agricoles sans produits chimiques, développer les filières, garantir un marché et mettre les agriculteurs en confiance afin qu’ils puissent s’affranchir des pesticides. Il en va de notre santé, de la leur, et de notre environnement aussi. » conclut Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer pour Nature & Progrès

[1] Données de vente | Phytoweb

[2] Semaine pour les alternatives aux pesticides – Du 20 au 30 mars 2025

[3] Wallonie sans pesticides – Nature & Progrès

[4] Intensifs, ces agriculteurs alliés de la terre : un documentaire à voir en exclusivité sur Auvio – Auvio

[5] Podcast – Nature & Progrès

[6] recolte-toxique-pfas-etude.pdf

[7] NAPAN, Nationale Actie Plan Action National Nationaal Actie Plan d’Action National (NAPAN) | Phytoweb, PWRP, Programme wallon de réduction des pesticides, Programme Wallon de Réduction des Pesticides | Région Wallonne

[8] Nature & Progrès réagit aux nouvelles informations sur la présence du TFA dans l’eau potable en Wallonie – Nature & Progrès

[9] https://www.natpro.be/wp-content/uploads/2025/01/3.-SSMG-Impacts_PesticidesPFAS_Sante.pdf

Pour la première fois, la Belgique dit officiellement « Oui » aux nouveaux OGM

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14 mars 2024

Communiqué de presse

Ce vendredi 14 mars, les Etats membres se sont réunis sous la présidence polonaise pour voter sur sa dernière proposition de dérégulation des nouveaux OGM. C’est une majorité favorable qui s’est dégagée entre autres « grâce » à la Belgique, laquelle jusqu’ici s’était toujours « abstenue » sur ce dossier.

Faute de consensus sous la législature précédente, c’était jusqu’ici l’abstention qui prévalait en Belgique sur ce dossier délicat, mais les nouvelles coalitions gouvernementales et régionales ont rebattu les cartes et c’est un « oui » qui l’a emporté ce vendredi, en Comité des représentants permanents (COREPER). [1]Un « oui » lourd de conséquence puisque la majorité qualifiée au niveau du Conseil européen était sur le fil et que la Belgique allait peser dans la balance.

« Nous savions la partie risquée. L’accord de coalition fédérale de l’ARIZONA se positionne clairement en faveur des NTG, même s’il tempère en introduisant une condition de durabilité. Les positions étaient moins claires du côté des régions, qui ont également leur mot à dire sur ce dossier. Si la région flamande, fleuron des biotechnologies, était plutôt favorable au déploiement des NTG, l’accord du gouvernement wallon ne contenait rien sur les NTG. Nous avons sans relâche sensibilisé les responsables politiques aux enjeux et aux risques de ce projet de dérégulation pour la société et l’environnement, mais d’autres intérêts semblent l’avoir emporté. » précise Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature & Progrès.

Historiquement, la Belgique a été un acteur majeur pour faire primer la protection de la santé et de l’environnement dans les négociations de la directive sur les OGM 2001 au niveau européen, et par la suite dans la mise en œuvre de cette directive, avec la mise en place de règles de co-existence efficaces particulièrement en Wallonie. Mais, aujourd’hui, la Belgique donne une tout autre image de ses priorités et de ses intérêts. Et, à travers ce « oui » c’est encore une fois la protection de l’environnement et de la santé publique qui sont laissées pour compte.

Le texte ne comprend aucune évaluation des risques de la grande majorité des NTG qui seront mis sur le marché (les NTG1), pas d’obligation d’étiquetage, ni de traçabilité de ces mêmes produits, pas de garantie d’absence de NTG dans la filière biologique puisque ces derniers sont « anonymes », etc  La dérégulation des NTG risque par ailleurs d’accroitre encore la dépendance des agriculteurs.rices aux firmes céréalières. Autant de dérives que Nature & Progrès dénonce depuis que ce projet de dérégulation est né. [2]

« Les lacunes du texte actuel, qu’il s’agisse de protection des consommateurs, des agriculteurs, de l’environnement ou de la santé, sont abyssales. Alors qu’il existe des normes claires qui n’interdisent pas la mise sur le marché des nouvelles techniques génomiques mais qui les règlementent, l’Europe veut leur donner un chèque en blanc à ces technologies, sous prétexte de répondre aux défis agricoles et alimentaires du XXI et de rester dans la course avec les autres puissances agricoles de la planète. Et, la Belgique embraye. C’est consternant et fait courir un risque énorme, alors que l’agriculture biologique offre des garanties de résilience et de durabilité éprouvées. » déplore Virginie Pissoort, responsable de plaidoyer chez Nature & Progrès.

Conformément à la procédure européenne, avec le vote de ce jour, le mandat est donné au Conseil pour les négociations en trilogue. Le Parlement européen, la Commission et le Conseil qui ensemble devront accoucher d’un texte final soumis au vote des parlementaires européens et des Etats membres.

Les Etats non favorables au texte voté ce 14 mars sont la Bulgarie, l’Autriche, la Croatie, l’Allemagne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie. La Belgique a basculé dans l’autre camp. De source sure, on apprend que la Slovénie, la Hongrie et la Belgique aurait émis des « Statements » avec des points d’attention pour les futures négociations. Un jeu risqué, au vu des forces en présences, … et qui risquent d’être bien insuffisantes pour faire progresser le texte adopté.

Le proverbe « Un tien vaut mieux que deux tu l’auras » ne doit pas être étranger à la sphère des négociations politiques. Dès lors, un « non faute de conditions réunies … » eut sans doute mieux valu, qu’un « oui mais à condition que plus tard  … »

[1] New genomic techniques: Council agrees negotiating mandate – Consilium

[2] Nouveaux OGM – Nature & Progrès

L’Europe vote enfin l’interdiction d’un pesticide PFAS : le Flufenacet sur la touche. Un pas dans la bonne direction.

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13 mars 2025

Communiqué de presse

Ces 11 et 12 mars, les Etats membres de l’Union européenne se sont réunis et ont voté l’interdiction du Flufénacet, un pesticide PFAS, largement utilisé depuis 2004 en Belgique et en Europe qui se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA) et qui a récemment été reconnu comme « perturbateur endocrinien ». Les Etats membres ont pris leur responsabilité en décidant l’interdiction de cette substance. L’interdiction du flutolanil, également sur la table, n’a malheureusement pas recueilli la même majorité.

Parce que c’est un perturbateur endocrinien reconnu comme tel par l’EFSA depuis l’été 2024, et qu’il se dégrade en acide trifluoroacétique (TFA) dans des proportions inquiétantes pour la préservation de nos ressources en eau, l’herbicide flufénacet vient d’être interdit en Europe. Ce vote des Etats membres[1] , attendu déjà en décembre 2024, mais postposé pour des raisons de formalité administrative, est une décision dont on peut se réjouir.

« C’est une belle victoire pour la protection de la santé et de l’environnement, nos ressources en eau en particulier.  Nous savons que la Belgique a soutenu cette interdiction et nous nous en félicitons même s’il eut été difficilement admissible d’en décider autrement. Le caractère de « perturbateur endocrinien est ce qu’on appelle un critère cut-off, qui ne laisse aucune latitude ou marge d’appréciation. C’est un signal aussi et nous l’espérons un premier domino qui tombe … » déclare Virginie Pissoort, responsable plaidoyer chez Nature & Progrès.

Il est reconnu que les PFAS à chaîne longue sont des perturbateurs endocriniens.  . Leur toxicité est, au mieux, modérée.[2] Aucune étude ne permettait de croire que les PFAS à chaîne courte (-CF3), qui constituent les 33 autres substances actives pesticides PFAS encore approuvées en Europe, y échappent. L’étude du caractère de « perturbation endocrinienne » des pesticides n’est à proprement parler obligatoire dans le cadre de la réglementation européenne sur les produits phytopharmaceutiques, que depuis 2018. Plusieurs substances actives sont à ce jour à l’étude et cela peut prendre des années. Pour le flufenacet, il est aujourd’hui avéré que c’est un perturbateur endocrinien. Demain très probablement également de nouvelles analyses aboutiront aux mêmes conclusions pour les autres pesticides PFAS pulvérisés sur nos champs et nos aliments.

Par ailleurs, la dégradation des pesticides PFAS en acide trifluoroacétique est une autre raison de mettre fin à ces substances. Les taux de contamination des eaux sont extrêmement préoccupants. Les rapports de PAN Europe et de ses membres, dont Nature et Progrès en 2024, l’ont révélé.[3]

Le fultolanil, un fongicide, largement utilisé en pommes de terre était également sur la table des Etats membres à cette réunion, précisément pour sa dégradation reconnue en acide trifluoroacétique. Malheureusement, l’interdiction proposée par la Commission n’a pas reçu l’adhésion des Etats Membres. La position de la Belgique sur ce dossier ne nous a pas été révélée.

D’ores et déjà, la sortie du flufénacet n’est pas sans importance pour l’agriculture et les agriculteurs. En Belgique, pas moins de 78.000 kilos de flufénacet étaient encore été commercialisé en 2023 (dernière donnée connue) et ce chiffre représente une hausse de 20% en une dizaine d’années. En France, Bayer aurait déjà annoncé de nouveaux herbicides, à base entre autres de dilfufenican, un autre herbicide PFAS.[4] Ceci n’est pas la solution, et démontre bien que l’approche substance par substance dans le cadre de la réglementation sur les pesticides est insatisfaisante à protéger notre santé et notre environnement.

« Face à la créativité et les innovations de l’industrie, Nature & Progrès préconise une interdiction généralisée de tous les pesticides PFAS, parce qu’ils sont toxiques pour notre environnement et plus que probablement pour notre santé, ces substances doivent être interdites dans les meilleurs délais. En juillet dernier, une proposition de loi interdisant la mise sur les marché et l’exportation des pesticides PFAS avait été déposée à la Chambre.[5] Nous ne pouvons que soutenir cette proposition, aujourd’hui dans les tiroirs. »

L’agriculture belge doit se tourner vers des solutions alternatives qui protègent réellement et durablement l’environnement, la santé et les agriculteurs. L’agriculture sans polluants chimiques doit devenir une priorité dans le cadre de toutes les politiques publiques concernées. Les alternatives aux pesticides chimiques de synthèse existent, nos agriculteurs bio le prouvent tous les jours.[6]

 

[1] cdf19932-5774-4925-a901-4d1134bf6f07_en

[2] Mokra, K. (2021), Endocrine disruptor potential of short-and longchain perfluoroalkyl substances (PFASs). A synthesis of current knowledge with proposal of molecular mechanism. International Journal of Molecular Sciences, 22(4), 2148.

[3] PFAS – Nature & Progrès

[4] Un nouvel herbicide céréales pour l’automne 2026

[5] La Chambre des représentants de Belgique

[6] https://www.natpro.be/wallonie-sans-pesticides/