Visuel abeilles

Dans le cadre d’une discussion traînant depuis 2013, la Belgique soutient une mortalité acceptable de 23% des abeilles, suite à une exposition aux pesticides. Par comparaison, la Suède, la France ou les Pays-Bas soutiennent un maximum de 7% acceptable. Le Ministre Clarinval place notre pays du côté des pays pro-pesticides, aux côtés de l’Espagne, de la Grèce ou encore de la Hongrie.

 

Depuis 2013, la Commission européenne essaie de se mettre d’accord avec les Etats membres afin de moderniser le système d’autorisation des pesticides. En effet, le système toujours en place date de 2002 et a été co-écrit par l’industrie des pesticides, ce qui a permis à des pesticides hautement toxiques pour les abeilles, comme les néonicotinoïdes, d’être pulvérisés dans notre environnement. En 2013, une mortalité des abeilles jugée “acceptable” de 7% avait été déterminée par les experts mais attendait depuis d’être validée au niveau politique, suite à un lobbying intense du lobby agro-chimique.

Afin de tenter de débloquer la situation, la Commission européenne a finalement décidé de ré-ouvrir les discussions sur le niveau acceptable de mortalité. Pour ce faire, elle a mandaté l’agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) de travailler sur une nouvelle approche. Pour ce faire, l’EFSA a proposé plusieurs approches aux Etats membres dont une qui utillise un modèle mathématique co-produit par l’industrie des pesticides (Syngenta) et fortement promue par le lobby des pesticides. Une majorité des Etats membres, dont la Belgique, a soutenu l’utilisation de ce modèle, lors de discussions secrètes et sans débat scientifique et démocratique. Les Etats membres ont ensuite été invités à décider ce qu’il faut considérer comme un niveau acceptable de mortalité. Notre Ministre fédéral de l’Agriculture, David Clarinval, soutient, devant le parlement fédéral, une mortalité acceptable de 23% alors que les Pays-Bas, la France et la Suède soutiennent 7%.

La Belgique, mauvais élève en matière de pesticides

Martin Dermine, coordinateur de projet chez PAN Europe a déclaré : « Les scientifiques indépendants sont critiques quant à l’utilisation de ce modèle de la firme Syngenta mais nos autorités n’en ont que faire. Maintenant, le Ministre Clarinval nous met du côté des pays voyoux d’Europe en matière de pesticides : Espagne, Grèce, Hongrie, qui militent en faveur d’une protection minimale de l’environnement et d’autoriser d’un maximum de pesticides ».

Marc Fichers, secrétaire général de Nature & Progrès Belgique d’ajouter : « Encore une fois, en lieu et place de supprimer les pesticides nocifs pour les abeilles, on minimise leur impact en relevant les normes. C’est une honte ! Les populations d’insectes et en l’occurrence les abeilles sont dans un état lamentable, rien ne justifie de continuer à détruire notre environnement ! ».

Martin Dermine conclut : « Le Ministre Clarinval, dans sa réponse parlementaire, se cache derrière l’EFSA en prétendant que le chiffre est scientifique alors qu’il est éminemment politique : quel niveau de protection donnons-nous à nos pollinisateurs ? Le Ministre a décidé de soutenir plus de pesticides toxiques dans notre environnement et moins d’abeilles ! ».

Les Etats membres de l’Union européenne sont invités à tenter de se mettre d’accord sur une mortalité acceptable lors du prochain Conseil européen des Ministres de l’Agriculture les 28-29 juin 2021.

La Belgique est un des plus gros consommateurs de pesticides et, contrairement à d’autres pays tels que le Luxembourg ou les pays scandinaves, les pesticides les plus toxiques de l’Union européenne y sont autorisés. De plus, la Belgique recourt énormément au système de dérogations, permettant d’utiliser des pesticides hautement toxiques et interdits par l’Union européenne, par exemple les néonicotinoïdes ou le mancozèbe (toxique pour la reproduction et interdit en Europe).

Sauvons les abeilles et les agriculteurs

Nature & Progrès et PAN Europe font partie d’une coalition de plus de 200 organisations qui soutiennent l’initiative citoyenne européenne Sauvons les abeilles et les agriculteurs. Cette initiative a déjà récolté plus de 600 000 signatures à travers l’Union européenne et la Belgique est proportionnellement le 2e pays en termes de signatures. Cette initiative demande une agriculture favorable aux abeilles en réalisant une transition sur 15 ans pour substituer les pesticides de synthèse par les alternatives existantes. »

 

Marc Fichers
Secrétaire général, Nature & Progrès
marc.fichers@natpro.be
www.natpro.be

Martin Dermine
Environment and health policy officer, PAN Europe
martin@pan-europe.info
www.pan-europe.info