glyphosate

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Le 14 octobre 2022, la Belgique a participé aux discussions européennes sur la prolongation de l’autorisation du glyphosate pour une année supplémentaire. Faute de la majorité nécessaire, la décision a été reportée. Mais l’on sait que la Belgique a voté pour la prolongation, ce qui choque Nature & Progrès ! Un second vote a lieu ce mardi 15 novembre. La Belgique restera-t-elle sur sa position sachant que le glyphosate a été classé comme « cancérigène probable » par l’Organisation mondiale de la Santé ? Faut-il d’autres preuves ? De nombreuses études récentes prouvent la toxicité de ce poison.

En juin 2022, un rapport de l’Health and Environment Alliance (HEAL) a révélé que l’évaluation de l’UE sur le glyphosate rejetait toute preuve scientifique liant ce pesticide au cancer. Des études fournies par l’industrie des pesticides elle-même soutiennent clairement une classification du glyphosate comme « cancérogène probable ». Mais malgré toutes les preuves scientifiques, les autorités de l’UE n’ont jusqu’à présent pas réussi à classer le pesticide de synthèse le plus utilisé au monde.

La situation en Belgique

En 2017, au moment du renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour une période de 5 ans, notre ancien Ministre fédéral de l’Agriculture Denis Ducarme avait voté « contre » et plaidé pour un « phasing out ». Il avait justifié sa décision par le fait que ce temps allait être mis à profit dans le développement des alternatives. Cette période arrivant aujourd’hui à échéance, il est normal que la Belgique s’oppose à la prolongation de l’autorisation du Glyphosate.

Le vote de cette semaine concerne la prolongation de l’autorisation actuelle pour un an dans l’attente d’une décision sur sa ré-autorisation dépendante des résultats de l’évaluation scientifique toujours en cours. Prolonger l’autorisation du glyphosate jusqu’à fin 2023 serait une très mauvaise nouvelle pour la nature et la santé.

Le Ministre fédéral de l’Agriculture David Clarinval ne peut décider seul du sort du glyphosate en Belgique. Interrogé après le premier vote par des députées de la Chambre, le Ministre avait annoncé avoir respecté le protocole entre lui et le Ministre fédéral de la Santé. Nature & Progrès avait alors adressé des courriers aux autres Ministres compétents au niveau fédéral et wallon pour les informer de la prise de position du Ministre sans concertation préalable.

Le Glyphosate est déjà interdit pour usage personnel

Marc Fichers, secrétaire général de Nature & Progrès : « Preuves scientifiques et alternatives sont déjà disponibles pour interdire cet herbicide. Monsieur le Ministre David Clarinval, où en est la Belgique dans l’élimination progressive du glyphosate en agriculture promise en 2017 ? ».

En plus des risques pour la santé, les concentrations de glyphosate dans l’environnement endommagent les écosystèmes aquatiques, le microbiote du sol, les vers de terre et même les abeilles. A quand la sortie définitive du glyphosate en Belgique ? Pour rappel, il est déjà interdit pour les particuliers. Son usage est limité aux professionnels.

Les alternatives existent et fonctionnent !

Si Nature & Progrès plaide tant pour une Wallonie délivrée des pesticides, c’est parce que les alternatives existent. Les agriculteurs bio le prouvent au quotidien !

En Bio, la lutte non chimique, sans glyphosate ou autre herbicide, contre les plantes indésirables repose sur différentes méthodes préventives et communes à tout type de culture. Leur combinaison permet d’optimiser la résilience des cultures face aux adventices pour éviter le recours au désherbage, qu’il soit mécanique ou chimique. Les gestion des « mauvaises herbes » est l’une des préoccupations principales des agriculteurs en Bio même si le seuil de tolérance aux adventices est plus élevé qu’en agriculture conventionnelle. Un certain niveau de présence d’adventices peut même être bénéfique (augmentation de la biodiversité, support pour le développement de la faune auxiliaire, etc).

Nature & Progrès demande au gouvernement fédéral de tenir ses engagements, conformément à l’accord de gouvernement, et d’adopter une position cohérente et ambitieuse en soutenant activement l’interdiction du glyphosate en Belgique et dans le reste de l’Europe.